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Le
constat établi, hier, par l'association des deux rives et leurs amis (ADDRA)
est sans appel.
La situation sociale des étudiants algériens, en France, est alarmante, selon le président de cette association, Yougourthene Ayad, qui animait une conférence de presse, au siège de la Ligue algérienne des Droits de l'homme (LADDH), à Alger. Le président de l'ADDRA (dont le siège est basé à Paris) est catégorique. La situation est telle, que certains étudiants, qui ont bénéficié de la part de l'ambassade de France d'un «visa étudiants», ne trouvent pas de quoi se nourrir. Ces étudiants, partis, poursuivre leur études en France, se retrouvent dans des situations inextricables, livrés à eux-mêmed, sans ressources ni appui des autorités consulaires algériennes, alors que les autres pays (Maghreb) apportent tous les soutiens imaginables à leurs compatriotes, à l'étranger. «Depuis quelques mois, nous ne cessons de recevoir des messages (courriers électroniques, SMS) de détresse de la part de quelques étudiants, exprimant des doléances que nous ne pouvons satisfaire. Les colis alimentaires, que notre petite association offre, ne résolvent, malheureusement, pas leurs problèmes», explique M. Ayad qui précise que c'est surtout le champ d'intervention de l'association, limité à la région ?Ile de France', qui restreint sa capacité d'action. «Précarité, solitude et parfois même dépression : la situation des étudiants algériens, en France, est alarmante. Face à cette triste réalité, notre Association ne peut fermer les yeux. En effet, plus de 26.000 étudiants algériens poursuivent, aujourd'hui, leurs études supérieures, dans des universités et écoles françaises, ce qui les place au troisième rang de l'ensemble des étudiants étrangers présents en France. Ce chiffre tend à augmenter vu la hausse du nombre de visas étudiants, délivrés par le consulat français, en Algérie (+5.4% en 2015)» est-il écrit, dans un rapport distribué aux journalistes. «Guidés par une farouche volonté de réussir, ils arrivent dans l'Hexagone, avec des rêves plein la tête! Mais, hélas, la réalité est, parfois, moins reluisante, nos étudiants se confrontent à de nombreuses difficultés et découvrent une France qui n'a rien à voir avec l'eldorado, tant espéré», ajoute la même source qui souligne que les étudiants se retrouvent, dans un contexte très préoccupant, livrés à eux-mêmes, puisqu'il n'existe aucune structure d'accueil. Ils sont confrontés à une triple précarité: administrative, sociale et pédagogique, les poussant, dans les cas les plus extrêmes, à commettre l'irréparable. Environ une dizaine d'étudiants se sont suicidés, en 2015, ce qui a, immédiatement, été relayé par les médias. L'un d'entre eux venait chercher, régulièrement, son colis alimentaire, auprès de l'Association, selon le conférencier. «Nous avons, également, recensé des demandes d'aides d'étudiants, résidant à Montpelier, Orléans, Lyon, Lille et à Grenoble», a tenu à signaler le président de l'ADDRA qui poursuit qu'à travers ce rapport «nous voulons, non seulement décrire une situation, mais également tenter de proposer des pistes d'amélioration, pour rendre le quotidien des étudiants algériens, plus facile. Pour ce faire, nous devons nous poser les bonnes questions à savoir : Le Campus France installé en Algérie leur offre quel type de services ? Les conditions de délivrance du visa ? Une fois en France, quelles sont les difficultés rencontrées ? Quelle en sont les causes ? L'Etat algérien, assume-t-il son rôle de protection et d'accompagnement de ses étudiants ?». «Campus France est le premier organisme auquel l'étudiant algérien doit s'adresser, dans le cadre de ses démarches pour étudier en France», rappelle M. Yougourthene qui note que les difficultés commencent, avec cette première étape, sachant qu'il n'existe que cinq centres Campus France, sur tout le territoire algérien (Alger, Annaba, Constantine, Oran, Tlemcen), pour répondre à entre 17.000 à 25.000 demandes, chaque année. « Cela est très insuffisant et engendre de grosses difficultés, liées, principalement, à un manque d'organisation et aux délais de traitement, souvent trop longs, cette démarche peut s'avérer, encore, plus difficile pour les étudiants ne vivant pas à proximité de l'un de ces centres, devant parcourir plusieurs centaines de kilomètres, dans l'espoir d'avoir, ne serait-ce que des renseignements», explique le conférencier qui évoque également, des prestations qui sont proposées à des tarifs très élevés (8.000 DA pour les différents tests de langue française, 8.000 DA pour frais de dossier) et ne cessent d'augmenter d'année en année. Une fois, le fameux sésame obtenu (visa étudiant), les étudiants algériens sont confrontés à d'autres obstacles, note le président de l'ADDRA qui cite «l'absence d'organisme d'accueil et d'orientation» et difficultés d'accès aux services universitaires». «L'hébergement reste l'un des soucis majeurs, dans la mesure où les étudiants algériens ont un accès limité aux services d'hébergement des centres régionaux des ?uvres universitaires et scolaires (CROUS)», a tenu à souligner le président de l'ADDRA qui note qu'une convention signée avec la direction de la Cité universitaire internationale de Paris, en 2005, devait, pourtant, aboutir à l'édification d'une maison dotée d'une capacité d'accueil de 250 lits. Mais, à ce jour, ce projet est toujours, en attente, de réalisation. Résultat, les étudiants algériens doivent faire preuve d'un sens accru de la débrouillardise pour s'en sortir. Démarches préfectorales pénibles Le 26 janvier 2016, lit-on dans le rapport, le projet de loi relatif aux droits des étrangers, a été adopté à l'Assemblée nationale, en France. Parmi les mesures-phares de ce projet, le titre de séjour pluriannuel, généralisé à tous les étudiants étrangers, un avantage dont les étudiants algériens ne peuvent bénéficier car ces derniers n'ayant, toujours, le droit qu'à un titre de séjour d'une validité d'une année renouvelable sous conditions ; ce qui constitue un handicap dans leur quotidien. «La contrainte de faire, chaque année, plusieurs allers-retours à la préfecture, pour pouvoir déposer un dossier, connaître son avancement, retirer son titre de séjour», «L'absentéisme des cours et des examens, dû à ces démarches contraignantes et répétitives» et «l'interruption des Aides pour le logement (APL), le temps de renouveler son titre de séjour», sont quelques problème énumérés, dans le rapport qui attire, aussi, l'attention sur «le traitement des dossiers, qui lui aussi, peut différer d'un département à un autre, pour une procédure, pourtant, unique». Le rapport précise, également, que les étudiants algériens, quand ils arrivent en France, avec un visa d'une durée de 3 mois, doivent faire une demande de carte de séjour, dans les 2 mois suivant leur date d'entrée en France, pendant que leurs camarades d'autres nationalités ont des visas d'une année pour la première année en France. Par conséquent, l'étudiant se voit vivre une situation handicapante, où il ne peut ni travailler, ni voyager, jusqu'à la délivrance de son premier titre de séjour. L'accès au travail, un autre parcours du combattant Afin de compléter sa formation par une première expérience professionnelle, en France, l'étudiant étranger, une fois diplômé, a, en principe, la possibilité de solliciter une autorisation provisoire de séjour qui lui déverrouille l'accès au marché de l'emploi, elle permet, ainsi, à son détenteur de rester sur le sol français, pendant une période de 6 mois renouvelable, une seule fois, relève le même rapport qui soutient que les étudiants algériens sont, encore, une fois exclus de ce dispositif, ce qui les conduit à entamer les recherches d'emploi, pendant leur cursus et les met dans l'obligation d'intégrer, impérativement, la vie active avant l'expiration de leur titre de séjour. Les jeunes diplômés algériens, en plus d'être exclus de l'APT (Autorisation provisoire de travail), le sont, également, des métiers « en tension » et donc la situation de l'emploi leur est opposable, même pour ces métiers-là, obligeant, ainsi, l'employeur à fournir des justificatifs de difficultés de recrutement, pour le poste en question, et prouver des recherches préalables de candidats français, restées infructueuses, souligne-t-on dans le rapport qui note que ces contraintes, applicables aux seuls ressortissants algériens, dissuadent les entreprises de les recruter. «Une fois arrivé en France, le lien qui lie ces Algériens à leur patrie est, complètement, rompu» dira, Massi, un membre de l'Association qui soutient que plus de 97% des étudiants interrogés, durant trois mois, par l'Association, ont affirmé qu'ils n'ont pas reçu d'aide des consulats algériens quand ils les ont sollicités. Le conférencier affirme qu'il existe plus de 400.000 cadres supérieurs qui travaillent en France et qui constituent un véritable vivier pour leur pays d'origine mais qui sont, malheureusement, malmenés dans les consulats pour un simple extrait de naissance S12. |
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