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L'idée d'une liaison maritime Oran-corniche
vient surtout donner un stimulus au vieil esprit d'immobilisme, où la mer,
surchargée malgré elle d'impératifs et de restrictifs, était presque interdite
aux hommes pour faire la navette ou pratiquer la plaisance.
La grande bleue n'était bonne que pour se rincer l'œil à partir de la fenêtre de sa voiture, quand le hideux garde du corps n'en cachait pas la vue, s'y baigner ou y jeter son filet ou sa canne à pêche. Mais fort peu pour faire de la plaisance et jamais pour faire un raccourci. En saison estivale, la mer était un point de chute, une destination, point barre. En été comme en hiver, seul le «monomodal» urbain par voie terrestre est possible. Usée et asphyxiée, la route en corniche datant de l'ère coloniale n'en pouvait plus. A part le dédoublement d'un tronçon de 2,5 km à hauteur de Mers El-Kébir (entre Sainte Clotilde et le chef-lieu communal) et la mise en place d'un filet anti-éboulement sur une petite section (entre la Pêcherie et Monte Cristo), aucune opération sérieuse pour la mise à jour de cette desserte n'a été faite jusqu'à l'heure. Même l'action impérative et impérieuse d'élargissement de l'axe entre l'usine désaffectée de la SNTA (ex-Bastos) et le tunnel, pour défaire le goulot d'étranglement qui s'y forme à chaque pic de flux, n'a pu être menée par les pouvoirs publics, comme le suggérait une étude de la DTP, et devant la résistance, digne d'un coup de lobbysme, opposée par une poignée de restaurateurs spécialité poisson, dont la plupart sont locataires chez la mairie. Un cas d'école de l'utilité publique à double vitesse. A défaut donc de pouvoir intervenir sur le sujet, on multiplie les traitements de lifting qui n'en finissent pas : on fait, défait et refait bordures, ronds-points et balustrades (jet d'eau de Roseville, la façade longeant la base navale de Mers El-Kébir, la place des dauphins, front de mer de Saint Rock...) à coups de PCD. LA MER : UN MODE DE TRANSPORT ET NON UN POINT DE CHUTE SEULEMENT L'embouteillage demeurant donc un mal endémique de cette voie routière dont on veut cacher les rides et les taches de vieillesse avec un grotesque maquillage rajeunissant, l'intérêt devait être porté ailleurs, vers le projet de la nouvelle corniche supérieure. Et là, on a pour le moment un ouvrage d'art, un échangeur mastodonte à 90%, réalisé par l'ENGOA à hauteur du chantier naval, qui attend une section routière en double voie, sur 5 km, serpentant dans le mont et débouchant sur le lieudit «Aïn Khedidja», pour lui être raccordé et boucler la boucle du futur évitement de Mers El-Kébir. Mais ce n'est pas pour demain. La saison estivale 2016 qui pointe son nez rimera donc forcément avec les bouchons, les casse-têtes. Il ne faut pas faire une illusion d'optique, voire se tromper d'objectif : la liaison maritime urbaine entre Oran et Aïn El-Turck, qui se prépare, n'aura pas d'impact en termes de rabattement de flux routier. C'est un mode de transport de plaisance mais en aucun cas un moyen de transport en commun alternatif. Ce qui n'est pas rien, loin de là. Même notre voisine de l'Est, la Tunisie, dont le secteur du tourisme (en se rapportant à son année de référence 2010, c'est-à-dire avant le déclin provoqué par les contrecoups de la conjoncture sécuritaire) contribue à hauteur de 7% au PIB, générant une moyenne annuelle de 18 et 20% de recettes en devises, couvrant 56% du déficit commercial et employant 400.000 personnes. Avec ses sept ports de plaisance couvrant 1.300 km de côtes, ce pays touristique n'arrive pas encore à développer une vraie thématique de plaisance touristique et reste loin de ses potentialités, avec seulement l'équivalent de 1% du marché. Un chiffre largement en deçà d'un fort atout dont dispose la Tunisie (proximité géographique, hôtels luxueux, climat favorable à l'investissement). Que dire alors de l'Algérie, et en particulier de sa plus grande ville côtière de l'Ouest, dont les chiffres en font la première destination du pays, où il n'existe même pas un port de plaisance, abstraction faite bien sûr du semblant point d'amarrage coincé entre le siège de la Garde-côte et le port de pêche à l'accès trop rigide ? LE CONTRASTE «ORAN JM-2021 ET ZERO PORT DE PLAISANCE» En attendant l'hyper-hypothétique projet de la marina d'Oran, plutôt une combinaison de réalisme, de créativité, de songe et de vue d'esprit, l'opération de mise en place d'une liaison maritime Oran-corniche a le mérite de casser un dur tabou : celui d'une géo-militarisation presque entière de l'espace marin. Il était temps pour Oran, qui accueillera en 2021 les Jeux méditerranéens, de regarder face-à-face à la mer, elle lui tournait le dos depuis l'indépendance. Ouvrir cet espace au tourisme, à la plaisance, à l'économie, à l'investissement hors-portuaire et hors-pêche, à la vie tout court, est un besoin vital aujourd'hui. Il ne sert à rien que de parler des îles Habibas, de ZET de Madagh, de tourisme balnéaire ou de croisières... si l'espace marin demeure sur-contrôlé, vérouillé. Ainsi, pour un équivalent de 700 millions de DA, l'ENTMV va affréter pour cette phase démarrage deux monocoques de 37,50 m de longueur et 7 m de largeur d'une capacité de 206 passagers, en vue d'assurer 8 navettes par jour, d'une durée moyenne de 20 minutes. Le protocole de montage financier a été signé, il y a une semaine, entre les EP d'Oran et d'Arzew, consistant en 46 milliards à parts égales pour la réalisation d'installations d'accueil dont une petite gare routière sur le quai d'accostage de Béni Saf, au port d'Oran. La prise en charge de l'étude et du suivi du poste d'accostage sur la plage des Dunes, à Aïn El-Turck, se fera via une double opération PCD, d'un montant global près de 1,3 milliard. La phase réalisation comprend l'aménagement d'une station d'accostage au quai de Béni Saf confié par l'EPO à l'entreprise Astalavista. Pour le terminal des Dunes, la DTP a, le cadre d'une consultation, présenté l'esquisse de réalisation d'ouvrage à quatre entreprises, qui ont l'avantage d'être déjà à l'œuvre au port d'Oran, à savoir : CHEC (chinoise), Sotramo, Cosider et Méditram. La sélection se fera par gré à gré après accord du ministère des Transports. |
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