Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Khelil revient innocenté et avec des espérances

par Kharroubi Habib

L'information confirmée du retour au pays de l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil a fait l'effet d'une bombe en dépit que l'opinion publique s'attendait à ce que cette très controversée personnalité décide de mettre un terme à son exil, rassurée par la neutralisation du DRS et de ses cadres à l'origine des enquêtes l'ayant impliquée dans les affaires de corruption dans la Sonatrach et par les conclusions de celle diligentée sur instruction du chef de l'Etat et qui l'aurait, semble-t-il, totalement blanchie.

En tout cas, Khelil n'a rien de fâcheux à craindre après son retour au pays comme l'a donné à comprendre l'accueil que lui ont réservé les autorités locales d'Oran ville par l'aéroport de laquelle il est rentré. C'est sans aucun doute après concertation avec le plus haut niveau de l'Etat qu'il a pris sa décision.

Ce dont le patron du FLN et d'autres personnages de la majorité présidentielle ont été dûment avisés et instruits de plaider pour le retour du très controversé ex-ministre de l'Energie et faire entrevoir qu'il doit s'accompagner de sa réhabilitation.

L'homme qui revient au pays est pour les uns un corrompu qui a fait un tort irréversible à l'Algérie, pour les autres la victime de règlements de comptes. Les premiers voient dans son retour le triomphe du clan « maffieux » dont il a servi les intérêts et qui ne l'a jamais lâché et va probablement lui faire reprendre du service. Les seconds la conséquence normale du « triomphe » de la vérité qui est qu'il a été la victime « innocente » d'une cabale montée contre lui par le DRS ayant visé à salir le président de la République en personne.

Pourfendeurs et défenseurs de l'ex-ministre sont paradoxalement d'accord dans son cas que la justice du pays a été constamment bafouée. Les uns au constat qu'elle a été sommée d'entériner la réhabilitation de Khelil induite par son retour au pays. Les autres parce qu'elle aurait été instrumentalisée pour donner corps à la cabale montée contre lui.

Pour un avocat qui a été constitué dans les affaires Sonatrach, Maître Khaled Bourayou, il ne fait en tout cas aucun doute que cette justice a été bafouée car selon lui en l'occurrence le « système judiciaire a agi sous l'effet des décideurs » et a été « perverti » par la politique. Le même avocat estime très pertinemment que dans la logique qui a permis son retour au pays, lavé des accusations qui ont été portées contre lui, Chakib Khelil « doit se retourner contre la justice algérienne pour l'avoir souillé puisqu'il revient et innocenté ». L'affaire Khelil n'en est pas pour autant classée après son retour au pays comme semble le penser Maître Bourayou.

Ce qu'elle a révélé de nauséabond dans la façon dont les dirigeants du pays gèrent leurs conflits, a écœuré les Algériens à un point tel qu'ils pourraient se laisser aller à l'imprévisible pour ce milieu.

L'ironie du hasard a fait que le retour de Chakib Khelil a coïncidé avec les manifestations d'une ampleur sans précédent intervenues au Brésil contre la corruption qui mine leur pays et dont leur entreprise pétrolière nationale Petrobras en a été le révélateur. La coïncidence pourrait donner exemple aux Algériens écœurés et révoltés. Le retour de Khelil entérine certes la victoire de son clan politique contre celui qui a cherché à l'enfoncer, mais pour les Algériens cette victoire ne signifie nullement qu'ils sont débarrassés des pratiques du système auquel les deux clans appartiennent et à qui ils dictent leur arrogance et mépris et à l'endroit du peuple algérien et de sa dignité.