Le ministère
tunisien de la Défense révèle qu'une unité de l'armée tunisienne, patrouillant
dans la région de Borj el-Khadra,
représentant le lieu, le plus méridional de la Tunisie, a intercepté, ce
samedi, un véhicule tout terrain, venant du territoire algérien. Selon le
communiqué mis en ligne, le jour même, sur le site du ministère tunisien de la
Défense, un 4X4 de marque Toyota Land Cruiser est entré dans le territoire
tunisien, vers 17 h, en provenance d'Algérie, à la zone militaire d'exclusion,
réservée aux unités de l'armée tunisienne. Malgré les tirs de sommation d'une
des patrouilles de l'armée, le véhicule ne s'est pas arrêté, obligeant les
militaires, qui l'ont pris en chasse, à ouvrir le feu en sa direction. Le 4X4
s'immobilisera à 600 m du PK 3, à 15 km de la région de Borj
el-Khadra, située dans le gouvernorat de Tataouine, à
la frontière conjointe entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye. A son bord, 10
personnes dont 8 Marocains possédant des papiers d'identité, parmi eux, trois
blessés par balles, aux membres inférieurs et les deux autres, se présentant
comme des ressortissants algériens, sans pour autant en présenter les preuves.
L'un d'eux, le chauffeur, blessé sérieusement à l'aine gauche, a rendu l'âme,
lors de son transfert à l'hôpital. Interrogés, les passagers du véhicule ont
raconté qu'ils avaient l'intention de gagner le territoire libyen pour
transiter, vers l'Europe, via l'un des réseaux de passeurs activant sur place.
L'enquête devra déterminer la nature exacte de ce passage, en force et s'il
s'agit d'éventuelles nouvelles recrues marocaines parties combattre au sein de Daech, en Libye. Ils sont, de plus en plus, nombreux les
sujets de sa Majesté, le roi Mohamed VI, à vouloir s'enrôler dans les rangs de
l'Etat islamique, dans les zones de combat. Dans un article publié par le
journal ?Akhbar Al Yaoum', les experts présents sur
place ont évalué entre 300 à 500 personnes présentes sur le sol marocain prêtes
à partir, immédiatement, au combat en Syrie et en Irak, rejoindre les 1.500
combattants d'origine marocaine, déjà sous les drapeaux noirs de Daech, ce qui fait du Royaume alaouite, le quatrième
fournisseur de djihadistes de l'organisation
terroriste, la Tunisie arrivant en tête avec 3.000 à 5.000 djihadistes
exportés. Par ailleurs, cette tentative d'incursion du territoire tunisien
rappelle les mises en garde d'Alger qui avait décidé d'empêcher, en janvier
dernier, quelque 270 ressortissants marocains de se rendre en Libye, via
l'aéroport Houari Boumediene d'Alger, car considérés comme suspects puisqu'ils
n'avaient pas de titre de séjour ou de travail en Libye, Alger s'inquiétant
d'un déplacement de Marocains vers Tripoli puis Syrte pour y rejoindre les
rangs de Daech.
Le ministre des
Affaires maghrébines et africaines et de la Ligue arabe a fait savoir, à l'ambassadeur
du Maroc, à Alger que tout ressortissant marocain qui se rendra en Libye via
l'Algérie sera rapatrié au Maroc, sauf ceux pouvant justifier d'un titre de
séjour ou de travail en Libye. «Le contexte sécuritaire actuel,
particulièrement, sensible impose la plus grande vigilance» et «exige le
renforcement de la coopération entre les pays de la sous-région», avait-il,
notamment, déclaré. Quelques jours plus tard, et face au «flux massif et
inhabituel de ressortissants marocains, à destination de la Libye», l'Algérie a
décidé de suspendre ses vols commerciaux à destination de Tripoli. «Après avoir
informé les autorités libyennes et la compagnie Libyan
Airlines, l'aviation civile algérienne a décidé de suspendre la liaison
aérienne Alger-Tripoli, à compter du vendredi 29 janvier 2016 et ce, jusqu'à
nouvel ordre», avait affirmé le ministère des Transports.