Alors que l'opposition se cherche un second souffle pour
convaincre l'opinion publique qu'elle est capable d'incarner l'alternative
démocratique au pouvoir actuel, l'attaque frontale de Saadani
contre Ouyahia ramène le débat politique à sa juste
valeur. Même si le niveau du débat frôle le rase-mottes, les diatribes du SG du
FLN ont ce quelque chose de pragmatique qui déshabille complètement les
convictions des uns et des autres. Pour les romantiques d'une politique menée
la fleur au fusil, le rappel est brutal, sans concession. Saadani,
en demandant la tête de son ennemi intime, veut baliser le chemin à El Mouradia. Son ambition personnelle de succéder à Bouteflika
n'est un secret pour personne, on l'a rappelé maintes fois sur ces mêmes
colonnes, et le fait de s'en prendre derechef à Ouyahia
et réclamer publiquement son limogeage de son poste de chef de cabinet de la
Présidence est un signal fort en direction des faiseurs de rois. Saadani sait mieux que quiconque que la course à El Mouradia est engagée et le mal qu'il prend à essayer de
discréditer son pendant au RND trahit ses doutes. L'équilibre en haut lieu est
toujours de vigueur et les clans se neutralisent encore, sinon comment
interpréter ces appels du pied pour se débarrasser d'un présidentiable en
puissance ? Le message de Saadani est adressé à deux
destinataires et le timing n'est pas fortuit. En premier, à qui de droit, se
sentant en perte de vitesse, puis à l'opposition, présente hier à Zéralda pour la tenue de son deuxième congrès. Le message
adressé aux partis dits de l'opposition est clair : n'espérez aucun changement
puisque le futur président sera choisi en haut lieu. Et pour Saadani, le nouveau locataire d'El Mouradia
ne peut être que lui. La réaction d'Ouyahia et
surtout son avenir proche nous renseigneront sur la valeur exacte de ses
soutiens. Avec de telles attaques, le patron du FLN exclut toute réelle volonté
du régime à assainir puis démocratiser la vie politique. Son discours coupe
court à toutes les promesses institutionnalisées sur la transparence et la
propreté des futures élections. Comment réagira l'opposition ? Les Algériens
qui ont d'autres urgences quotidiennes, accablés par des augmentations de prix
assassines, ont la tête ailleurs. Et c'est l'objectif recherché. Reste alors
une opposition plus bavarde qu'entreprenante, se regardant le nombril,
attendant qu'on lui souffle la solution aux problèmes de ce pays, plus que
jamais aux mains de clans occultes.