|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
On savait depuis longtemps que le courant ne passe pas entre
Ouyahia et Saâdani et ce n'est pas trahir un secret de palais que de dire que
les deux hommes ne s'apprécient point. Un euphémisme qui cache mal l'inimitié
entre deux grands prétendants à la succession de Bouteflika, même s'ils s'en
défendent, à demi-mots bien sûr. Si le patron du RND, fidèle à sa réputation
d'homme froid et de calcul, son adversaire proclamé, lui, par contre, n'est pas
connu pour avoir sa langue dans la poche, comme il vient de le prouver par une
énième déclaration publique. Ce «Je ne fais pas confiance à Ouyahia»
se suffit à lui-même pour mesurer le fossé existant entre eux et consommer le
divorce prononcé sur fond d'une guéguerre pour le trône d'El-Mouradia.
Si les deux hommes éludent la question de la présidentielle, affirmant à qui veut bien les croire que leur différend est purement politique, la réalité est tout autre, se passant des commentaires et explications superflus. L'opinion publique assiste, partagée entre amusement et stupeur, à ces échanges acerbes qui laissent transparaître, même fugacement, les luttes intestines qui se déroulent en haut lieu. Ouyahia et Saâdani, une opposition entre l'eau et le feu, une guerre de leadership entre partis dits du pouvoir, pour se placer sur le meilleur strapontin en perspective d'une succession tue mais apparemment très ouverte. Deux hommes qui représentent deux clans du pouvoir dans un bras de fer musclé qui a peut-être basculé, du moins pour le moment, du côté de Ouyahia si l'on se fie à leurs dernières confrontations. En effet, si le SG par intérim du RND est dans l'action, son pendant au FLN semble être dans la réaction, preuve en est l'histoire de la coalition partisane soutenant la politique de Bouteflika. Ouyahia avait été le premier à jeter l'idée d'un panel partisan dédié à la présidence, initiative refusée par Saâdani s'il ne la conduisait pas lui-même. Ce dernier ira jusqu'à créer un clone de la proposition de Ouyahia, une démarche restée jusque-là au stade épistolaire, essuyant des refus polis et argumentés ou des adhésions intéressées malgré l'inauguration physique du siège d'une alliance qu'on annonce mort-née. Le feuilleton de l'article 51 a encore donné Ouyahia vainqueur aux points face à un Saâdani qui en avait fait une histoire de principe. Le chef de file du FLN n'a jamais caché ses ambitions présidentielles, se proclamant le plus apte à succéder à Bouteflika, mais ses sorties médiatiques hasardeuses, maladroites, ne lui procurent pas une unanimité gagnée d'avance. Ses détracteurs s'appuient sur le passé sulfureux de l'ancien président de l'APN pour le discréditer. Ouyahia, par contre, est tout le contraire de son adversaire. Réservé à la limite de la placidité, il s'ouvre peu en public et préfère se cacher derrière sa façade de commis de l'Etat. Il reste l'un des outsiders les plus crédibles pour la course à El-Mouradia pour peu que le prochain président de la République ne soit déjà adoubé. |
|