Parmi les plus importants du pays, l'aéroport Abdelhafidh
Boussouf de Tiaret continue d'être inexploité, à la
plus grande incompréhension de la population locale. En effet, en «jachère»
depuis plusieurs années, l'aérodrome de Tiaret, l'un des plus grands de l'ouest
du pays, continue de rester inutilisé malgré les promesses restées sans
lendemain de sa réouverture.
Construit à coups de milliards pour accueillir la plus grande piste
d'envol après celui d'Oran-Es Senia, la gigantesque
infrastructure aéroportuaire est considérée aujourd'hui comme un véritable
«gâchis». Rouvert à la circulation aérienne publique après le confortement de
la piste d'envol sur une longueur de 3,2 km, la réalisation de voies
secondaires et la modernisation de l'éclairage du tarmac, l'infrastructure
demeure toujours inexploitée. «Pourquoi personne ne veut bouger le petit doigt
pour amener qui de droit à exploiter cet aéroport, rongé par la rouille et les
stigmates hideuses du temps qui passe ? », s'interrogeait dernièrement un
entrepreneur qui avoue franchement regretter « l'époque bénie de la défunte
compagnie aérienne Khalifa ». « Que font nos responsables et élus nationaux
pour sauver un investissement lourd de plusieurs dizaines de milliards d'une
faillite programmée ?» fulmine ce membre de la chambre de commerce et
d'industrie Sersou. Le silence « sépulcral » qui pèse
telle une chape de plomb sur cette gigantesque infrastructure est vécu comme
une «véritable injustice» faite à une wilaya qui a formé dans son petit
aérodrome les premiers pilotes de l'ère de l'indépendance. La «rumeur», un
moment a couru annonçant la réouverture de l'aéroport pour des vols programmés
par la compagnie Tassili Airlines mais le «rêve» s'est vite évaporé. En effet,
après une fermeture qui dure depuis la faillite de la compagnie Khalifa la
seule qui desservait l'aérodrome de Tiaret après l'abandon de la desserte par
«Air Algérie» pour insuffisance de rentabilité, Tassili Airlines, propriété de Sonatrach, avait à maintes reprises annoncé son intention
de commencer à desservir l'aérodrome de Tiaret à partir du début de l'année en
cours. Tassili Airlines comptait assurer trois vols par semaine entre la
capitale et Tiaret avant d'étendre ses dessertes vers plusieurs villes du sud
algérien, via la capitale des Hauts-Plateaux de l'Ouest. Une «promesse»
aujourd'hui vieille de plusieurs années, déplorent nombre d'investisseurs et
autres hommes d'affaires de la région, pénalisés par un moyen de transport sûr,
efficace et surtout important en matière de gain précieux de temps et donc
d'argent. Doté d'un salon d'honneur flambant neuf et de chambres d'hôtes très
luxueuses, l'aéroport Abdelhafidh Boussouf
de Aïn Bouchekif avait même
un moment été sélectionné pour servir de plate-forme à vocation régionale pour
accueillir des ateliers de maintenance du pavillon national Air Algérie avant
que le projet ne soit abandonné. Outre les hangars d'entretien et de parcage
d'aéronefs, l'aéroport de Tiaret est doté d'une piste d'envol de 3.000 m sur
45m de large, capable d'accueillir des avions de gros tonnage. « Même les vols
programmés à partir de Tiaret vers les Lieux Saints de l'Islam qui donnaient un
semblant de vie à cet aéroport ont été supprimés pour plonger la ville dans un
profond sommeil. Les pèlerins sont aujourd'hui obligés de faire le déplacement
jusqu'à Alger ou Oran pour prendre l'avion. La non utilisation de l'aéroport de
Aïn Bouchekif obère
l'activité de plusieurs investisseurs locaux et freine leur élan dans une
wilaya qui reste toujours handicapée par l'absence d'une bretelle la reliant à
l'autoroute Est-Ouest et le réseau ferroviaire qui est encore à l'étape de la
réalisation, estime pour sa art, Belarbi
Hamid, un ancien élu local et spécialiste du développement local.