L'embellie qu'à connue depuis plusieurs mois la ville de Constantine en
matière de distribution du lait ordinaire en sachet n'a pas trop duré et voilà
les citoyens qui sont soumis au rationnement de ce produit de première
nécessité. Et pour cause, de nombreux quartiers de la ville se plaignent que
l'approvisionnement en cette denrée indispensable pour la consommation
quotidienne est revenu à la cadence d'une livraison tous les trois jours, et
encore celles-ci se font en quantités nettement insuffisantes. Entre-temps,
ont-ils signalé, c'est le lait de vache en sachet à 50 dinars l'unité qu'on
trouve chez les épiciers des quartiers et chez les détaillants. Un lait auquel
les consommateurs tournent le dos, pas toujours à cause de son prix, mais à
cause des habitudes de consommation acquises. « Nous sommes encore déroutés par
le programme de distribution adopté par l'unité de production de Chaabersas », se sont plaints jeudi des citoyens de Bab-El-Kantara, et avant eux d'autres citoyens résidant au
centre-ville, dans le quartier de Sidi-Mabrouk et à Ali-Mendjeli.
Ces derniers ont posé la question de savoir si cette unité est confrontée à des
pannes, des ruptures dans l'approvisionnement des produits de base comme la
poudre de lait, ou autres problèmes. D'autres sont allés jusqu'à dire que
maintenant que la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe »
est terminée on est revenu à la politique de rationnement. Toutefois, rejetant
cette explication qu'ils ont trouvée trop simpliste, d'autres n'ont pas hésité
à dire que l'unité a adopté ce programme pour écouler la quantité de lait de
vache qu'elle recueille chaque semaine.
En ce qui nous concerne, après
avoir échoué à contacter les responsables de la laiterie et du commerce pour
des explications, nous avons pris langue avec des membres du syndicat des
distributeurs. Sur cette question, M. Salah, a expliqué que la politique
gouvernementale actuelle en matière de production du lait tend à favoriser la
consommation de la production locale qui repose sur le lait de vache pour
arriver à diminuer, dans le court ou le moyen terme, l'importation de la poudre
de lait. « Sur chaque chargement, l'unité de production de Chaabersas
nous impose 31% de lait de vache que nous devons écouler d'abord avant de
prendre un autre chargement », a révélé notre interlocuteur. « Que doit-on
faire alors que notre marge bénéficiaire est assez faible ? », s'est demandé ce
membre du syndicat des distributeurs en reconnaissant que, d'une part, les
citoyens ont le droit de rechigner devant le prix de 50 dinar appliqué au
sachet du lait de vache, mais que de l'autre côté, les distributeurs sont
contraints d'écouler cette production dont le prix est subventionné à hauteur
de 33% par le gouvernement. M. Salah pense que les consommateurs devraient
s'habituer à consommer local pour éviter d'être surpris par des ruptures en
approvisionnement de lait provenant d'une pénurie de poudre de lait importée de
l'étranger et payée en devises. « N'oublions pas que le sachet de lait fabriqué
avec cette poudre est lui aussi subventionné par l'Etat », a dit en dernier
lieu notre interlocuteur.