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Mercuriale: La pluie fait pousser les? prix !

par Tahar Mansour

Depuis le début de l'hiver et jusqu'à près de sa fin, les Algériens, malgré leur peur d'une sécheresse désastreuse, ont pu acheter leurs légumes et leurs fruits à bon marché. D'ailleurs nombreux sont ceux qui étaient étonnés de voir les prix de ces produits de première nécessité coûter relativement bas, même pour les hors-saison. Puis la pluie a commencé à tomber de belle manière et les marchands en ont profité pour augmenter un tant soit peu leurs prix, arguant du fait que les agriculteurs ne pouvaient pas cueillir leur récolte et ont donc fait marcher la loi de l'offre et de la demande sauf pour la pomme de terre qui a gardé des prix très bas, mais pendant un certain temps seulement, puis tout est rentré dans l'ordre.

La pluie s'est arrêtée quelques jours puis elle a recommencé à tomber comme au bon vieux temps et, subitement, il y a moins de deux semaines, le père de famille au revenu modeste est tombé des nues : la pomme de terre ?soufie' qui ne dépassait guère les 40 DA, lui est proposée à 60 et 70 DA, pratiquement le double. L'autre qualité de pomme de terre, celle de Mascara ou de Mostaganem, a gardé des prix variant entre 25 et 35 DA, mais très vite elle a rejoint sa cousine du Sahara et ne veut point descendre à moins de 40 à 50 DA. Et les autres légumes, certainement pris de jalousie, entamèrent une ascension qui ne semble pas vouloir s'arrêter : la tomate est passée de 50 et 60 DA le kilo à 80 DA et plus, les choux-fleurs coûtent plus de 70 DA le kilo, l'oignon vert vaut entre 70 et 80 DA (35 DA le kilo il y a quelques jours) alors que le sec dépasse allègrement les 90 DA. L'ail s'est envolé trop haut pour de nombreux citoyens à 800 DA le kilo alors que les poivrons et les piments font entre 150 et 180 DA le kilo, l'artichaut 90 DA (la royale), les petits-pois sont encore hors de portée à des prix dépassant les 180 DA le kilo dans les marchés dits populaires. La carotte, la betterave, le navet et la courgette sont vendus un peu partout entre 70 et 90 DA, pour une qualité pas toujours fraîche.

En cette période creuse et avec le ralentissement de l'importation de nombreux fruits qui nous viennent de l'étranger, les prix de cette catégorie ont dépassé tout entendement. L'orange est cédée à partir de 150 DA et jusqu'à 300 DA le kilo pour la meilleure qualité, les mandarines sont presque introuvables, les fraises valent 500 DA le kilo, les bananes, même pourries, sont vendues à partir de 230 DA et les dattes au-dessus de 350 DA. Il ne faut pas beaucoup parler des pommes qui dépassent les 350 DA et les pastèques, en début de saison (cultivée au Sud), ne sont là que pour être regardées puisque leur prix est fixé entre 150 et 200 DA le kilo, ce qui ramène la pastèque à plus de 1200 DA, sans que nous soyons assurés qu'elle est mûre à point. Il y a aussi les fruits exotiques comme le kiwi qui coûte 150 DA l'unité (contre 50 DA il y a quelques semaines) et la pêche qu'on ne trouve qu'en certains endroits pour 4500 DA le kilo (juste pour les femmes enceintes qui ont leurs envies à près de 800 DA la pêche !).

Pour les viandes, le poulet est à son plus bas parcours et coûte entre 170 et 200 DA le kilo, ce qui pousse les bas salaires à se tourner vers cette source de protéines pour leurs enfants. La dinde continue de narguer le consommateur avec 400 DA le kilo de tout-venant et 1000 DA le kilo de foie ou celui de l'escalope. Déjà que le Ramadhan est annoncé dans un peu moins de deux mois, la viande rouge n'a pas bougé d'un iota même si les clients ne se bousculent pas devant les bouchers, ces derniers affûtant leurs couteaux et leur tirelire pour le mois de jeûne, quand ils imposeront leur loi ! En tous cas, le kilo de viande ovine est à partir de 1400 DA, bovine à partir de 900 DA (importé frais) et à partir de 1200 DA pour le local.

Il reste aussi les autres catégories de produits de consommation comme les légumes secs dont les prix vont crescendo pour atteindre des sommets jamais vus auparavant, les pois chiches à 200 DA et plus, les lentilles à partir de 180 DA le kilo, les haricots blancs à plus de 220 DA. Nous préférons ne pas parler des fromages, des produits laitiers, des sucreries et pâtisseries qui ne connaissent plus aucune limite ! Pourvu que le pain ne suive pas la même courbe car même les herbes comestibles sont devenues trop chères.