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«Il
est clair que ce n'est pas monsieur tout le monde qui peut être là où la
compétence et l'intelligence sont exigées. En faisant abstraction à la matière
grise et le savoir-faire au profit de l'allégeance, l?affinité ethnique ou
partisane, etc. le vrai esprit d'initiative s'est terriblement atrophié et avec
lui, tout un pays qui se retrouve embaumé dans le sarcophage du
sous-développement multidimensionnel et du non-sens : «Errai Etalef », dans lequel on se retrouve tous, malheureusement
piégé, il y a de cela belle lurette déjà.»
Avant même d'apprendre à marcher, l'Algérie cherche à courir pour rattraper le retard. Pour sortir de cette crise, aggravée par cette dépendance chronique aux hydrocarbures ; on veut donner au privé plus qu'il ne le faut et plus qu'il ne le peut. On l'a dit et on le redit : la bourgeoisie qu'elle soit réglo ou parasitaire n'a jamais été une solution pour une sortie de crise ni une alternative sérieuse et durable au secteur public. Elle n'en fera que consolider ses intérêts, bouffer les assiettes foncières, accélérer la corrosion financière au détriment de la trésorerie publique. Le bien-être et la tranquilité des citoyens deviendront pour eux facultatives. Ils ne nous ferons donc, que nous noircir encore plus des horizons, qui sont déjà ternes. En Algérie comme ailleurs, à travers ce monde hyper libéralisé et mondialisé jusqu'aux os ; il est difficile de concevoir une séparation nette entre le pourvoir et l'argent. Discerner entre les limites que l'un dessine et celles que l'autre balise est une affaire quasiment impossible. Ce qui est sûr! Chez nous plus particulièrement, il est difficile d'arriver à une certaine richesse en dehors des influences du pouvoir, de ses autorisations, de ses dérogations, de sa protection et de ses moult avantages. Il est donc incontestable que l'un influe sur l'autre. Quoique la nature du régime algérien ne permet pas, du moins, à mon avis, la domination absolue de l'argent au-delà d'une certaine mesure. Au point de partager avec lui le pouvoir. Il y a sûrement des frontières à ne pas franchir sinon c'est la débâcle totale. Même la Chine qui est un modèle réussi de transition libérale et de modernisme ne l'a pas fait et Dieu sait quelle est la différence entre les esprits chinois et algérien ! Finalement, le danger que représente une certaine catégorie de cette génération spontanée de nouveaux riches, autoproclamés hommes d'affaires, serait-il plus périlleux et catastrophique pour le pays que ne l'était le tout sécuritaire ? Le démantèlement des empires financiers qui ont fleuri rapidement chez nous, jusqu'à atteindre une envergure internationale. Ces derniers qui maniaient des budgets d'États et qui ont voulu, peut-être, jouer ce jeu trop dangereux avec le pouvoir effectif du pays. En volant se substituer à lui dans certains aspects, leur vie n'a duré que celle d'un feu de paille. Ce pouvoir qui les a rendus pourtant, si vite, trop riches. Il les a prémuni indirectement ou directement de toute concurrence légale ou illégale, de nature à les affaiblir. Il leur avait assuré un traitement trop préférentiel et les protégeait. Qu'on le veuille ou non, chez nous comme ailleurs, le pouvoir fait et défait les empires financiers, il en a les moyens et il en trouvera toujours les raisons. Certains gestionnaires locaux ne conçoivent de développement, hélas, que dans le béton : édifices, routes et infrastructures et le ravage fait à la nature. Selon la définition algérienne du développement ; celui-ci, doit être visible, palpable, qu'importe donc son coût écologique ou financier, disent-ils. Pour eux et pour la politique générale du pays, le développement doit être indiqué du doigt. À chaque entrée de nos villes, on y érige des bâtiments de part et d'autres des routes nationales, desservant ces dernières ; à l'intérieur, tout est resté en l'état. Ainsi, le développement est réduit aux forêts ravagées, au milieu urbain saccagé et à l'investissement dans l'amusement et le divertissement qui ne profite qu'à ses tenants. La tranquillité des citoyens, l'apport économique réel en main-d'oeuvre locale et en apport contributif que ceux-ci sont supposés rapporter à la collectivité locale reste à discuter. Le revêtement par placage métallique, exagéré, des tranchés excavées çà et là, pour y passer tantôt des câbles, tantôt de la tuyauterie que l'on n'a passé, on ne sait combien de fois déjà, et où, aucun contrôle n'y est possible car le tout sera enfui sous terre. Des tracés qui défient la logique et la géométrie. Le chemin le plus court entre deux points est bien évidemment une ligne droite, alors que pour certains, le chemin le plus court à la surfacturation est le chemin le plus long. Les mètres cubes et les mètres linaires devenus les chiffres magiques dans les calculs des factures. Des situations revues et corrigées via avenants ; «Elmohim el BIVI yetssenya (l'essentiel est que le PV soit signé). Des trémies dont on n'avait pas besoin et qui, malgré tout, ont été réalisées et de quelles façons ? Voilà où va l'argent des Algériens, dans un développement faux et usage de faux. Hormis bien sûr ! Les réalisations qui sont conformes et méritent bien leurs enveloppes budgétaires et que leurs entrepreneurs soient honorés. Pour le reste, à leurs yeux, l'Algérie est devenue hélas, un grand budget à bouffer et des Mega enveloppes à consommer. Notre pays ne veut pas apprendre de ses inepties, de ses bêtises et c'est bien dommage! Pour certains, cette ruée vers le prétendu « développement tous azimuts », est une aubaine pour satisfaire les proches et les amis devenus du coup des entrepreneurs. Moyennant cette configuration truquée du développement, des scanners qui coûtent des milliards de dinars, en panne dans des hôpitaux où pullule l'incompétence, l'insouciance et le non-humanitaire. Tout le monde y trouve son compte à travers cette situation du « Tlig», sauf, bien sûr, le pays qui loupera finalement son vrai développement. Inconscience ou insouciance? Ce n'est pas avec cette mentalité et ces procédés archaïques, que l'Algérie va être catapultée dans l'ère du développement et encore moins dans le développement durable. Ce qu'un baril à 120 dollars n'a pas pu réussir, les usines »boulons» ne peuvent le faire, je crains! Le seul développement que je vois, pour l'instant, c'est celui de cette pseudo génération spontanée d'hommes d'affaires, avides d'enrichissement aux moindres coûts, au détriment de la collectivité locale, de la nature et de la tranquilité des Algériens. Hormis celle qui honore son boulot et ses devoirs envers la Patrie. Nos chaînes de télévision, aussi bien privées que publiques, nous bombardent de pubs, presque toutes de nature commerciale. Des pubs en cascades pour le café importé et conditionné chez nous. Portant des noms à peine différents, mais toujours à résonance hispanique, qui nous cassent les pieds. D'autres, concernent la téléphonie mobile, ce commerce «du vent», qui propose des produits à peine différents les uns des autres. Celles qui touchent les produits de la boisson et la limonade ne sont pas en reste. Si elles ne sont pas mensongères presque toutes, ce qui est sûr! Ces pubs sont franchement enquiquineuses. Notre pays importe des concepts universels, juste pour épater la galerie. Dire comme les autres et ne pas faire comme eux. Ainsi, la démocratie, la citoyenneté et surtout, la notion de développement durable, ne sont malheureusement, chez nous, que des titres pompeux que certains font tout pour les vider de leur sens et de leur essence, car cela heurte leurs intérêts restreints. À mon avis, l'arbre se reconnaît par ses fruits et le fruit de cette gestion catastrophique et pour le moins qu'on puisse dire, un fruit amer ! J'ai vraiment peur pour l'avenir de mon pays, sincèrement, je crains le pire pour le futur de nos enfants, la trouille me saisit déjà, rien que d'y penser. Cette approche frauduleuse et loufoque du développement est tout simplement ahurissante. Réveillez-vous bon sang ! « EL kedeb ma yebni khayam » : le mensonge ne saura bâtir des foyers ! Dit l'adage populaire. Finalement, on demande peut-être trop à ce pays. On ne cesse de s'autoflageller et de sombrer en jérémiades pour rien. On a tendance à oublier qu'avec de l'algérien on ne peut produire qu'algérien. Comme disait Kamel Daoud. |
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