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Quarante huit heures après son entrée en vigueur, le cessez-le-feu
proclamé en Syrie est globalement respecté par les parties syriennes qui y ont
souscrit. Ce dont ont attesté tout à la fois Washington, Moscou et l'ONU en
charge de le faire respecter et les observateurs
indépendants se trouvant sur place. Mais d'inquiétantes informations sont
rapportées qui font craindre que la trêve des armes en Syrie ne va être hélas
que de courte durée.
Il a été fait en effet état que des groupes armés venus de Turquie équipés d'artillerie lourde ont bombardé la ville syrienne de Tell Abyad et que l'Arabie Saoudite s'apprêterait à mettre en exécution son plan d'intervention terrestre en Syrie pour censément combattre l'organisation terroriste Daech qui occupe une partie de son territoire. Tant ce que trament Ankara que Ryadh risque d'aboutir à la violation du cessez-le-feu par les acteurs syriens l'ayant accepté, le régime de Damas ne peut en effet rester sans rien faire face à ce qui se passe à la frontière syro-turque et à l'intervention saoudienne si elle venait à se produire et qu'il a par avance dénoncé comme constituant une agression contre la souveraineté de l'Etat syrien. Il ne fait aucun doute qu'il en ira de même pour les groupes de la rébellion ayant le soutien d'Ankara et de Ryadh. L'on n'a de cesse de le répéter, ce sont ces ingérences étrangères qui empêchent l'arrêt du conflit syrien. Celles en premier lieu de la Turquie et de l'Arabie Saoudite qui poursuivent en Syrie des buts dont leurs gouvernants respectifs considèrent que la réussite ou l'échec conditionnent leur survie. Quitte à se mettre à dos la communauté internationale, Erdogan et la famille royale des « Al Saoud » ne dévieront pas de vouloir imposer à la Syrie un règlement de son conflit dont ils ont déterminé les conditions et les termes. Le cessez-le-feu que les Américains et les Russes sont parvenus difficilement instaurer ne convient ni à Ankara ni à Ryadh qui feront par conséquent tout pour qu'il soit rompu. Les deux capitales où l'on est terrifié par les conséquences d'une cessation du conflit syrien hors de leur agenda politique pour la Syrie, sont tentées par la stratégie du pire: celle du conflit généralisé que ne manquera pas de provoquer leur intervention ouverte et directe. C'est aux Etats-Unis en tant qu'allié protecteur de ces deux puissances régionales qu'il incombe de mettre le holà à leur transgression de la légalité internationale et à les contraindre de ne rien entreprendre qui remettrait en cause l'accord auquel ils sont parvenus avec la Russie. Dans le conflit syrien l'on est à un tournant décisif. Soit que le fragile cessez-le-feu en vigueur se poursuive permettant ainsi une relance du processus de négociation sous parrainage onusien, soit que sa violation provoquée par les ingérences turco-saoudiennes enclencherait une reprise de la guerre totale voulue par Ankara et Ryadh qui enterrera irrémédiablement la perspective de négociation d'un accord de paix. Peu chaut aux deux capitales concernées le sort de la population syrienne si cette deuxième éventualité se concrétise. Au bord du gouffre où elles sont mises en voulant jouer aux puissances sans lesquelles rien n'est possible dans leur zone régionale sans leur accord, il leur importe peu l'innommable tragédie ainsi causée au peuple syrien. Et de leur criminelle prétention les Etats-Unis ont une part évidente de responsabilité. |
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