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m-paiement: Une opportunité d'accélération de la croissance

par Z. Mehdaoui

Le Cercle d'action autour de l'entreprise (CARE) continue d'innover et a proposé hier pour débat l'opportunité de l'utilisation et de la généralisation du « m-paiement » en Algérie. Lors d'une rencontre organisée à l'hôtel Hilton d'Alger, en collaboration avec le bureau de l'Union européenne en Algérie, CARE a convié un panel d'experts pour éclairer l'opinion et surtout le monde entreprenariat sur les bienfaits du m-paiement (paiement mobile) sur l'économie.

Ali Harbi, consultant international en stratégie et organisation d'entreprise depuis 1995, et Fodhil Kerkache, professionnel du secteur des télécoms depuis 2005, ont été invités, tour à tour, à donner des communications intéressantes sur ce mode de transaction méconnu des Algériens alors qu'il a pris de l'ampleur dans de nombreux pays africains, qualifiés dans un passé récent de « sous-développés » par l'Occident. Il faut savoir que les paiements mobiles désignent toutes les transactions effectuées depuis un téléphone mobile et débitées soit sur une carte bancaire, sur la facture de l'opérateur ou sur un porte-monnaie électronique, qui peut être alimenté avec un dépôt de cash auprès d'un agent ou d'un commerçant. Il y a 3 catégories de paiement par mobile, explique Ali Harbi. « Les paiements à distance comme le paiement mobile sur les sites de commerce électronique par exemple », « les paiements de proximité devant une borne » ou bien « les transferts d'argent de mobile à mobile ». Chaque catégorie de services peut utiliser des technologies spécifiques selon les usages. Les technologies suivantes, selon le conférencier, sont par exemple utilisées pour le paiement mobile : serveur vocal interactif, SMS, Internet mobile, USSD, NFC, code QR, bluetooth, NSDT. Ces moyens de paiement innovants font l'objet de nombreuses expérimentations par les opérateurs mobiles, les banques, certaines entreprises innovantes indépendantes, et les villes. La technologie Near Field Communication (NFC) devrait être dans quelques années la plus utilisée dans les pays développés pour permettre la communication entre le téléphone mobile et le service de paiement car elle utilise l'infrastructure monétique existante, explique M. Harbi qui souligne qu'en attendant, les méthodes de paiement les plus souvent utilisées actuellement par mobile demeurent encore les paiements à distance (m-commerce, paiement par SMS, appli). « Les pays où cette infrastructure NFC n'existe pas recourent également au paiement à distance », a-t-il déclaré non sans rappeler que le paiement à distance est très fréquent avec les achats d'applications pour mobile comme Apple Store ou Google Wallet en particulier. « Il est aussi possible de payer un e-commerçant en ligne avec son téléphone mobile, l'argent étant débité de son forfait (Allopass ou Smscoin) ou via sa carte bancaire avec PayPal ou Buyster», a ajouté notre expert qui note que le paiement à distance par mobile est également apparu pour les achats de tickets de transport mais également pour les paiements des tickets de stationnement à distance. « Avec l'apparition des Places de Marché mettant en relation des particuliers via Internet (covoiturage, location entre particuliers, plateformes d'échanges, petites annonces, monnaies cryptographiques), le paiement mobile à distance et en face-à-face entre particuliers trouve une nouvelle dimension et un nouvel usage, avec le paiement mobile non répudiable », soutient pour sa part Fodhil Kerkache. Ce dernier tient à préciser dans le même cadre que les services de paiement mobile à la livraison des objets achetés sur les sites de e-commerce, représentent également une opportunité pour le développement du paiement mobile. « Le paiement sans contact n'est pas encore massivement utilisé, mais différents projets existent : pour les cartes bancaires en technologie RFID, ou une variante pour les téléphones mobiles avec la technologie NFC », a-t-il indiqué, en rappelant pour sa part que le transfert d'argent de mobile à mobile est particulièrement développé dans les pays émergents où une grande partie de la population n'a pas de compte bancaire, notamment en Amérique du Sud et en Afrique subsaharienne. Selon le conférencier, au-delà des acteurs historiques du transfert d'argent domestique et international, de nombreux opérateurs téléphoniques proposent des comptes de monnaie électronique associés au numéro de mobile, permettant d'accéder à une gamme de services, notamment transfert d'argent, paiement de factures et achat de crédit téléphonique (Orangemoney à Madagascar et en Côte d'Ivoire, le compte nomade «CashWay» au Cameroun, Lemon Way au Mali, Tigo Cash ou Airtel Mobile au Tchad, M-Pesa au Kenya, Tanzanie et Afrique du Sud).

Le transfert d'argent de mobile à mobile, dit P2P Payment en anglais, se développe également en Europe depuis peu avec, entre autres, Kwixo, Lemon Way et Paypal, grâce à l'ouverture de la réglementation concernant la Directive des services de paiement européenne 2007/64/CE qui permet à des acteurs non bancaires d'exercer des services de paiement, conclut M. Kerkache.

Le développement des modes de paiement électronique, en particulier le m-paiement, permettra sûrement en Algérie une accélération de sa croissance, estime M. Harbi qui pense savoir également que cela va certainement influer sur le « développement de nouvelles activités », « l'inclusion des activités informelles » et « une croissance accélérée des activités existantes ».