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La
brouille semble s'installer entre le Maroc et l'ONU, après la visite de Ban Ki-moon, au Sahara Occidental, en vue de relancer les
négociations, entre Rabat et le Polisario. Incapables d'entraver cette tournée
historique du SG de l'ONU ou du moins la retarder, les Marocains ont opté pour
la diversion. Une attaque, en deux temps, du Maroc, contre la propre personne
de Ban Ki-moon, accusé, mardi dernier, dans un
communiqué du ministère des Affaires étrangères, d'avoir commis des «dérapages
verbaux, de faits accomplis et de gestes de complaisance injustifiés». Les
Marocains n'ont pas digéré le mot «occupation» utilisé par le Sud coréen, pour décrire le statut du Sahara Occidental.
Dimanche, des centaines de milliers de manifestants, selon un journaliste de
l'AFP, se sont rassemblés, à Rabat, pour protester contre «le manque de
neutralité» de Ban Ki-moon, sur le dossier du Sahara
Occidental. La manifestation était organisée à l'appel de plusieurs partis et
syndicats et revendiquée par des ministres en exercice. Si, dans un premier
temps, l'organisation onusienne a répondu, jeudi dernier, dans une déclaration,
tout en retenue, par le truchement de son porte-parole, Farhan
Haq, affirmant la position de neutralité du SG et des Nations unies, sur ce
dossier. Ce rappel à l'ordre n'a pourtant pas tempéré les ardeurs marocaines,
certaines de l'appui des monarchies du Golfe et surtout du parti pris français.
Ce lundi soir, et après l'entrevue de M. Ban avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, à New York, l'ONU a voulu trancher dans le vif concernant ces attaques frontales. Le communiqué onusien a le mérite d'être clair et sans fioritures diplomatiques, dénonçant la manifestation de Rabat qui a visé la personne de son SG. Ban Ki-moon a, également, demandé à Salaheddine Mezouar des précisions concernant la présence de plusieurs membres du gouvernement marocain, parmi les manifestants, comme il lui a exigé de veiller à ce que l'Organisation des Nations unies jouisse du respect, au Maroc. L'ONU a rappelé l'objectif de la visite de son patron, dans la région, en indiquant qu'il visait à relancer les négociations, entre les deux parties du conflit pour trouver une solution politique à même d'aboutir à l'autodétermination du peuple sahraoui par voie de référendum. L'Organisation a regretté que cet objectif ait été déformé par les manifestants et leurs commanditaires en faisant référence au gouvernement marocain, dont des ministres ont assumé, publiquement, leur participation à cette manifestation. Ban Ki-moon, conscient du poids de la France, dans la balance, s'est dit déterminé à inscrire le dossier sahraoui, dans l'agenda de l'ONU, avant la fin de son mandat, en 2016. Lui, qui s'apprête à présenter, en avril prochain, son rapport sur le Sahara Occidental, au Conseil de sécurité, n'ignore pas l'influence qu'exercent certains membres de cet organe sur le dossier sahraoui, en allusion à Paris qui bloque tout progrès dans le règlement de ce conflit conformément, à la légalité internationale. Ce n'est pas la première fois qu'un froid s'installe entre Ban Ki-moon et Rabat, puisque, en avril 2014, il avait présenté un rapport devant le Conseil de sécurité, recommandant l'instauration d'un «mécanisme de surveillance des droits humains soutenu, indépendant et impartial», démarche qui n'avait pas plu aux Marocains alors. Rabat, à travers la personnalisation du conflit, essaye de gagner du temps, tablant sur le fait accompli, attendant de concrétiser les promesses d'investissements saoudiens, dans les villes occupées, espérant que Bruxelles casse le jugement de la Cour européenne, quant à l'accord agricole entre les deux parties et que le prochain SG de l'ONU ne soit pas, aussi, regardant sur le dossier sahraoui. |
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