Avant l'heure, le concours de recrutement de 28 000 en seignants provoque confabulation et frustration. Simple
conjecture ou anticipation fondée d'un résultat préétabli, difficile de cerner
l'origine des ces assertions qui affirment sans
cligner des yeux que la liste des lauréats est, déjà, confectionnée dans une
chambre noire par un jury de passe-droits et de cooptation. On le répète
partout à ceux qui veulent bien l'entendre, dans le milieu du secteur de
l'éducation, dans les cafés, les restaurants et dans les discussions familiales
: ce n'est pas la peine de vous fatiguer, ou de nourrir l'espoir d'un succès à
ce concours des enseignants, car la liste des candidats admis est ficelée avant
de passer les épreuves du concours, annoncé pour le 30 avril prochain. Malgré
l'ouverture de l'autorisation de participation aux épreuves en faveur des
diplômés dans des filières jusque-là exclues par les conditions d'organisation
du concours, et le nombre important, imposant, de postes offerts par ce
concours, soit 28 000 enseignants à recruter à travers les trois paliers, qui
devrait proportionnellement alimenter les ardeurs chez les candidats, des
mauvaises langues trouvent encore à redire pour casser le moral des jeunes
diplômés universitaires. La tendance n'est pas nouvelle, cela remonte même à
très loin, cette façon de voir les choses à travers un prisme déformant.
Certains usent de cette stratégie pour démobiliser les candidats en leur
faisant croire que les dés sont jetés et multiplier, ainsi, leurs propres
chances de réussite après la démission morale de centaines de prétendants qui
auront cru à cette baliverne. D'autres visées, plus dangereuses, recourent à ce
procédé de déstabilisation pour créer un climat de désespoir au sein de la
population et faire le lit de l'amertume populaire. Et, faut-il le reconnaître,
il y a ce terrain fertile qui fait tout le reste, qui fait avaler n'importe
quel plat à une opinion médusée par ces agissements qui influent sur les
résultats des concours de recrutement hors des salles des épreuves. On a bien
vu des jeunes refuser des bulletins d'embauche, délivrés par les agences
d'emploi, lorsqu'ils sont orientés vers de grandes sociétés publiques où
l'opacité prime en matière de recrutement. Ils croient dur comme fer qu'ils
seront vomis à la porte du siège. A quoi bon se fatiguer et subir cet affront,
le candidat qui n'est pas épaulé par un piston solide n'à
aucune chance de subir un bref entretien, même s'il s'agirait tout juste de
faire semblant de sélection. Un sentiment d'aversion très répandu au sein des
jeunes. Et le secteur de l'éducation, qui garde les projecteurs braqués sur lui
à cause de sa vocation en matière de recrutement massif notamment, n'est pas
épargné par cette accusation de trier au volet les candidats. Ces dernières
années, le doute y a toujours plané à propos des résultats de différents
concours de recrutement où seul un entretien suffisait pour déclarer le
candidat admis ou recalé. Cette fois-ci, il y a l'examen écrit qu'on a introduit
au concours, en sus de l'entretien, pour plus de transparence, plus de garantie
quant aux capacités réelles des lauréats, mais sait-on jamais. Les gens sont
bien installés dans un moule réceptif des mauvaises nouvelles. Dur de leur
faire croire le contraire, mais pas impossible. Il faut tout simplement adopter
des mécanismes de transparence totale dans l'organisation du concours. Et, si
on arrive à limiter les dégâts des passe-droits à un taux de 10 %, on aura
réussi le pari de semer l'espoir au sein des jeunes. Mais, attention, les
candidats doivent ignorer les rumeurs, donner le meilleur d'eux-mêmes le jour «
J » et, surtout, savoir qu'il y a une épreuve de français, dont la note (moins
de 5/20) est éliminatoire. Cette disposition écarterait à coup sûr des
centaines de candidats au vu de la faiblesse du niveau d'instruction, en langue
française, des jeunes diplômés universitaires. Il faut avoir de forts arguments
si l'on viendrait, demain, soutenir que la liste des lauréats était ficelée.