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Soutien aux enseignants contractuels: L'Education renoue avec la protesta

par Abdelkrim Zerzouri

Désormais, le dossier des enseignants contractuels est placé sur une corde raide. D'un côté, les contractuels maintiennent la pression, affichant leur détermination de «poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à la prise en charge de leur principale revendication, à savoir l'intégration directe», comme le rappelle le responsable de la Coordination nationale des enseignants contractuels, Bachir Saidi.

Et de l'autre, il y a le niet catégorique réaffirmé par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, lors d'une conférence tenue lundi 11 avril, où elle a soutenu que le recrutement direct des enseignants contractuels était «impossible», les invitant à faire montre de «sagesse» et à rejoindre leurs postes. En plus, en ce mercredi 13 avril, la tension montera de plusieurs crans lors de ce mouvement de protestation, avec arrêt de travail et sit-in devant les directions de l'éducation, auquel ont appelé le Cnapest et la CLA en signe de soutien et de solidarité avec les contractuels grévistes de la faim.

Et, dans cet élan, le Snapest, a décidé de se joindre à la protesta en appelant ses adhérents à observer un arrêt de travail accompagné d'un sit-in aujourd'hui même (mercredi 13 avril), revendiquant une solution urgente en faveur des enseignants contractuels qui doivent faire l'objet d'un traitement exceptionnel, vu leur expérience acquise dans le secteur, non sans mettre en garde la tutelle contre toute sanction qui toucherait les contractuels. Joignant, ainsi, leur voix à celles des deux autres syndicats (Cnapeste et CLA) et celle des contractuels eux-mêmes qui appellent à une intervention des plus hautes autorités du pays pour rendre justice à ces enseignants et mettre fin à leur souffrance. Il faut noter dans ce sillage, selon les termes du communiqué transmis à notre rédaction, que le Conseil de wilaya d'Oran du Snapest a débattu de la question des contractuels lors d'une réunion tenue le 9 avril, et sur la base d'un sondage des militants qui ont manifesté à l'unanimité leur soutien aux contractuels grévistes de la faim, il a été décidé d'organiser ce mouvement de protestation.

Lequel mouvement ne cadre pas avec l'attitude de la hiérarchie de leur syndicat, signataire de la «Charte d'éthique et de stabilité de l'Education». Dans cet esprit et au-delà des tendances ou des chapelles syndicales, on devrait s'attendre à une large adhésion des enseignants au mouvement de protestation annoncé pour ce mercredi. C'est dire toute la tension qu'on fait subir à cette corde raide.

Par ailleurs, les déclarations de la ministre de l'Education nationale au sujet de ce conflit ont été jugées «inacceptables», «graves» et «ne plaident pas pour la stabilité dans le secteur». Selon le chargé de la communication du Cnapeste, Messaoud Boudiba, «la sortie de la ministre pousse au pourrissement», estimant dans ce contexte que «les pouvoirs publics doivent intervenir pour éviter qu'on en arrive à des situations ingérables».

Pour rappel, lors de la conférence de presse animée au siège du ministère et consacrée aux négociations avec les représentants des enseignants contractuels, Mme Benghebrit a lancé un pavé dans la mare en affirmant que des recrutements d'enseignants contractuels dans le secteur avaient obéi dans la passé à des critères relevant du «clientélisme et du népotisme», assurant à cet égard qu'une «commission sera mise en place pour définir les critères de sélection des enseignants contractuels et suppléants». Et que les enseignants contractuels en grève de la faim à Boudouaou seront «accompagnés par des psychologues». Des déclarations ressenties comme une «humiliation» qui entache tout le secteur. Enfin, elle n'a pas manqué de rassurer les candidats au concours de recrutement des enseignants, prévu le 30 avril prochain, que «la transparence et l'égalité des chances seront assurés», en soulignant que la correction «se fera en collaboration avec les partenaires sociaux, car la lutte contre la tricherie doit être collective». Quant au nombre des candidats inscrits à ce concours, il a atteint 867.160 à ce jour (ndlr, lundi 11 avril), un nombre «très important», a pris soin de noter Mme Benghebrit. La ministre a, en outre, relevé l'importance de la valorisation de l'expérience qui permet aux enseignants contractuels de prétendre à une bonification sur une échelle de un (1) point par année d'exercice à hauteur de six (6) points, «un acquis réalisé lors de la première rencontre avec les représentants des enseignants contractuels», a-t-elle précisé. La deuxième rencontre, a ajouté la ministre, a permis de prendre une décision qui prévoit le renouvellement automatique du contrat de travail à la prochaine rentrée pour les enseignants qui ne peuvent pas participer au concours faute de postes budgétaires, indiquant que cette proposition a été formulée par le partenaire social. Mais, au bout de ces négociations, le conflit demeure entier.