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Oran :
Problèmes post-relogement : Les nouvelles cités ou l'art de la bidonvilisation !
par Houari Saaïdia ![]() Pôle urbain «Moustakbal». Une appellation qui
colle si mal à la nouvelle cité de ?1.050 logements' publics locatifs de Gdyel, fraîchement peuplée. Bien pire qu'une cité-dortoir,
c'est un «champ de bâtiments» mal viabilisé, manquant de tout, et dont les
intervenants, en BTPH, ont plié bagage sans faire le ménage d'après-chantier, laissant derrière eux un paysage hideux. Où
amas de gravier, sable de carrière et tuf, débris de roche et de bois,
ferraille et résidus de matériaux tout-venant... font partie intégrante du
décor. Savourant, encore, le bonheur d'un passage, inespéré pour bon nombre
d'entre eux, d'un taudis à un F3 neuf et équipé, d'un misérable bidonville à
une cité urbaine, les nouveaux résidents, issus de deux vagues de relogement
(550 familles de Gdyel et Kristel
et 560 autres du site précaire de Hayet Regency) ne
se soucient pas ou peu, pour l'heure, de l'environnement et du cadre de vie, en-deçà du strict minimum. Mais ce contentement va-t-il
durer ? Le premier responsable de l'exécutif local sait, bien sûr, que la joie
d'acquisition d'une clé d'un logement social est éphémère, momentanée, et que
le regard des nouveaux habitants va vite tourner vers les autres choses. Vers
l'école, le marché, le dispensaire, le transport, la poste, la voirie... et
peut-être la crèche et le jardin, en dernier lieu. C'est en partie dans cet
esprit d'anticipation de toute forme de revendication sociale pouvant émaner,
tôt ou tard, du nouveau «pôle urbain» qui est venu se greffer, récemment, à la
ville de Gdyel, de son côté haut, que le wali a
inséré, à l'ordre du jour du dernier conseil exécutif, le point relatif aux
multiples et non moins énormes carences post-relogement, dans ce site. Même si
l'on plaide qu'il ne s'agit pas d'une démarche préventive mais, ni plus ni
moins d'un acte de gestion ordinaire que dicte la situation, une mesure qui
tient des missions régaliennes même de l'Etat, à travers le détenteur de
l'autorité publique à l'échelon local, celle qui veut que toutes les commodités
élémentaires soient jointes à l'habitat, pour le bien-être du citoyen.
A l'hémicycle, devant son staff exécutif, le wali a été «terre-à-terre». Les responsables de la direction des Equipements publics (ex-DLEP), des directions du Logement et de l'Urbanisme, de l'Architecture et de la Construction (DUAC), surtout, auraient espéré, à priori, que le point d'ordre du jour lié au «retard dans la réalisation de projets d'équipement publics, sur le site de ?1.050 logements' LPL de Gdyel» soit évacué, à la va-vite, avec à la clé un petit débriefing qui «caresse» plutôt le problème. Bien mal leur en pris. L'arrivée soudaine du wali, empêché par un contretemps durant les trois premiers quarts de la séance, pour présider l'audience qui était sous la diligence du secrétaire général de la wilaya pendant son absence, et ce en plein débat sur cette problématique, a rebattu les cartes. Plus d'autorité à la tribune, plus de sens unique dans le débat, moins de perméabilité quant aux réponses approximatives... S'ensuit alors un déluge de réprimandes, d'injonctions et de mises en garde. «J'ai passé et repassé par chaque recoin de la cité. Je me serais interdit de vous démentir, au bénéfice du doute, si je n'avais pas vu de mes propres yeux. Vous voulez me faire croire le contraire. Ce que j'ai vu, c'est un site où rien n'existe à part les blocs que nous avons achevé après un gros effort et au prix fort. Ni goudron, ni trottoir, ni espace vert, et que des amoncèlements de résidus de chantier un peu partout. On range ses outils et on s'en va sans nettoyer derrière. Et les établissements scolaires projetés, c'est pour quand ? Mais on s'en fiche pas mal des enfants des autres quand les nôtres ont un chauffeur qui les amène à l'école et au lycée», a répliqué le wali à un responsable qui a voulu relativiser l'impact du retard enregistré dans la réalisation de certains projets de viabilité et d'infrastructures d'accompagnement. «Je vois surtout une cité neuve présentant tous les symptômes d'un quartier ?bidonvilisable' d'ici 3 et 4 ans. On n'éradique pas un bidonville en tôle et zinc pour en créer un autre en brique et béton», a-t-il asséné sur sa lancée. Un ensemble de décisions sera pris pour remédier aux carences et autres anomalies relevées dans ce site, mais également celui du pôle de 17.000 unité LPL de Oued Tlélat -qui connait des problèmes post-relogement quasi-similaires quoiqu'un degré moindre-, indiquent nos sources, qui indiquent aussi que «des sanctions vont tomber prochainement et qui n'épargneront aucune direction, administration ou entreprise dont la responsabilité sera avérée dans cette négligence ou malfaçon dans l'exécution de travaux ou la gestion de projets». |
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