La récente instruction du ministre de l'Intérieur et
des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, aux
premiers responsables des wilayas côtières à l'occasion de la prochaine saison
estivale de surseoir à toute procédure de concession de plages à des opérateurs
privés ne peut que réjouir les milliers d'estivants qui fréquentent les plages.
« Il vous est demandé de surseoir à toute procédure de concession de plages ou
de portions de plages à des opérateurs privés, hormis celles accordées aux
établissements hôteliers et complexes touristiques sur une superficie
correspondant à celui de l'exploitation de l'établissement », lit-on dans cette
instruction du ministre adressée aux walis des 14 wilayas côtières, relative au
déroulement de la saison estivale 2016. Il faut souligner que toutes les plages
répertoriées (31 au total dont 26 autorisées à la baignade) et des nombreuses
criques que recèle le littoral chélifien sont soumises au diktat de groupes de
jeunes qui exigent des visiteurs un droit d'accès. En l'absence d'une gestion
permanente, ces lieux de détente sont devenues des
lieux de non-droit où le racket se pratique au vu et au su de tous. Que ce soit
à Téraghnia dans la commune de Ténès ou à la célèbre
plage dorée de Dechria située à l'ouest, aux confins
de la wilaya de Chlef, les familles qui s'y rendent
pour passer un moment de détente sont interpellées à l'entrée de la plage.
Elles doivent impérativement s'acquitter des droits d'accès ou rebrousser
chemin. A la plage de Doumia tout près de la ville de
Béni-Haoua, les jeunes gardiens se postent à l'entrée
de la plage. Ils mettent en évidence des gourdins qu'ils accrochent avec
ostentation à leurs ceintures pour rappeler aux récalcitrants l'obligation de
s'acquitter de « la dîme ». Le ticket d'accès aux plages, quant à lui, a aussi
évolué. Il passe de 50 à 100 dinars. Même les accès difficiles au rivage sont
sous le contrôle de jeunes qui s'improvisent par la force « gardiens des lieux
». Pour cela, il suffit de quelques branchages et de pierres pour obstruer
l'accès à la mer et imposer le versement des 100 dinars et cela sans qu'un
ticket ne soit remis aux automobilistes-estivants. Même si l'envie d'un
visiteur de faire simplement un tour à la plage sans stationner, le paiement de
la taxe d'entrée est exigée. Toutefois, il est important de signaler que
l'instruction du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales autorise
la commune à procéder à la mise en adjudication de ces espaces avec valeurs
locatives référentielles minimales fixées par les services des domaines en
fonction de la valeur locative réellement pratiquée sur le marché.
L'instruction précise, néanmoins, que ces espaces doivent être délimités par la
commune de manière visible avec des supports d'orientation adéquats, en
affichant la tarification de droit appliquée qui est fixée en commun accord
avec l'opérateur dans le contrat de concession du stationnement. Ceci est
valable pour l'accessibilité aux plages et la gestion de leurs parkings et
aires de stationnement.
Dans les plages, le problème est tout autre. Certains
concessionnaires dont le contrat expire en 2017 vont jusqu'à interdire aux
estivants d'installer leurs propres tentes pour les contraindre à louer les
leurs, mais à quel prix ! Entre 200 et 500 dinars en fonction de la taille de
la tente. Les chaises et les tables sont également proposées à la location. De
toute évidence, l'instruction du ministre vient de répondre aux nombreuses
doléances exprimées par les citoyens pour mettre fin à l'anarchie qui n'a que
trop duré.