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L'autre révolution de palais

par Mahdi Boukhalfa

Le vice-prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane a provoqué une véritable révolution hier lundi en annonçant la privatisation de 5% du capital du groupe pétrolier Aramco et la création d'un fonds souverain de 2.000 milliards de dollars. Dans les milieux spécialisés, il s'agit d'une mini-révolution qui a pour objectif de mettre en place des réformes économiques globales à l'horizon 2030 et en finir avec la dépendance du pétrole.

C'est une décision historique, largement commentée sur les marchés financiers, que vient de prendre le Conseil des ministres saoudien, la mise en place du plan «Vision saoudienne à l'horizon 2030». C'est, en gros, un vaste plan de réformes économiques et financières qui devraient à l'horizon 2030 libérer le pays de la dépendance des hydrocarbures et produire de nouvelles ressources économiques et financières.

Ryadh, comme tous les pays pétroliers, traverse une période difficile du fait de la chute des cours de l'or noir. Dans le pays, la crise est telle que les décideurs saoudiens ont été obligés à aller vers des solutions financières proches des marchés et ouvrir d'autres portes pour irriguer l'économie du pays. Et, dans la corbeille, le plan de réformes concoctées par le vice-prince Salmane, avalisées par le Conseil des ministres, il y aura ce juteux marché qui va naître de la vente de 5% du puissant groupe pétrolier saoudien Aramco, qui va être valorisé entre 1.000 et 10.000 milliards de dollars, selon des agences de notation financière. La mise en place d'un fonds souverain, au lieu d'une opération d'émission d'obligations limitée dans le temps et fort peu rentable, va permettre au pays de lever beaucoup d'argent avec des placements dans différents portefeuilles et produits financiers, que ce soit dans l'immobilier, la finance, les bourses, ou les investissements un peu partout dans le monde, en particulier à Londres, Paris et New York.

En fait, l'annonce donne naissance au plus grand fonds d'investissement au monde, et dépasse celui de la Norvège, jusque-là le plus important. Car pour les dirigeants saoudiens, le temps presse et il s'agit de trouver des réponses immédiates, urgentes à un début de morosité économique, une mini-crise sociale dans le pays avec les difficultés financières auxquelles sont confrontés les établissements publics, bref, l'installation d'une déprime du climat des affaires. La réponse des autorités saoudiennes a été de mettre en place des réformes urgentes et de répondre à la conjoncture.

L'ouverture à hauteur de 5% du capital du géant pétrolier public Aramco devrait faire reculer les lignes sur les places boursières, et des marchés, où l'or noir reste, en dépit de la baisse des cours, une valeur sûre pour les marchés dérivés. En outre, et c'est là le plus important, cette opération va transformer Aramco en holding doté d'un conseil d'administration élu, ce qui va permettre ensuite l'introduction en Bourse de certaines filiales. Et rapporter l'argent, l'expertise et le capital humain nécessaires pour construire l'après-pétrole au royaume.