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«Avec l'agression de médecins, de paramédicaux et des agents de sécurité
des hôpitaux, la violence, dans sa forme la plus brutale, vient de franchir
toutes les lignes rouges», a déclaré un psychologue de Constantine à
l'ouverture d'une rencontre-débat sur «ce phénomène nouveau», dira-t-il pour
justifier la tenue de la conférence qui a été organisée jeudi dernier au Chu
Ben Badis de Constantine. Le premier intervenant, en
l'occurrence M. Aziz Kaabouche, chef de l'unité de
psychologie du Chu et membre de l'association des psychologues de la wilaya, a
commencé par produire des chiffres éloquents sur les agressions subies par le
personnel hospitalier, plus particulièrement le personnel médical et
paramédical et les agents de sécurité de l'établissement hospitalier durant ces
deux dernières années 2014 et 2015. «En 2014, indique l'orateur, ce sont pas moins de 10 médecins qui furent agressés dans
leur travail, une vingtaine d'infirmiers et infirmières ainsi qu'une trentaine
d'agents de sécurité. Moi-même, j'ai été agressé et hospitalisé», a-t-il
souligné. Pour 2015, a-t-il poursuivi, «il y a eu également une dizaine de
médecins qui ont été agressés, des chirurgiens au niveau du service des
urgences, des réanimateurs, des médecins généralistes. Souvenons-nous de
l'agression qui a ciblé une résidente en pédiatrie, d'une autre en ORL qui ont
été sauvagement tabassées par des accompagnateurs de malades l'année dernière,
des cinq agents de sécurité qui furent agressés au niveau du Chu ». Et de
compléter son intervention en évoquant les cas de violence qui ont été signalés
dans les hôpitaux de Annaba, de Mustapha Bacha et
Béni-Messous d'Alger, de Sidi Bel-Abbès,
d'Oran et de Mostaganem. Si la violence envahit maintenant les hôpitaux «c'est
très, très grave et il faut se mobiliser pour arrêter cette gangrène qui
atteint le corps social et qui ne cesse de progresser», a conclu M. Kaabouche. Ce dernier terminera en signalant que le service
des urgences du Chu a recensé, au cours de l'année 2015, 8000 victimes d'actes
de violence qui ont été blessées à divers degrés par des attaques à l'arme
blanche.
M. Rahmouni Abdelhakim, psychologue enseignant à l'université des frères Mentouri de Constantine (UMC), qui lui a succédé sur la tribune, a parlé de la violence dans la famille, en milieu scolaire et en milieu social. «La violence n'est plus un phénomène de société, mais une réalité que nous côtoyons chaque jours. Elle commence déjà en bas âge et est présente chez chaque membre de la famille : l'enfant aussi bien que la femme ou l'adulte. Elle est présente au sein de la famille comme dans la rue et dans le lieu de travail. Elle revêt plusieurs formes». «Nous avons la violence psychologique, la violence corporelle, la violence verbale ou physique», indiquera-t-il encore. Et de s'interroger sur les facteurs qui font que le citoyen algérien est devenu violent. Et a repéré ces facteurs négatifs dans «le stress qui gagne de plus en plus les membres de la société, la violence verbale qui débouche souvent sur la violence physique, le mal-vivre, la drogue, la toxicomanie». «Ces facteurs, dit-il, sont certainement derrière l'explosion de violence que nous connaissons maintenant». Et un sociologue, spécialisé dans la sociologie urbaine, a ajouté que «la société algérienne a beaucoup perdu de ses repères, de ses valeurs ancestrales». «A tel point, dit-il, que le mot tolérance n'a plus de signification aujourd'hui, surtout chez les jeunes générations». Notons, pour terminer, que la conférence-débat a été organisée par l'Association des psychologues de la wilaya de Constantine en collaboration avec l'unité de psychologie du Chu, des association des parents d'élèves, trois avocats, des juristes enseignants en droit à l'UMC, des sociologues et des médecins ainsi que des journalistes. |
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