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Il ressort des déclarations faites à la veille de
l'ouverture à Genève prévue pour aujourd'hui des négociations sur la Syrie,
tant par le négociateur en chef de l'opposition syrienne le salafo-takfiriste
Mohammed Allouche que par le ministre syrien des
Affaires étrangères Walid Mouallem qui conduit la
délégation de Damas, que l'issue des discussions reste très incertaine et même
vouée à l'échec tant le fossé est grand entre ce que les deux camps en sont
venus défendre.
Le négociateur en chef mandaté par le Haut comité des négociations (HCN), la coalition d'opposants et de groupes armés syriens qu'appuient des pays occidentaux, ainsi que la Turquie et des Etats arabes, a en effet averti que l'opposition n'a rien à négocier avant « la chute ou la mort de Bachar El Assad ». Ce à quoi le ministre des Affaires étrangères de Damas a répliqué « nous ne négocierons avec personne qui veut discuter de la présidence. Bachar El Assad est une ligne rouge et si les dirigeants de l'opposition veulent continuer avec cette position, c'est mieux qu'ils ne viennent pas à Genève ». L'on voit que le sort du président Bachar El Assad est la pomme de discorde susceptible de condamner à l'impasse ce nouveau round des négociations censées mettre fin au conflit dévastateur dont la Syrie est le théâtre depuis 2011. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a bien entendu anticipé que la question du sort du président Bachar El Assad met en péril le processus de négociations qu'il est chargé de conduire et a cru avancer une feuille de route dont les dispositions recueilleraient l'aval des deux camps syriens antagonistes. Sa feuille de route prévoit l'organisation d'élections en Syrie sous l'égide de l'ONU y compris l'élection présidentielle. Ce qui n'a satisfait ni le camp du régime ni l'opposition. Le premier parce qu'il y voit un dépassement de la ligne rouge qu'est pour lui le sort du président El Assad, le second parce qu'elle ne fait pas un préalable de l'exclusion de celui-ci de la période de transition et donc de son départ immédiat. Il est par conséquent à prévoir que les parties syriennes vont camper sur leurs positions respectives et qu'il n'en résultera aucune possibilité de dialogue entre elles ce qui provoquerait une fin rapide des négociations. A moins que les tractations diplomatiques qui ont eu cours tout au long des semaines qui ont précédé l'ouverture de la rencontre de Genève entre Washington et Moscou mais aussi entre ces capitales et leurs alliés internationaux respectifs impliqués dans le conflit syrien ont permis l'adoption d'un plan de règlement du conflit que ses protagonistes syriens se verront contraints de négocier et d'accepter. A ce titre, il nous apparaît que l'entretien que John Kerry a eu à Ryadh il y a trois jours avec le roi Salmane d'Arabie et ses principaux ministres est conclu par des résultats dont la nature va être déterminante pour l'issue des négociations de Genève. Si comme tendent à le croire des observateurs les Etats-Unis et John Kerry ont renoncé à exiger le départ immédiat de Bachar El Assad et à vouloir la chute de son régime pour cause de priorité américaine à la lutte contre l'organisation terroriste Daech, le secrétaire d'Etat aurait plaidé dans ce sens auprès de l'allié saoudien. La question est de savoir s'il lui a fait entendre raison et à travers lui à l'opposition sous influence du royaume. Il ne paraît pas être parvenu au regard de la déclaration faite à Genève par Mohammed Allouche, le porte-voix de la monarchie wahhabite au sein du HCN dont il partage le projet qu'elle veut faire aboutir pour la Syrie et que rien ne différencie de celui de Daech sinon qu'il n'y est pas question d'un « khalifat islamique » englobant l'Arabie saoudite débarrassée de la famille régnante des Al Saoud. |
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