Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Netanyahu s'invite à la table des négociations sur la Syrie

par Kharroubi Habib

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a cyniquement dévoilé que l'Etat sioniste entend avoir sa part du dépeçage de la Syrie auquel elle est programmée en application entamée du plan de reconfiguration de la géopolitique du Moyen-Orient élaboré par les néoconservateurs états-uniens, devenu objectif à réaliser pour l'administration américaine qu'elle soit démocrate comme présentement ou républicaine peut-être à partir de l'année prochaine. Pour le faire savoir, Benyamin Netanyahu s'est exprimé au début du Conseil des ministres de l'Etat sioniste, réuni pour la première fois sur le plateau du Golan depuis sa conquête par Israël en 1967 et son annexion en 1981, pour proclamer que ce territoire syrien occupé «restera à jamais entre les mains d'Israël».

Il est à remarquer que Netanyahu a fait sa déclaration au moment même où se tiennent à Genève des négociations sur l'avenir de la Syrie dont les observateurs en majorité pessimistes sur leur issue président qu'elles n'empêcheront pas l'éclatement du pays. Il a ainsi signifié aux négociateurs syriens des deux camps que la question du Golan n'a pas à figurer dans leur programme de discussion, Israël ayant décidé que ce territoire « restera pour toujours entre ses mains». Bien entendu que Benyamin Netanyahu sait que le régime syrien n'acceptera jamais ce fait accompli israélien, mais il sait également que des parties syriennes présentes à Genève en tant que composantes du Haut conseil des négociations (HCN) regroupant des opposants au régime syrien avec lesquelles Israël est en contact sont disposées à faire preuve de «réalisme» à son égard. Ces parties dont l'inféodation à l'Arabie saoudite est secret de Polichinelle se défendent de vouloir l'éclatement de la Syrie en entités ethno-communautaristes, mais sont en réalité prêtes à en accepter la perspective encouragées en cela par leur protecteur et mentor saoudien, lequel ne se sent plus concerné par l'occupation par Israël du territoire syrien du Golan ayant contracté avec l'Etat sioniste une alliance stratégique qu'il n'entend pas parasiter en continuant à proclamer son appartenance à la Syrie. Il n'est d'ailleurs pas fortuit que Netanyahu a fait son annonce peu après que l'Egypte et l'Arabie saoudite ont conclu l'accord de rétrocession par la première à la seconde de deux îlots contrôlant l'entrée du golfe d'Akaba, approuvé par Israël à la considération qu'ils sont d'une importance stratégique évidente pour Ryadh devenu ami et allié d'Israël. Il n'est pas impossible et même très probable que Netanyahu a obtenu en contrepartie de son feu vert à cette rétrocession que les deux Etats arabes ne soulèvent plus la question de l'occupation par Israël du Golan syrien et font droit à sa prétention de conserver le Golan important lui pour la sécurité nationale de l'Etat sioniste.

Tous les reniements et toutes les traîtrises sont possibles de la part de dirigeants arabes préoccupés uniquement de rester au pouvoir et pour ce faire prêts à composer avec qui les y aiderait même au détriment de la souveraineté de leurs pays et de celle des autres de la région. Mais ils ne doivent pas s'illusionner, ce qu'ils accepteront pour la Syrie, son dépeçage en l'occurrence, sera l'avenir qui attend leurs pays.