La totalité des reliquats de
paiement des projets publics d'équipement, relevant des exercices de 2014 et
2015, ont été réglés durant le premier trimestre de l'année en cours, a
indiqué, mardi à Alger, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, lors d'une conférence de presse. Evoquant les
finances publiques faisant état d'un déficit du Trésor de 1.404 milliards de
dinars (mds DA) durant les deux premiers mois de 2016, le ministre a expliqué
que cette hausse du déficit avait été engendrée par le parachèvement de
l'exécution des investissements relevant des programmes de 2014 et de 2015.
«Nous avons décidé de parachever l'exécution de tous les reliquats
d'investissements des anciens programmes avant la fin mars 2016. Tous les
projets qui accusaient des retards de paiement ont été réglés. C'est cela qui a
donné ce niveau de dépenses durant les deux premiers mois de l'année», a-t-il
expliqué. A rappeler que les dépenses d'équipement ont augmenté en
s'établissant à 783,5 mds DA en janvier et février 2016, contre 284,96 mds DA à
la même période de 2015, soit une hausse de 175%. Le ministre a ajouté que la
couverture de ces dépenses d'équipement était essentiellement assurée non
seulement par le Fonds de régulation des recettes (FRR) mais aussi par les
crédits bancaires à l'économie, dont le stock s'élève actuellement à plus de
7.500 mds DA, ainsi que par les valeurs d'Etat (obligations assimilées du
Trésor et les bons assimilés du Trésor). Il a également fait savoir que
l'épargne bancaire (hors dépôts de Sonatrach)
s'élevait actuellement à plus de 5.000 mds DA. Selon lui, les banques et le
Trésor public «recèlent un grand potentiel de financements» qui inciteront
l'Etat à aller davantage vers les projets d'investissements:
«Après que le pays ait construit, depuis l'année 2000, une base solide
d'infrastructures, il s'orientera maintenant et de plus en plus vers
l'investissement économique». A ce propos, il a souligné que les projets
économiques programmés par différents départements ministériels se comptaient
par dizaines. Présent à cette conférence de presse, le ministre délégué chargé
du Budget et de la prospective, M. Hadji Baba Ammi, a indiqué que l'Etat allait
bientôt arriver à un rythme de dépenses qui correspond à ses ressources
financières. «On ne pouvait pas arrêter la machine de manière brutale. Mais
d'ici à trois ou quatre mois, nous arriverons à un rythme de dépenses qui
correspond à nos recettes. C'est dans cette perspective que nous avons gelé un
certain nombre de projets nouveaux pour donner la priorité aux programmes en
cours», a-t-il avancé. Questionné sur l'endettement extérieur, M. Baba Ammi a
soutenu qu'il s'agissait d'une autre option de financement des projets d'équipement: «L'endettement extérieur n'est pas une tare,
sauf s'il n'est pas bien maîtrisé. Si nous allons recourir à cette option, nous
allons maintenir une dette soutenable qui sera destinée uniquement à financer
l'investissement». Dans ce sens, il a rappelé que la dette publique du pays
représente 8,5% du PIB et que la dette extérieure correspond à 0,3% du PIB
seulement. Abordant les premiers résultats de l'emprunt obligataire de l'Etat,
lancé le 17 avril dernier, M. Benkhalfa a indiqué que
les 20 premiers jours de cette opération avaient été marqués par un «très bon
début» et que des «dizaines de milliards de dinars» avaient été collectés. Le
ministre s'est, toutefois, gardé de communiquer le montant exact des fonds
encaissés, jusqu'à maintenant, par les banques et les autres établissements
financiers dans le cadre de cet emprunt, en dépit de l'insistance des
journalistes sur cette question. «Je ne vais pas le dire (montant)
aujourd'hui», a-t-il répondu, ajoutant que plusieurs entreprises allaient
souscrire à cette opération mais qu'elles attendaient l'aval de leur conseil d'administration.
Il a également relevé que plus de 9 millions d'obligations étaient en cours
d'impression. A la question de savoir si la communauté algérienne à l'étranger
pouvait également souscrire à cet emprunt, le ministre a précisé que celle-ci
pouvait le faire mais seulement en dinars et non en devises, révélant, dans ce
sillage, que plus de 7 millions de comptes-devises d'épargnants algériens sont
recensés dans la place bancaire du pays. Prenant aussi part à cette conférence
de presse, les P-dg de quelques banques publiques ont
communiqué à la presse leur premier bilan de l'opération d'emprunt obligataire.
Ainsi, la Banque extérieure d'Algérie (BEA) a encaissé plus de 35 mds DA,
tandis que le Crédit populaire d'Algérie (CPA) a drainé 19 mds DA, alors que la
Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) a collecté 10 mds DA.