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Les
polémiques s'enchaînent en cette Algérie en panne d'idées, de projets et de
perspectives. Et quelles polémiques quand on se rend compte à quel point le
discours politique a régressé ? Au moment où des centaines de milliers
d'Algériens font leurs adieux au dernier leader historique de la révolution,
les vieux démons ressurgissent pour nous rappeler les sinistres jours du
martyre national. L'histoire de la douleur, plus proche de la paranoïa
séculaire qu'elle n'en a l'air s'est remise en
mouvement. Les langues se délient, les cœurs s'ouvrent et les secrets
s'éventent.
Drôle d'époque que la nôtre où ceux qui nous ont menti montent encore en justiciers au créneau pour tenter de nous convaincre de leur loyauté, rigueur, patriotisme, etc. Coup d'Etat contre Chadli ou démission de ce dernier, appel insistant à Aït Ahmed pour qu'il soit président ou le contraire, sauvetage du pays du péril vert de l'islamisme ou «régression féconde», qu'importe enfin! Pourquoi? Parce que l'Algérie est toujours en retard sur tous les plans. Un moteur qui tourne dans le vide, rouillé! Ni le régime ni l'opposition n'apportent aujourd'hui, ne serait-ce qu'un petit souffle, à même de rassurer les Algériens. Ces derniers, surtout les jeunes, en ont ras le bol. Ils ne comprennent pas pourquoi la gangrène est arrivée jusqu'au cou de la nation sans que personne ne fasse quoi que ce soit pour l'arrêter. Dur, dur de rêver à autre chose que ce sort maudit qui nous a pris d'assaut. D'une part, des élites qui bottent en touche, se complaisant dans leurs pulsions narcissiques et d'autre part, des masses laissées pour mortes sans voix, sans bras, sans sous, sans histoire, sans destin, etc. En revanche, les deux vivent avec, à l'esprit, une tentation quasi obsessionnelle de nuire les unes aux autres. Nos élites, elles, sont hélas en dehors du circuit social ; indifférentes ; prédatrices et le petit peuple, lui, souffre sans en deviner les raisons de ce que j'appelle «le syndrome d'apatride émotionnel». Il développe inconsciemment une attitude grave du genre : la patrie, c'est lui (le pouvoir), c'est eux (les militaires), c'est les autres (les décideurs) et comme ceux-ci sont tous ou presque corrompus, la patrie qu'ils représentent doit être détestée avec eux. Le comble d'ironie est que notre intelligentsia préfère vivre dans la douce illusion faisant de ce peuple-là un «ghachi» manipulable alors que ce dernier n'est pas aussi dupe que l'on pense mais seulement las d'ingurgiter les mêmes mensonges anesthésiants. Bref, la greffe de la démagogie n'a jamais pris dans son cœur bien qu'elle ait réussi à fondre dans le décor général. Le mutisme populaire face aux dysfonctionnements étatiques ne traduit qu'une acceptation résignée, faute de solution de rechange! Le creusement des inégalités, la captation des richesses par une classe de nantis, les poches de dénuements, le jeu destructeur de rivalités claniques, l'irrésistible ascension de la médiocrité et tant d'autres fléaux ne font que décevoir. A quoi s'ajoutent les nouvelles hausses des prix de produits alimentaires, l'inflation, la dévaluation du dinar, etc. Désormais, les nôtres doivent penser doublement : à la tirelire, c'est-à-dire au pouvoir d'achat, puis, à la politique, à savoir, le challenge démocratique. Autant le premier est compromis vu la faillite du modèle social adopté depuis l'indépendance, autant le second est presque hors de portée vu la complicité perfide des cercles de décision. La loi de finances 2016 dans son article 71 n'est-elle pas une supercherie sur le dos du peuple? Lequel donne toute la liberté au gouvernement de décider par décret motivé sur rapport du ministère des Finances d'annuler ou de geler des projets lorsqu'il juge les équilibres budgétaires menacés. Là, pas de trace de polémique, hélas! |
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