Les monarchies du Golfe viennent d'estampiller le Hezbollah
groupe terroriste alors qu'il est un parti politique officiel au Liban.
L'annonce, en elle-même, n'est pas une surprise tant on connaît l'inimitié de
ces pays à l'organisation de Hassan Nasrallah et leur rapprochement suspect
avec Israël. L'histoire rappellera que les mêmes Etats, Koweït, Bahreïn, Qatar,
Emirats arabes unis et Oman, à leur tête l'Arabie saoudite, avaient déjà placé
le Hezbollah sur leur liste noire, six jours après que Bruxelles eut inscrit la
branche militaire du mouvement chiite sur la liste des organisations
terroristes. Les Etats sunnites membres du Conseil de coopération du Golfe
(CCG) ont expliqué cette mesure par leur volonté de mettre fin aux «actions
hostiles» du Hezbollah qui recrute, selon eux, les jeunes du Golfe «pour
perpétrer des actes terroristes». Officieusement, on veut faire payer à
Nasrallah ses accointances avec le régime des mollahs et surtout l'implication
de ses combattants aux côtés de l'armée de Bachar El-Assad. Les hommes du
Hezbollah ont été les premiers à combattre en Syrie empêchant la défaite
militaire de Damas. Ce pas en avant dans la confrontation directe avec l'ennemi
juré de Riyad, à travers son prolongement idéologique et militaire dans la
région, vient après la décision de l'Arabie saoudite d'interrompre son aide de
trois milliards de dollars à l'armée libanaise et suspendre le reste d'un
financement d'un milliard destiné aux forces de sécurité libanaises pour
protester contre les prises de position du Liban qualifiées d'hostiles à son
égard sous l'impulsion du Hezbollah. Une organisation qui a eu le mérite de
tenir tête à l'armada militaire israélienne redonnant un peu de dignité aux
Arabes et aux musulmans. En plaçant le Hezbollah sur la liste des groupes
terroristes, ce que l'Onu n'a pas osé, Riyad répond certainement au cahier des
charges des accords secrets passés avec Tel-Aviv, avec la bénédiction de
Washington, pour isoler un peu plus l'Iran. Mettre l'organisation chiite sur
cette liste ouvre la porte à toutes les éventualités guerrières des faucons du
Golfe qui ont annoncé que «des mesures appropriées seront prises pour mettre en
œuvre cette décision». Une décision qu'on ne peut pas dissocier de celle prise
en amont de constituer une coalition armée élargie à 34 pays musulmans,
majoritairement sunnites, membres de l'Organisation de la coopération islamique
(OCI). Selon le ministre saoudien de la Défense, l'objectif de cette armée
sunnite est de combattre toute organisation terroriste qui fait son apparition
«dans le monde musulman». A travers cette justification, Riyad peut ainsi
frapper dans le cœur même du Liban, l'ennemi numéro un d'Israël. Si, il y a
peu, le scénario paraissait invraisemblable, aujourd'hui, il fait partie
certainement des atouts de l'Etat sioniste qui ne pouvait rêver d'un tel allié.
En effet, tout s'imbrique pour pousser la monarchie des Al Saoud à avoir leur
propre guerre, eux qui se sont vu couper l'herbe sous les pieds en Syrie après
l'accord américano-russe.