Alors
que le retour de Chakib Khelil continue de
monopoliser l'actualité nationale, les dernières informations rapportées sur
son intention de poursuivre l'ex-patron du DRS, un ancien ministre de la
Justice et un ancien procureur général, ne feront certainement pas retomber la
pression autour de ce dossier.
L'arrivée
jeudi à Oran de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines serait vraisemblablement
le prélude à un grand déballage médiatico-judiciaire,
amorcé en amont par les déclarations sibyllines de Amar Ghoul
sur la réhabilitation des cadres de la Nation et annoncé plus clairement par le
SG du FLN, Amar Saadani, à peine quelques jours plus
tard. Le quotidien «Le Soir d'Algérie» croit savoir, en prolongement de ce
retour, que Chakib Khelil devra déposer plainte
contre le général de corps d'armée à la retraite, Mohamed Médiène,
dit Toufik, l'ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi,
et l'ancien procureur général de la Cour d'Alger, Belkacem
Zeghmati, qui avait émis des mandats d'arrêt
internationaux contre lui ainsi que des membres de sa famille à l'été 2013.
L'information rapportée par le quotidien national n'a pour le moment pas été
confirmée par l'intéressé ou son entourage. Quoi qu'il en soit, si pareille
décision devait être prise, ça serait une première dans l'histoire du pays mais
tout laisse à croire qu'il en serait autrement. Les
défenseurs de Khelil, Saadani
en tête de pont, ont accusé le DRS d'avoir fabriqué de fausses preuves pour
faire plonger l'ex-ministre et à travers lui frapper Bouteflika. La mise à la
retraite de Toufik a été le prélude à une attaque frontale contre l'homme et
son institution. Si Chakib Khelil ne s'est toujours
pas exprimé depuis son retour, d'autres voix, par contre, se sont fait entendre
entre critique, indifférence et soutien appelant la justice à jouer son rôle.
Le ministre de l'Intérieur, interrogé sur l'accueil officiel de Khelil à l'aéroport d'Oran, a déclaré que sa réception n'a
rien d'extraordinaire puisqu'elle est d'usage pour tous les anciens ministres.
Pourtant difficile de croire à une explication aussi standardisée dans ce cas
précis alors que l'opposition politique estime que le dossier Khelil est une provocation pour le peuple algérien. Tout
porte à croire à un wait and see
de l'ancien homme fort du pouvoir algérien, démis de ses fonctions après un
scandale de corruption à la Sonatrach, l'éclaboussant
lui et les cadres dirigeants de la compagnie nationale des hydrocarbures.
Rappelons qu'après le mandat d'arrêt international lancé contre lui par la Cour
d'Alger, Chakib Khelil avait clamé son innocence,
depuis Washington, niant au passage sa nationalité américaine, comme annoncée
par Belkacem Zeghmati, et
rapportée par la presse nationale. Il avait également démenti formellement une
quelconque relation avec les affaires de corruption qui ont touché Sonatrach et affirmant être disponible pour répondre aux
convocations des juges. Quant aux informations faisant état de sa fuite
précipitée hors du pays, il précisera qu'à aucun moment il n'a fui l'Algérie et
qu'à sa dernière visite au pays, il avait accompagné tout naturellement son
épouse qui a embarqué vers la Jordanie à partir de l'aéroport international
d'Alger. Il dira aussi ne pas comprendre l'implication de sa famille dans ce
scandale, se déclarant surpris. «Ma femme et mes enfants n'ont aucune relation
avec mon travail», avait précisé l'ex-ministre. Le procureur général de la Cour
d'Alger avait annoncé que neuf mandats d'arrêt internationaux avaient été
lancés contre des personnes impliquées dans l'affaire de corruption Sonatrach II, dont Chakib Khelil,
sa femme et ses deux enfants.