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Bruit de bottes au Sahara occidental

par Moncef Wafi

«P réparer les troupes en prévision de toute urgence», l'explication officielle des manœuvres militaires effectuées hier dans les territoires libérés du Sahara occidental, par l'Armée de libération populaire sahraouie (ALPS), se passe de tout commentaire superflu. Et ce qui n'était que verbe, il y a quelques semaines, se concrétise aujourd'hui sous forme d'une mobilisation en perspective de la reprise de la lutte armée.

Ces manœuvres militaires sahraouies nous rapprochent plus d'une confrontation armée avec l'occupant marocain que d'une solution pacifique sous l'égide onusienne. Une option diplomatique qui s'éloigne de plus en plus avec l'appui français qui plombe le Conseil de sécurité et des pays du Golfe qui ont rassuré les Marocains de leurs appuis militaire et financier. Les Sahraouis, excédés par l'incapacité de la Minurso à organiser le référendum sur leur autodétermination, savent qu'ils ne peuvent compter que sur leurs armes pour pousser Rabat à des négociations sérieuses et sans conditions préalables. Et pour cela, ils se disent prêts à sacrifier leurs vies pour la cause, pour la libération des territoires occupés du Sahara occidental, le «principal objectif» des Sahraouis.

Ces manœuvres, qui interviennent à seulement quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU qui doit statuer sur l'avenir de la Minurso au Sahara occidental, sont également un message à la face du monde quant à la détermination du peuple sahraoui à recouvrer son indépendance. Une détermination à en découdre palpable chez les plus jeunes bercés aux exploits guerriers d'El Ouali, tombé au champ d'honneur en 1976. Cette plus que probable reprise de la lutte armée devra consommer la fin d'un statu quo meurtrier pour le peuple sahraoui dont a profité pleinement le Maroc qui a repris du terrain sur le plan diplomatique contre intérêt économique.

Ce risque d'embrasement dans la région n'est pas pour arranger les affaires de personne et laisse les portes grandes ouvertes à une internationalisation du conflit avec l'implication supposée des armées du Golfe. Les Sahraouis veulent en finir avec 25 ans d'une trêve inutile à l'ombre d'appétits économiques et d'une frilosité onusienne anesthésiée par les intérêts des ex-puissances coloniales. La guerre qui approche à grandes enjambées serait le pire scénario qui puisse être écrit, et les morts qui tomberont des deux côtés, les Sahraouis promettant d'exporter leur lutte au cœur même des villes marocaines, une marque de honte au fronton de l'ONU, carcasse inutile devant les aspirations de la dernière colonie en Afrique.