Presque
désavoué par son Conseil de sécurité, le SG de l'ONU a été obligé de faire
marche arrière dans le dossier sahraoui, lui qui avait courageusement pris
option pour l'indépendance du Sahara Occidental lors de son voyage dans la
région début mars. Une visite historique qui n'allait pas passer sans accrocs
puisque même avant son début, le Maroc avait tout entrepris pour la faire
capoter. Le Makhzen ira jusqu'à interdire à Ban Ki-moon
de se poser sur son territoire pour inspecter la Minurso
basée à Laayoune. Le Maroc orchestrera une véritable
campagne de dénigrement contre la personne du SG, lui reprochant de parler
d'occupation du Sahara. Rabat, cherchant l'affrontement à tout prix, a expulsé
83 fonctionnaires civils de la Minurso présents à Laayoune tout en supprimant une contribution financière de
trois millions de dollars à la mission onusienne et fermant un bureau de
liaison militaire. Relayé par son porte-parole, Stéphane Dujarric,
le Sud-coréen a déploré un «malentendu», revenant sur la brouille diplomatique
entre l'ONU et le Maroc. Le SG a en outre déclaré «n'épargner aucun effort»
pour clore ce dossier. A propos du vocable «occupation», M. Dujarric
a expliqué qu'il «n'était pas prémédité ni délibéré» et que c'était plutôt «une
réaction spontanée, personnelle» au sort des réfugiés sahraouis que M. Ban a
rencontrés à Tindouf. Ce rétropédalage de Ban Ki-moon
peut s'expliquer par son lâchage de la part du Conseil de sécurité de l'ONU qui
ne l'a pas suivi dans ce dossier. Après l'amputation de la Minurso
de son personnel civil, le Conseil de sécurité de l'ONU avait été saisi le 17
mars dernier, mais sous l'impulsion des partisans de la solution marocaine, il
a préféré laisser à chacun de ses membres le soin de traiter individuellement
avec le Maroc pour tenter d'apaiser les esprits. De son côté, Ban Ki-moon qui a réuni les 15 membres du Conseil à l'occasion
d'un déjeuner pour leur demander de clarifier leur position sur cette affaire,
s'est heurté aux appuis marocains français et américains. Vendredi dernier, le
Conseil de sécurité publiait une déclaration unanime appelant à régler cette
querelle afin que la Minurso «puisse recommencer à
fonctionner pleinement», sans pour autant soutenir publiquement M. Ban ni
demander à Rabat de revenir sur sa décision. L'ONU estimant que la Minurso serait incapable d'organiser un référendum sur
l'autodétermination du Sahara avec le départ des membres civils de la mission,
son SG a été obligé de présenter ses excuses. «Nous regrettons les malentendus
et les conséquences que cette expression personnelle de sollicitude a
provoqués», a ajouté le porte-parole onusien réaffirmant que l'ONU, qui mène
une médiation, ne «prenait pas parti» dans ce dossier. L'objectif premier de
Ban Ki-moon est de permettre à la mission de
poursuivre son travail. Rappelons que le ministre des Affaires étrangères de la
République sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek, avait
véhémentement condamné la décision «irresponsable» du Maroc d'expulser les
civils de la Minurso. «Le gouvernement sahraoui et le
Front Polisario condamnent avec véhémence cet acte irresponsable de l'occupant
et lui endossent l'entière responsabilité des incidences qui en découleront si
elle est appliquée», avait-il indiqué dans un communiqué repris par l'APS. Par
incidences, le représentant du gouvernement sahraoui fait référence à la
reprise de la lutte armée puisque l'amputation de la Minurso
de son effectif civil équivaut ni plus ni moins qu'à condamner la principale
mission qui lui est dévolue en l'organisation d'un référendum. «Par cette
décision, le Maroc attise les tensions et pousse le peuple sahraoui à reprendre
la lutte armée», a tenu à prévenir le chef de la diplomatie sahraouie tout en
appelant le Conseil de sécurité de l'ONU, garant de la Minurso,
à assumer ses responsabilités.