L'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou a consacré, lundi, une
session extraordinaire sur la situation qui prévaut à l'université
Mouloud-Mammeri (UMMTO) confrontée à de nombreux problèmes d'ordre pédagogique
et social. Les élus, le président de l'APW, le wali et le recteur étaient
unanimes à relever de graves dysfonctionnements au sein de cette institution
engendrant ainsi des perturbations sérieuses sur le déroulement des
enseignements au profit de quelque 55.000 étudiants.
Des visites des membres de la commission éducation,
enseignement supérieur et formation professionnelle, il ressort que les
dégradations touchent tous les volets liés à l'activité pédagogique et à la vie
dans les cités universitaires. Les campus et les cités U existantes connaissent
de graves dégradations. Dans les réfectoires, les conditions d'hygiène sont
déplorables et constituent des menaces sur la vie de l'étudiant. Les conditions
d'accueil des étudiants dans les salles de cours ou les amphis ne sont pas en
reste de cette dégradation généralisée. Les projets de réalisation de nouvelles
cités U ou encore de nouvelles places pédagogiques patinent, accusant un énorme
retard à tel point que certains programmes datent du quinquennat 2005-2009.
Même état des lieux pour les opérations de rénovation des campus et cités U. Le
rapport en question est conclu par une série de recommandations dont celle de
prévoir carrément deux nouveaux véritables pôles universitaires pour mettre fin
au replâtrage des anciennes structures. Même le recteur, le professeur Arezki Deridj, a tiré la sonnette d'alarme en avertissant que la
prochaine rentrée risque de ne pas avoir lieu si le projet de 7.000 places
pédagogiques n'est pas achevé avant la fin de l'été. Le même responsable met en
avant le morcellement de l'université pour expliquer la difficulté de gérer les
affaires de l'UMMTO, préconisant la mobilisation de tous pour venir à la
rescousse de cette institution. Les trois directeurs des entités locales des
œuvres universitaires n'ont pas été précis dans leur présentation de situations
au niveau des cités qu'ils coiffent -comme a tenu à le souligner le président
de l'APW Mohamed Klaleche- en ne fournissant aucun
chiffre sur les budgets alloués à leurs directions. Ils se sont limités à dresser
le nombre de repas servis et celui des étudiants transportés. Le directeur de
wilaya des équipements publics a fait un état de l'avancement de nombreux
projets en cours pour combler le déficit en places pédagogiques et en lits avec
des retards considérables nécessitant une forte mobilisation de moyens pour
espérer les rattraper. De nombreux élus, qui ont tour à tour pris la parole,
ont dressé un état des lieux des plus catastrophiques lançant de graves
accusations à l'encontre des gestionnaires de l'université, tenus pour
responsables de la situation qui y prévaut. Ils se sont, également, interrogés
quant au silence de la tutelle face à ces dysfonctionnements. Très attendu, le
wali de Tizi Ouzou a, dans
son intervention, dressé un tableau noir sur l'état des lieux dans les campus
et les cités U. Brahim Merrad a reconnu que «c'est
vrai que l'université Mouloud-Mammeri souffre de contraintes liées à la
pédagogie, le manque d'infrastructures et de moyens de prise en charge au
niveau des résidences». Et de relever qu'il faudra aussi «admettre que
certaines parties font dans la manipulation et font en sorte de maintenir le
chaos pour servir leurs propres intérêts». Pour lui, cette situation actuelle
dramatique dans les différents campus résulte des problèmes liés principalement
«à la gestion et à la manipulation». Néanmoins, il a pris l'engagement devant
les élus de tout entreprendre pour améliorer les choses et assurer une
prochaine rentrée «acceptable». Brahim Merrad a, à ce
propos, indiqué qu'une commission mixte est chargée actuellement de suivre
quotidiennement l'état d'avancement des chantiers portant réalisation des 7.000
places pédagogiques censées renforcer les capacités d'accueil à la rentrée de
septembre prochain.