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Le Maroc, pays occupant militairement et administrativement
le Sahara Occidental, avec l'appui direct ou non de pays membres du Conseil de
sécurité, défie toujours, 41 ans après l'invasion de ce territoire, les Nations
Unies. Il le fait tant et si bien que le Conseil de sécurité, réuni jeudi,
n'est pas allé jusqu'à le condamner et lui intimer de se conformer, sous peine
de sanctions, aux résolutions onusiennes et de ses propres résolutions, après
le geste d'''enfant gâté'' avec lequel il s'est illustré en expulsant le personnel
de la Minurso.
L'instance suprême des Nations Unies n'a pas également soutenu son SG, le diplomate coréen Ban Ki-moon, qui a eu le courage, contrairement à ses prédécesseurs depuis le Péruvien De Cuellar, de dénoncer en des termes très policés, et en tant que secrétaire général de l'ONU, l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc. Après avoir également rappelé que le processus référendaire pour ce territoire, longtemps mis au fin fond des tiroirs de la diplomatie à géométrie variable de l'ONU et au gré des secrétaires généraux qui s'y succèdent depuis 1991, doit revoir le jour. Les membres du Conseil de sécurité ont surtout, mais ce n'est guère là une surprise, ménagé le Maroc et lui ont offert une porte de sortie à la crise qu'il a provoquée avec l'ONU et les agressions verbales contre son SG. Que peut en effet signifier ce «souhait» du Conseil de sécurité pour que la Minurso puisse reprendre normalement sa mission, alors que le Maroc, puissance occupante identifiée en tant que telle par la Charte de l'ONU et la Cour internationale de justice (CIJ), sinon que cette instance confirme une fois de plus qu'elle est une coquille vide et qu'elle l'a toujours été depuis le début. Les veto US ou français, même anglais, ont toujours empêché l'ONU d'organiser, depuis le cessez-le-feu en 1991, un référendum populaire pour déterminer démocratiquement l'avenir de ce territoire. Il ne fait aucun doute que le véritable rempart à une avancée sérieuse de ce dossier demeure ce même Conseil de sécurité, qui a toujours défendu, sinon soutenu les thèses d'une des deux parties au conflit. Cela est d'autant frustrant pour les dirigeants sahraouis qui ont toujours soutenu qu'ils respecteront la volonté de leur peuple dans le cas d'un processus référendaire organisé sous l'égide des Nations Unies. Car si Rabat a proposé et maintenu ?'sa solution'', celle de l'autonomie du territoire, ou ce que l'on appelle la troisième voie, il y a toujours sur la table les deux autres propositions, celles de l'indépendance ou l'intégration pure et simple au Royaume du Maroc. Or, l'issue d'un référendum au Sahara Occidental ne devrait pas faire l'objet d'un doute sur ses véritables enjeux, à équidistance entre les appétits capitalistes pour les richesses de ce territoire et politiques pour certains pays membres du Conseil de sécurité, hostiles à l'idée d'un Maghreb à six. D'autant que, sur un autre plan, le royaume chérifien, en sous-traitant des puissances occidentales dans la région, est considéré comme «le parfait barbouze» à tout faire, pourvu que l'on ne touche pas à sa prise. Une fois de plus, et comme l'a rappelé le représentant du Polisario à l'ONU, le Conseil de sécurité s'est bien gardé «d'adresser un message plus fort au Maroc». |
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