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Face
au nombre ahurissant d'accidents de la route et leur bilan macabre (714 morts
au 1er trimestre 2016), le ministère de l'Intérieur est passé à la vitesse
supérieure avec la création d'une nouvelle structure pour sécuriser les routes
algériennes et, surtout, comprendre ce phénomène. Ahmed Naït
El Hocine, chargé de la Délégation nationale à la sécurité routière, a
expliqué, hier mercredi, à la radio chaîne 3 que cette structure a été créée
«sur proposition du ministère», qui rejoint les recommandations du «Plan
mondial pour la décennie de la sécurité routière, et qui invite les Etats
membres à mettre en place un organisme leader en matière de sécurité routière».
Face à l'ampleur du phénomène des accidents de la route, il fallait «mettre en
place une structure leader en matière de communication, de surveillance», mais
également de «gestion des fichiers nationaux des permis de conduire et des
cartes d'immatriculation des véhicules et de suivi des infractions au code de
la route», a-t-il indiqué, annonçant que la mise en place du permis biométrique
et à points va permettre une meilleure identification du phénomène et améliorer
également la prévention. «Les missions de la Délégation nationale à la sécurité
routière portent sur le regroupement des compétences existant au niveau du
ministère, harmoniser le dispositif législatif et réglementaire dans le domaine
de sécurité routière, mettre en œuvre un plan stratégique de prévention, qui
sera élaboré conformément aux orientations du gouvernement», a expliqué M. Naït El Hocine.
Il a souligné que la priorité «est de mettre en place un système national de collecte de données pour comprendre le phénomène et fournir une aide à la décision des politiques pour comprendre ce phénomène». Il a également ajouté qu'«on devra aller dans le détail pour définir un plan national de sécurité routière», car «en plus du facteur humain, il y a la signalisation, l'état des routes ou la défaillance du véhicule» comme raisons des accidents de la route. M. Naït El Hocine reconnaît en fait que «nous n'avons pas un système d'identification des causes détaillées des accidents de la route. Et on va aller vers l'unification des canevas des services de sécurité (police et gendarmerie), de la Protection civile et des services de la santé pour avoir une vision globale du phénomène». En fait, «cette structure va fédérer les missions essentielles de sécurité routière en matière de législation et de contrôle, assurer la coordination entre les différents intervenants et fédérer les efforts des différents départements ministériels pour mener une politique cohérente de réduction de tous les risques d'accidents de la route», explique M. Naït El Hocine. Pour autant, il a reconnu que les différents établissements de sécurité routière n'ont jusqu'à présent pas joué leur rôle. «Il y a énormément d'acteurs sur le terrain, des établissements publics qui n'ont aucune emprise ou pu jouer un rôle en matière de sécurité routière. Il faut les regrouper, réduire le budget et améliorer l'efficacité de la surveillance routière», a-t-il préconisé. En outre, il a relevé que des établissements comme le Centre national de prévention et de sécurité routière, ou celui des permis de conduire n'ont eu aucune incidence sur la prévention routière ou la réduction des accidents de la route, car «leur organisation et leur statut juridique ne leur permettent pas de jouer pleinement leur rôle», avant de préciser que le Centre national de prévention et de sécurité routière «n'a aucune visibili té sur le terrain», alors que le Centre des permis de conduire «n'a aucune efficacité». En outre, cette délégation à la sécurité routière «va mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de sécurité routière», a-t-il dit, avant d'annoncer une proposition soumise au ministère de l'Intérieur portant sur la création d'un fonds de sécurité routière qui sera financé en partie par les contraventions contre les automobilistes, des taxes sur les assurances de véhicules pour «moderniser notre système national de contrôle de la sécurité routière, de financer la mise en place de centres de régulation de la circulation routière et moderniser le système de contrôle». Pour le permis à points, il a indiqué que «la loi est en cours de discussion au niveau du gouvernement, il y a des préalables pour son application. Mais sur le plan technique, les travaux vont bon train». Enfin, il a indiqué qu'il n'existe aucune étude sérieuse sur le phénomène des accidents de la route, se contentant de souligner que les données actuelles sont basées sur les rapports des services de sécurité. Une étude va être menée par des chercheurs de l'université de Batna sur les coûts des accidents de la route, qui sera annoncée lors d'un colloque du Centre national de prévention et de sécurité routière. Au 1er trimestre 2016, 714 personnes ont été tuées et 5.665 autres blessées dans 3.225 accidents de la route, selon un bilan de la Gendarmerie nationale. Le bilan 2015 est tout aussi dramatique: 20.361 accidents de la route (-16,51%), 3.801 morts et 36.657 blessés. |
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