Physiquement
diminués par une longue marche de 8 jours, suivie immédiatement par une grève
de la faim entamée depuis lundi dernier, mais « les capacités morales des
enseignants contractuels sont intactes », nous a d'emblée signalé M. Idir Achour, syndicaliste du CLA, présent aux côtés des
marcheurs depuis dimanche 27 mars. Joint hier au téléphone, ce dernier nous a
appris qu'il y a eu « trois évanouissements parmi les grévistes de la faim »,
qui campent à la sortie de la ville de Boudouaou
depuis lundi dernier, après avoir été empêchés de continuer leur marche vers
Alger par les services de sécurité. Au sujet des évanouissements, M. Idir Achour nous apprendra que le coordinateur national des
enseignants contractuels, Saïdi Bachir, a perdu
connaissance hier matin, ainsi que deux autres femmes, qui ont été transportés
à l'hôpital, mais tous les trois ont rejoint les manifestants tout de suite
après avoir subi un examen médical. La dégradation de l'état de santé des
grévistes de la faim est prévisible, surtout si l'on prend en considération le
fait que ce refus de s'alimenter intervient après que les concernés eurent
avalé près de 190 km. Trois jours, donc, après avoir commencé la grève de la
faim, « la situation n'a connu aucune évolution », comme le précise M. Idir Achour. La proposition de la tutelle de valoriser
l'expérience professionnelle des enseignants contractuels au concours du 30
avril prochain n'a pas réussi à convaincre les manifestants. Ces derniers
campent sur leur position, exigeant une intégration sans conditions dans leurs
postes de travail. « Les enseignants contractuels sont décidés à aller très
loin, sans marche arrière, pour obtenir la satisfaction de leur revendication
légitime et fondée », laissera entendre notre interlocuteur. Il faut noter que
le mouvement de soutien et de solidarité s'organise au niveau des wilayas, où
des actions de protestation ont été enregistrées à Béjaïa
et à Constantine. Au niveau de cette dernière wilaya, un groupe d'enseignants
contractuels, constitué en grande majorité de jeunes femmes, a organisé une
marche à partir du siège du Cnapeste (Sidi Mabrouk)
jusqu'au centre-ville (devant le siège de la direction de l'éducation). Une
fois sur place, un rassemblement y sera tenu et des slogans brandis et d'autres
lancés par haut-parleur, scandant «la honte de laisser des enseignants à
l'abandon dans la rue, sur des cartons», et appelant le président de la
République à «intervenir en faveur de leur intégration».
Enfin,
dans la foulée du développement de ce conflit, et en l'absence d'une solution à
l'horizon qui puisse convaincre les enseignants contractuels d'arrêter leur
grève de la faim, il faudrait croire que la situation va connaître des
encombres dans les prochains jours. Le Conseil national du Cnapeste
doit tenir une réunion le 9 avril, et à l'ordre du jour, on devrait discuter de
ce problème des enseignants contractuels, dont la plupart sont affiliés à ce
syndicat ou au CLA. Ce dernier syndicat devrait aussi prendre une position
franche dès la semaine prochaine, si d'ici là, aucune issue n'est trouvée au
conflit. L'engagement de syndicats « lourds » dans ce conflit va certainement
peser dans la balance. Le dossier des enseignants contractuels fera l'objet de
débats entre les responsables des deux syndicats et « l'ultime recours, en l'occurrence
le débrayage des enseignants en signe de solidarité avec leurs collègues, est
une option qui n'est pas du tout à écarter », nous ont confié des
syndicalistes.