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Français d'origine bicot

par Moncef Wafi

Benzema, l'Algérien de tache de naissance, ne jouera pas, en fin de compte, l'Euro français. Pour les instances du football tricolore, cette sentence est dictée par des raisons extra-sportives, le joueur étant cité dans deux affaires judiciaires. Le Benzema, pas très Français, a été condamné, avant même de passer devant le tribunal. Guillotiné alors qu'il est présumé innocent. Mais la présomption d'innocence n'est valable que lorsqu'on possède un nom bien à consonance occidentale même si on est mouillé jusqu'au cou, dans un scandale de corruption. Il n'y a qu'à voir le traitement médiatique de l'affaire Platini. Blatter annonce avoir remis deux millions d'euros au président de l'UEFA, pour une étude quelconque. Une révélation qui tombe mal, à quelques mois de l'élection d'un nouveau patron de la Fifa où le très français Platini était le favori numéro Un. Platini est mis au frigo en attendant la suite de l'enquête et la presse française de se déchaîner contre les instances mondiales du foot, contre Blatter clamant, haut et fort, l'innocence de leur héros national. Platini a été exclu pour huit ans et les «Panama papers» donneront raison à ses accusateurs. Mais Benzema ne s'appelle pas Michel, Jean-Claude ou François. C'est Karim qui est porté sur son acte de naissance. Une erreur de casting que le buteur du Real devra payer, toute sa vie, comme tous ses frères Français à moitié. Français s'il est au top, d'origine s'il fait un flop. L'analyse est partagée par Guy Roux qui a eu le courage de dénoncer l'hypocrisie française qui se cache derrière la justice ou des considérations morales. Le cas Benzema, devenu une affaire nationale, a même fait réagir le Valls, Premier ministre, qui a demandé son scalp. Hollande, lui, a suggéré qu'on laisse tranquille le joueur. Et c'est Valls qui a gagné comme il gagnera la primaire des Socialistes, si d'aventure primaire, il y aura. Karim n'est qu'un échantillon de la mentalité française où tu es Français tant que tu es indispensable. Benzema l'était jusqu'à l'éclosion de Griezman devenu, subitement, celui qui allait faire gagner l'Euro aux Bleus. Combien de Karim n'ont pas été sacrifiés sur l'autel de la peau et de la Croix et dont personne ne parle ? Le Graët, notre Raouraoua à nous, a ainsi décidé de ne pas sélectionner Benzema, mais que dira-t-il du cas de son entraîneur Deschamps dont le nom vient d'être cité dans le dossier de l'Olympique de Marseille. Rien. Sauf si son deuxième prénom est Nacer, Hakim ou Hamid.