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Nouveau rappel à l'ordre autant aux autorités marocaines d'occupation
qu'à leurs alliés sur le dossier pendant de la décolonisation du Sahara Occidental.
Après le geste grave du Maroc d'expulser une grande partie du personnel de la Mi nurso et de suspendre sa contribution financière pour son fonctionnement, en réaction à un simple rappel du SG de l'ONU pour la relance du processus de paix dans la région, le Conseil de sécurité a appelé pour le retour ?'au fonctionnement normal'' de la mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental. C'est jeudi que le Conseil de sécurité a lancé son appel, sinon son souhait pour que la Minurso «puisse recommencer à fonctionner pleinement». Les 15 membres du Conseil ont préconisé lors de leur réunion le règlement «de manière constructive et complète et par la coopération» de la crise entre le Maroc et l'ONU, née des manœuvres dilatoires et provocatrices de Rabat contre la personne du SG de l'instance onusienne et ses efforts de sortir le dossier du Sahara Occidental de 24 années de l'impasse dans laquelle il a été mis par le Maroc. En outre, les mesures de rétorsion de Rabat risquent, selon l'ONU, de rendre bientôt cette mission, forte de 500 hommes, civils et militaires, incapable de remplir le mandat que le Conseil lui a confié en 1991. A l'issue de trois heures de discussions, le président du Conseil pour le mois de mars, l'ambassadeur angolais Ismael Gaspar Martins, a indiqué que les pays du Conseil «ont exprimé une grave inquiétude» face à cette situation et ils ont rappelé que les 16 missions de la paix de l'ONU dans le monde sont déployées sur instruction du Conseil «pour mener à bien des tâches cruciales». Mais l'ambassadeur s'est contenté d'indiquer que les contacts bilatéraux avec Rabat allaient continuer. «Nous sommes inquiets et c'est un problème qu'il faut résoudre», a-t-il expliqué. «L'expression du Conseil de sécurité est résolument constructive», estime l'ambassadeur français François Delattre. Quant au représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, il a salué le fait que le Conseil ait appelé au retour au fonctionnement normal de la Minurso. Ahmed Boukhari rappelle cependant que le conseil de sécurité n'a pas «adressé un message plus fort aux Marocains, qui sont les principaux responsables de cette situation». Mercredi dernier, un responsable de l'ONU avait même accusé, devant des journalistes, le Maroc de violer la Charte de l'ONU et de lancer «un défi direct au Conseil de sécurité». La Minurso avait été, rappelle-t-on, mandatée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu et préparer un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental, occupé en 1975 par le Maroc après le retrait de l'Espagne du territoire. Tous les efforts de l'ONU pour organiser un référendum d'autodétermination pour ce territoire non autonome ont été bloqués par le Maroc, avec l'appui de certains membres permanents du Conseil de sécurité. L'appel de M. Ban Ki-Moon à l'issue de sa tournée fin février dernier dans les territoires sahraouis libérés et aux camps de réfugiés pour la relance de la médiation de l'ONU, dans l'impasse depuis de nombreuses années, et notamment l'organisation d'un référendum à travers une reprise des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario avait provoqué la colère de Rabat, rappelle-t-on. Droits de l'homme en bandoulière A la veille de la réunion du Conseil, des membres du Congrès américain ont rappelé que les Etats-Unis ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et le considèrent comme «un territoire non autonome en attente de décolonisation». ?'Tom Lantos'', la commission des droits de l'homme du Congrès américain, a, lors d'une audience mercredi au siège du Congrès marquée par la présence de personnalités politiques américaines, de membres d'ONG des droits de l'homme dont Human Rights Watch, et d'ancien responsables de la Minurso, a levé toute équivoque sur la position du gouvernement américain à l'égard de la question sahraouie. «Nous devons être clairs, les Etats-Unis n'ont reconnu la souveraineté d'aucun Etat sur les territoires du Sahara occidental qu'ils considèrent plutôt comme un territoire non autonome en attente de décolonisation», a déclaré le démocrate John Conyers, durant cette première audience tenue par cette commission sur le Sahara Occidental. Il a également rappelé les positions des officiels américains dont l'ex-secrétaire d'état James Baker, qui a renoncé à poursuivre sa médiation au Sahara Occidental après le refus du Maroc de s'aligner sur son plan prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui. Le représentant de l'Etat de Michigan au Congrès a, par ailleurs, indiqué que les dernières mesures du Maroc visant à pervertir la Minurso a donné l'occasion au gouvernement américain et aux autres membres du Conseil de sécurité de confirmer «les objectifs inavoués du Maroc, qui cherche une solution au conflit en dehors du cadre des Nations Unies». Il a appelé par ailleurs son gouvernement à appuyer au Conseil de sécurité la proposition de doter la Minurso d'un mandat de surveillance des droits de l'Homme au Sahara Occidental. Car pour James Mc Govern, coprésident de la commission Tom Lantos,'»en dépit des relations qui lient les Etats-Unis au Maroc, le respect des droits de l'homme doit primer sur tout autre intérêt car ce principe représente un élément essentiel dans le maintien de la sécurité dans la région», appelant les autorités marocaines à autoriser les observateurs des droits de l'homme des Nations Unies à accéder sans restrictions aux territoires sahraouis occupés et à libérer les prisonniers politiques du Front Polisario. Il a également rappelé que ?'les enquêtes sur les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés sont rendues difficiles en raison des restrictions imposées aux ONG et à la presse», par les autorités d'occupation, relevant le rôle humanitaire de l'Algérie qui a accueilli ?'des milliers de réfugiés sahraouis ayant fui leur territoire pour échapper aux affres des violences exercées par les autorités marocaines.'' ?'La tenue de cette audition intervient à un moment très critique pour le peuple du Sahara Occidental et pour la mission de la Minurso, visée par une attitude négative de la part du Maroc'', relève de son côté le républicain Joseph Pitts, estimant que le Conseil de sécurité, qui va reconduire le mandat de la Minurso le mois prochain, est ?'appelé à renforcer la surveillance des droits de l'Homme dans ces territoires.'' Enfin, la présidente de la Fondation Kennedy, Kerry kennedy, a accusé le Maroc d'avoir dépensé 3,1 millions de dollars aux Etats-Unis en 2014 pour des opérations de lobbying visant à améliorer son image ternie par les violations quotidiennes des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. ?'Contrairement aux obstacles qu'il dresse aux enquêtes sur les droits de l'homme, le Maroc a agressivement dépensé rien qu'aux Etats-Unis 3,1 millions de dollars en 2014 dans le lobbying et les relations publiques'', rappelant, elle également, que le Maroc empêche toujours les défenseurs des droits de l'homme au niveau local de recenser les dépassements et les violations des droits de l'homme. Au cours des deux dernières années, le Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l'homme a recensé 56 arrestations arbitraires, 50 cas d'abus commis contre des prisonniers politiques, 84 violations des droits politiques et 31 autres cas de restriction à la liberté de mouvement. «Nous sommes convaincus qu'il est dans l'intérêt des Etats-Unis de soutenir les droits du peuple sahraoui, y compris son droit à l'autodétermination», a-t-elle souligné. |
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