Deux moments politiques identiques, mais deux démarches
politiques opposées, contradictoires et foncièrement antagoniques. L'une se
réunit pour revendiquer plus de démocratie, pour accélérer un changement
politique, l'autre pour discuter des périls et menaces contre la sécurité du
pays. Que retenir de ces deux positions, sinon que l'une est issue de
l'opposition et veut évincer la seconde qui s'accroche au pouvoir. Les deux
démarches ont pris le slogan de «rencontre nationale», sans que l'une ne
reconnaisse l'autre, sans possibilité, comme deux parallèles, d'une rencontre
nationale de tous les partis autour d'un dénominateur commun : la sauvegarde du
pays du péril terroriste, de la crise économique et du danger de l'implosion
politique. Ces deux tendances qui ont choisi de se réunir le même jour,
c'est-à-dire ce 30 mars, à quelques dizaines de kilomètres l'une de l'autre,
s'appellent pour la première «Initiative politique nationale pour le progrès
dans la cohésion et la stabilité», et la seconde «Instance de coordination et
de suivi de l'opposition» (ICSO). L'ICSO se fixe comme objectif, qui a baptisé
sa rencontre de Zéralda «Conférence nationale de
l'opposition», une transition vers un Etat démocratique. La seconde tendance,
par contre, privilégie au cours de sa rencontre au complexe Mohamed Boudiaf,
«le dialogue et la concertation comme voies pour aplanir les divergences,
concilier les intérêts, briser les clivages et faire converger les opinions».
Cette tendance, emmenée par le FLN, sans qu'il soit possible de confirmer
«l'intrusion» du RND, veut en fait fédérer à travers ce qu'elle qualifie
d'«initiative» tous les partis politiques autour d'un objectif principal :
soutien au président Bouteflika et à son programme. La première tendance, où
l'on retrouve le parti de l'ex-candidat à la dernière présidentielle Ali Benflis, l'ex-chef de gouvernement Benbitour,
d'anciens ministres et personnalités de la défense des droits de l'homme, est
tout aussi convaincue du bien-fondé de sa position:
balayer les partis au pouvoir et installer l'alternance démocratique. Au moment
où le FLN surfe sur les dangers et périls qui menacent le pays pour grossir le
rang de ses «soutiens» politiques, rognant encore plus les espaces du RND au
plus haut sommet de l'Etat et de ses partisans, les membres de l'ICSO, eux,
n'arrivent pas à passer à la vitesse supérieure et convaincre ceux qui vont aux
urnes sur leur démarche. Au final, les acteurs politiques algériens n'arrivent
pas à sortir de leurs clivages, de leurs antagonismes, de leurs différends, et
créer les conditions d'une vraie transition politique qui ouvrira la voie à la
bonne gouvernance. Et ne pas gruger un électorat blasé par des querelles de
chapelles, qui ne voit, lui, que ceux qui peuvent répondre à ses besoins
immédiats qui se résument en peu de mots : emploi, logement, sécurité,
amélioration du niveau de vie. Le reste, cela concerne ceux qui veulent
gouverner.