Il a été attendu comme allant de soi que le chef de l'Etat procède
à un remaniement gouvernemental après l'adoption par le Parlement de son projet
de révision de la
Constitution. Il a été même avancé qu'aussitôt cette dernière
formalité accomplie, le Premier ministre Abdelmalek Sellal présenterait au président de la République sa démission
et celle de son équipe ministérielle. Partant qu'il en sera ainsi, la presse
s'est adonnée à la spéculation sur qui sont susceptibles d'être concernés par
le remaniement présagé. L'adoption de la Constitution ayant
été votée, Abdelmalek Sellal
est toujours à son poste et son gouvernement encore en charge des affaires. Il
faut en conclure que même si Bouteflika a réellement
l'intention que lui ont prêtée les médias, il n'est aucunement pressé de la
rendre effective. Son peu d'empressement à procéder au changement attendu est
déjà décrypté par certains comme le signe qu'il n'aurait pas encore arrêté son
choix sur qui nommer en tant que successeur de Sellal.
A supposer toujours qu'un changement de gouvernement soit dans l'agenda
politique post-révision de la
Constitution de Bouteflika, il doit
certainement être dans l'esprit de ce dernier qu'il est attendu de lui un remaniement
traduisant son respect des nouvelles règles introduites en la matière par la Constitution révisée.
La « guéguerre » qui a opposé au Sénat le FLN au RND a montré que ces deux
partis ont été dans l'anticipation de ce remaniement en perspective duquel ils
ont voulu renforcer leurs positions au sein de la majorité présidentielle. Cela
ne veut nullement dire que l'un ou l'autre soit en situation de poser des
conditions au chef de l'Etat. Mais cela contraint Bouteflika
à un minimum de respect pour les ambitions qu'ils nourrissent pour le
remaniement envisagé. Il est vraisemblable que les spéculations ayant circulé
sur l'identité des possibles remplaçants de Abdelmalek
Sellal ont été soufflées à des confrères à titre de
ballon-sonde destiné à dévoiler l'accueil que leur réserveraient les partis en
question mais aussi le reste de la classe politique ainsi que l'opinion
publique. Celles qui ont été le plus souvent citées pourraient être en
définitive être les moins probantes, car leurs distinctions enlèverait
au remaniement toute la charge « novatrice » dont le parerait le discours
officiel. Si la nouvelle Constitution est censée faire basculer l'Algérie dans
une ère nouvelle, ce n'est pas en maintenant au devant de la scène nationale
des figures emblématiques de celle qui se refermerait que Bouteflika
se verra crédité d'avoir tenu ses engagements. D'où peut-être qu'ils prennent
le temps pour composer le premier gouvernement post-révision de la Constitution. Mais
son attitude a pour effet négatif de tétaniser l'exécutif gouvernemental en
fonction, car chacun de ses membres est dans l'anxieuse attente de savoir ce
que lui réserve le remaniement présagé.