Si
la greffe rénale est devenue ?'une banalité» en Algérie, selon le professeur
Tahar Rayan, chef du service néphrologie à l'hôpital Nefissa Hamoud (Ex-Parnet), il reste que le nombre de ce type d'interventions
chirurgicales est faible. Le professeur Rayan a
affirmé, hier mercredi à la radio nationale, qu'il y a 20.000 patients
hémodialysés, dans l'attente d'une transplantation rénale et plus de 10.000 qui
attendent une greffe rénale. ?'Les proportions dans notre pays se rapprochent
des statistiques dans le monde, nous sommes dans la limite de la normale, mais
on accuse un déficit énorme en transplantation rénales avec seulement 265
greffes l'année dernière.» Mais, ?'c'est une évolution par rapport à 2014 avec
une hausse de 70 greffes. On doit améliorer nos efforts, ces patients ont été
transplantés à partir de donneurs apparentés», estime t-il.
Selon le professeur Rayan, deux greffes rénales sont
effectuées par semaine à l'hôpital Nefissa Hamoud, ?'c'est un geste anodin, mais le chiffre de 265
n'est pas élevé», car les donneurs sont des parents. ?'Les donneurs vivants se
présentant aux 13 centres de greffes peuvent être greffés rapidement». Pour
autant, ?'le nombre de greffes de personnes non apparentées ne dépasse pas les
11 transplantations dans notre pays», déplore t-il,
soulignant que ?'nous allons exploiter à fond la loi 85.05 (article 166, NDLR).
Nous sommes couverts, mais par contre il ne faut pas changer ou supprimer cette
loi.» Le gros problème pour les transplantations rénales, selon lui, réside
dans les greffes de personnes décédées ou en état de mort encéphalique. ?'Nous
avons 90% de refus pour des prélèvements sur des donneurs décédés, les parents
refusent», ajoutant que ?'c'est un travail de longue haleine car notre société
est imperméable par rapport aux personnes décédées.» ?'Le dernier mot revient à
la famille pour le don d'organes, et jusqu'a
maintenant les familles qu'on a sollicité ont refusé. Dans notre société,
l'autorisation de la famille est importante et c'est difficile de faire des
prélèvements d'organes dans notre société», explique-t-il. Selon le professeur Rayan, ?'60% de nos patients dialysés peuvent être greffés,
et même 1/3 des patients en dialyse sont susceptibles d'être greffés, mais il
nous reste la majorité des patients qui n'ont pas trouvé de donneurs.» Et,
?'sur les 325 greffes faites l'année dernière, il y a eu 85% de réussites, les
explorations sont les même qu'ailleurs, on n'a plus ou très peu de rejets de
greffes», souligne t-il, rappelant que ?'nous faisons
des greffes rénales depuis 1986, nous avons 30 ans d'expérience, la greffe
rénale s'est banalisée, les résultats sont très bons.» L'Algérie compte 350
centres d'hémodialyse, mais ?'il y aura un problème avec les médicaments qu'on
va utiliser pour les traitements avec les immunodépresseurs», des médicaments
qui ont la capacité d'atténuer ou de supprimer les réactions immunitaires de
l'organisme. Ces médicaments sont prescrits, essentiellement, après les greffes
afin de limiter les phénomènes de rejet. Or, ces médicaments ne seront plus sur
le marché national, ils ne seront plus disponibles, selon lui. Et d'indiquer
que ?'pour les greffes, on favorise les enfants, car un enfant ne doit pas
rester trop longtemps à se faire dialyser, car cela affecte la croissance ».
?'Nous avons 100 enfants chaque année pour qui il faut trouver une solution.»
Catégorique sur le fait qu'»il n'y a pas de trafic ou de détournement d'organes
en Algérie», le professeur Rayan a plaidé par contre
pour ?'développer la greffe rénale à partir de morts encéphaliques.»