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Alors que le citoyen algérien n'a même pas encore digéré la hausse des
prix de l'électricité et du gaz, appliquée depuis le 1er janvier dernier, le
PDG de la Sonelgaz,
Noureddine Bouterfa, a
laissé entendre que d'autres augmentions « graduelles » sont envisageables.
Car, dit-il, « le chemin de la vérité des prix est encore long à parcourir ».
Et d'affirmer que pour assurer l'équilibre financier, «il faut doubler les
tarifs ».
Le PDG de Sonelgaz a expliqué, hier, au forum d'El Moudjahid que la révision décidée par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG), n'a permis la récupération que d'à peine 25 milliards de DA seulement. Ce qui est très insuffisant, aux yeux du premier responsable de l'entreprise, qui affirme que « cette infime récupération ne permet pas de rétablir un équilibre ». Pour Noureddine Bouterfa, « il faut doubler les tarifs pour permettre à la Sonelgaz de pérenniser la disponibilité de l'énergie et la poursuite des investissements ». Il revient pour dire qu'on ne peut pas doubler les tarifs d'un seul coup. Mais, ajoute-t-il, « fatalement, ou l'Etat ira chercher la ressource pour accompagner la Sonelgaz et donner cette différence sous forme d'avantages, de garanties, des crédits bonifiés, ou il faut augmenter les tarifs ». Selon Bouterfa, « il faut s'attendre à des augmentations graduelles, et il faut être réaliste, nous avons besoin du concours de tout le monde, pour permettre au citoyen d'avoir son énergie et une bonne qualité de service ». Il affirme que dans le cas où l'Etat refuse des augmentations, il doit, conformément à la législation en vigueur, contribuer à travers, une caisse d'électricité, et cette caisse donnera l'argent au distributeur. Bouterfa précise que ce schéma ou cette loi n'est pas appliquée « cette caisse n'est pas opérationnelle ». Et d'expliquer le fait que ce schéma n'a pas été appliqué, veut dire que le problème des tarifs est resté « politique ». Et de préciser qu'aujourd'hui, il faut inverser cette donne en passant « des tarifs politiques aux tarifs économiques ». Il a rappelé que les tarifs étaient gelés depuis 10 ans et ce blocage a causé d'importants manques à gagner. Il précise que les revenus réels en 2015 des sociétés de distribution sont de 221 milliards de dinars, elles enregistrent un déficit de près de 95 milliards de dinars, alors que les revenus requis si les dispositions prévues par loi devaient être appliquées, auraient été de près de 400 milliards de dinars. Pour Bouterfa, la Sonelgaz aujourd'hui doit rattraper le gap de près de 180 milliards de dinars pour rétablir l'équilibre financier de l'entreprise et pour poursuivre les projets d'investissement. Il affirme qu'il est aujourd'hui nécessaire d'assurer une efficience de management en matière de conduite des projets et de génération de revenus et de valeur ajoutée avec un minimum d'investissement. Il dira : « Nous devons être plus imaginatifs et plus entreprenants dans la construction de solutions, permettant aux pouvoirs publics de mettre en œuvre une politique d'augmentations graduelles des tarifs d'électricité et de gaz, sans que cela remette en cause la cohésion sociale ». Et pour contrecarrer les tentatives de contourner ces augmentations par la fraude, le vol d'énergie et les raccordements illicites, Bouterfa a annoncé la détermination des sociétés de distribution à mener une guerre sans merci contre les fraudeurs. Il affirme que des plaintes seront désormais déposées systématiquement devant les juridictions compétentes pour une application ferme des dispositions de la loi. Autrement dit, la Sonelgaz procèdera à l'application stricte des délais de coupure pour les mauvais payeurs. Le PDG de la Sonelgaz a également annoncé que son entreprise a déjà investi dans la réalisation et la modernisation des systèmes de gestion et la tolérance zéro, pour réduire les pertes techniques. A cela s'ajoute la mise en application durant cette année, d'un système développé par des entreprises algériennes, « un système de terminaux de télé-relève » pour en finir avec la relève manuelle de compteur. Donc, ça sera selon Bouterfa, la relève optique. Un système qui pourra extraire des informations y compris l'arrêt du compteur, ce qui permettra aux services de Sonelgaz de démasquer avec preuve les fraudeurs. Il a également annoncé le développement d'un autre outil, « le compteur intelligent » qui sera mis en service en 2017. Un compteur qui réduira automatiquement la consommation d'électricité, si le client ne paye pas sa facture, dans le délai de 15 jours. Et qui procédera à la coupure automatique après un autre délai si la facture n'est pas payée. «LE RECOURS DE LA SONELGAZ AU FINANCEMENT INTERNATIONAL EST INEVITABLE » La Sonelgaz doit trouver des solutions pour rattraper le gap de 1.100 milliards de dinars pour la réalisation de ces projets entre la période de 2017 et 2018. Noureddine Bouterfa a affirmé que malgré la mise en œuvre du dossier du rachat du découvert bancaire en 2010 et des facilités octroyées pour le financement des investissements, les contraintes financières du groupe Sonelgaz sont restées importantes en 2015. Compte tenu de cet état de fait, mêlé au rétrécissement du marché financier national, affirme le PDG de la Sonelgaz, le groupe envisage de recourir au marché international pour un financement, afin de pouvoir assurer la réalisation des investissements. Il précise qu'un groupe de travail au sein de son entreprise s'est penché sur cette question, soutenant « qu'on est en alerte ». « Il y a un groupe de travail permanent avec les banques, le ministère des finances et la Sonelgaz pour prendre des décisions », dira-t-il. Pour lui, il faut aller au marché international, il faut emprunter et il faut mobiliser des crédits à l'international « avec les garanties du Trésor ». Il persiste : « On ira au financement extérieur, je crois qu'on n'échappera pas ». Car pour Bouterfa, il n'y a aucune éclaircie qui va venir du point de vue des revenus. Pour lui, il faut aller vers des financements extérieurs, ce qu'autorise aujourd'hui, la nouvelle Constitution et la loi. Il s'est dit convaincu que si on veut créer de la liquidité en Algérie, il faut le faire soit par des investissements à l'étranger ou prendre des emprunts extérieurs pour développer des projets qui créent de la valeur ajoutée. Le PDG de Sonelgaz a écarté, par ailleurs, toute possibilité d'aller vers des projets d'investissement dans les pays du Sahel, ou d'Afrique pour le moment, et pour cause la contrainte financière. Il dira, par ailleurs, que la Sonelgaz offre aujourd'hui des services de maintenance en turbine à gaz. Et d'affirmer que le groupe participe à des contrats d'assistance et d'études à des étrangers relatifs au réseau électrique. Et d'affirmer que Sonelgaz est payée pour ces services. Bouterfa annonce aussi que la Sonelgaz est actuellement en train de voir, probablement en partenariat, la possibilité d'intervenir à l'étranger et plus particulièrement en Afrique pour la production de l'électricité de secours, « une location de centrale d'urgence », des services qui peuvent générer d'importantes sommes d'argent. Il affirme que Sonelgaz a déjà les moyens pour ce genre de services, puisque de 2012 à 2014, l'Algérie a beaucoup investi dans les moyens de production mobile. A noter que l'invité du forum d'El Moudjahid a beaucoup insisté sur la nécessité de réviser la loi régissant la distribution du gaz ainsi que les statuts de Sonelgaz. LA MISE AU POINT DE BOUTERFA SUR LES ENERGIES RENOUVELABLES Noureddine Bouterfa a tenu à préciser qu'il est curieux qu'en dépit des efforts et malgré l'engagement, Sonelgaz a été souvent critiquée sur le dossier des énergies renouvelables. Il s'est dit étonné que « certains reprochent à Sonelgaz de ne rien faire, et d'autres vont jusqu'à prétendre que notre groupe empêche le développement de ce type d'énergies ». Bouterfa précise que la Sonlegaz n'est pas une entreprise de production des énergies renouvelables. Il dira que son entreprise s'est engagée à développer 400 mégawatts solaires par an et 400 mégawatts éoliens, mais faute d'argent, une partie de ce programme fut abandonnée. Le PDG de Sonelgaz reconnaît que son entreprise ne s'est pas engagée dans l'éolien en l'absence de site bien étudié dont le potentiel est identifié, « ce serait très dangereux d'installer des fermes éoliennes n'importe comment, il suffit de se tromper d'un degré dans la direction de l'éolienne, pour perdre 10% de rendement ». Pour ce qui est des fermes solaires, Bouterfa a reconnu que malgré l'existence des sites, ce projet n'a pas été bien lancé, car il y a 100 milliards de dinars d'investissements. Il a expliqué que la réalisation de fermes solaires ou éoliennes sans stockage ne réduit en rien la nécessité d'investir dans les centrales classiques fonctionnant au gaz naturel. Sachant que les centrales classiques sont une nécessité absolue pour le pays. Et de préciser que les énergies renouvelables ne peuvent pas s'y substituer complètement. 47 MILLIARDS DE DINARS DE CREANCES IMPAYEES Les créances de Sonelgaz auprès de l'Etat, entreprises privées et auprès des citoyens sont de l'ordre de 47 à 50 milliards de dinars. Le PDG de Sonelgaz a précisé que 50% des créances impayées concernent les institutions de l'Etat. 20% sont des créances des entreprises privées et les 30% restants concernent les simples citoyens. Il a affirmé que le retard dans le paiement de ces créances a engendré une perte supplémentaire de 3 à 4 milliards de DA. |
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