L'existence
de chaînes TV algériennes mais de droit étranger est «un acte illicite,
abusif», a estimé hier lundi le directeur de l'Office national des droits
d'auteurs (ONDA) Samy Bencheikh El Hocine. Il a affirmé à la radio chaîne 3 que
ces chaînes de TV privées «exploitent des œuvres de l'esprit en total
contradiction avec les lois algériennes, à savoir l'autorisation d'exploitation
de l'ONDA», qui a envoyé plusieurs mises en demeure, des huissiers de justice,
«sensibilisé sur la diffusion illicite de films sans autorisation», sans grand
effet, selon le directeur de l'ONDA. «Il s'agit de l'image de l'Algérie, qui a
une responsabilité pénale largement engagée. La réaction des propriétaires
pourrait provoquer des sanctions importantes à l'Algérie, on pourrait saisir ou
bloquer un avion d'Air Algérie ou un bateau de la CNAN pour payer cette
infraction», a-t-il prévenu. Les droits d'auteur que ces chaînes TV doivent à
l'ONDA dépassent les 500 millions de dinars, un chiffre qui remonte au mois de
janvier dernier. La loi algérienne est claire, a rappelé le directeur de
l'ONDA, «il doit y avoir une autorisation de l'ONDA et payer les droits ou
redevance de diffusion». Pour autant, seules deux TV ont répondu aux appels de
l'ONDA : Ennahar TV et Dzair TV, a-t-il précisé. «Ennahar a répondu et nous
avons signé une convention. Elle a obtenu le droit de diffuser des œuvres de
l'esprit, et nous sommes en contact avec les autres chaînes, on essaie de
hausser le ton, avant le début de ramadan», a-t-il dit avant d'annoncer que
«nous allons signer avec quelques-unes de ces chaînes». «Dzair TV a signé
également une convention avec l'IONDA», ajoute-t-il. Cependant, M. Bencheikh a
mis dans le même pot les TV et radios publiques et privées qui ne paient pas
les redevances des droits d'auteur, notamment les œuvres musicales, dont les
radios publiques et les chaînes publiques de la TV algérienne. «Pour ce mois de
ramadan, on va travailler avec le ministère de la Communication, qui est
conscient de l'importance que ces chaînes doivent avoir l'autorisation, faute
de quoi elles vont engager la responsabilité pénale de l'Algérie», a souligné
M. Bencheikh qui rappelle qu' «il faut que ces chaînes viennent obtenir
l'autorisation, et verser les redevances pour les titulaires de droits». Mais,
les sanctions contre ces TV ont peu de chance d'aboutir, car «tant que ces
chaînes ne sont pas de droit algérien, c'est difficile de les sanctionner. Nous
menons des investigations limitées, et si on demande des sanctions a l'échelle
internationale, on va sanctionner l'Algérie». Le directeur de l'Office algérien
des droits d'auteur estime, par ailleurs, à plusieurs milliards de dinars le
montant du piratage et de la contrefaçon en Algérie. «Le préjudice ou le manque
à gagner se chiffre en milliards de dinars, il y a des boites de com qui
utilisent abusivement pour des boissons, pizzas et des soupes des œuvres
musicales qui ont des ayant droits, des titulaires de droits, qui se retournent
vers l'ONDA», explique-t-il. «Nous allons demander aux radios et TV à ce que
les spots publicitaires soient subordonnés à l'autorisation de l'ONDA et payer
si besoin les redevances des droits d'auteurs. Les exploitants des boites de
com sont la TV et la radio algériennes», affirme-t-il. «Il faudrait qu'il y ait
une stratégie nationale de développement de la propriété intellectuelle en
Algérie, y compris l'enregistrement des marques. Il faut qu'il y ait une sorte
de bureau national pour la propriété intellectuelle». Car sur les forums
internationaux, «l'Algérie a besoin d'envoyer des signaux, pour réaffirmer son
respect de la propriété intellectuelle. On nous fait des reproches sur le peu
de respect à accorder au piratage des films de cinéma, logiciels, médicaments,
et ce sont des questions qui reviennent très souvent, et auxquelles l'Algérie
doit répondre».