Depuis les attentats de Paris de novembre
2015, l'Europe est en alerte et la menace terroriste a, dorénavant, épousé le
portrait-robot d'un demandeur d'asile, fuyant la Syrie ou l'Irak. L'Allemagne
n'échappe pas à la règle sécuritaire et sa police a annoncé, jeudi dernier,
trois arrestations, lors d'une opération d'envergure, dans plusieurs villes
d'Allemagne, visant des Algériens dont certains vivent dans des centres de réfugiés.
Ils sont soupçonnés de préparer un attentat, à Berlin en lien avec
l'organisation Etat islamique (Daech), pendant le
carnaval qui a débuté, dans l'ouest du pays, notamment à Cologne. Rappelons que
des mesures de sécurité renforcées ont été déployées, dans la région de crainte
d'attentats ou de répétition des agressions de masse, notamment, à caractère
sexuel, enregistrées à Cologne, la nuit du Nouvel An. Ces violences avaient été
attribuées, pour une large part, à des demandeurs d'asile Marocains et Algériens.
La police a indiqué que le groupe d'Algériens était soupçonné de préparer «un
acte grave menaçant la sécurité de l'Etat». Ainsi, un couple d'Algériens,
vivant dans un centre de réfugiés à Attendorn (ouest,
80 km de
Cologne) a été arrêté, sur la base de mandats d'arrêt émis par Alger, pour
appartenance à Daech, selon le parquet berlinois. Le
mari aurait été formé aux armes en Syrie. Un autre Algérien, arrêté à Berlin,
est accusé d'avoir confectionné de faux papiers. Deux autres suspects
algériens, vivant et travaillant, dans la capitale allemande, ont été laissés
en liberté. Pourtant, les perquisitions, qui ont mobilisé au total 450
policiers et visé, entre autres, le foyer d'Attendorn,
ainsi qu'un autre centre d'accueil de demandeurs d'asile, à Hanovre (nord),
n'ont donné aucun résultat puisque ni armes ni explosifs n'ont été retrouvés,
hormis des téléphones et d'autres indices, saisis à Berlin, en Rhénanie du Nord-Westphalie et en Basse-Saxe qui devraient être
analysés, pour déterminer si un attentat était prévu et connaître les
éventuelles cibles. Selon la presse allemande, le principal suspect dans
l'opération de jeudi, un Algérien de 35 ans, aurait eu des contacts avec la
mouvance islamiste belge et s'est rendu, au moins une fois, ces dernières semaines,
dans le quartier de Molenbeek, à Bruxelles, d'où sont
originaires des auteurs des attentats du 13 novembre, à Paris. Il était arrivé
en Allemagne à l'automne, en empruntant la route des Balkans, comme des
centaines de milliers de migrants, et avait été enregistré à son arrivée en
Bavière. La police berlinoise a, également, indiqué que certains suspects
avaient tenté de se faire passer pour des Syriens dont 430.000 sont présents en
Allemagne qui a accueilli quelque 1,1 million de réfugiés, en 2015.
Ces djihadistes, qui se cachent dans le flot des arrivants, ont
été signalés aux autorités sécuritaires allemandes qui ont dû faire face à
plusieurs alertes d'attentats. Lors du Réveillon du Nouvel An, à Munich, deux
gares avaient été fermées au public, en raison d'un risque d'attaque. En
novembre, le match de football entre la Mannshaft et les
Pays-Bas, devant se jouer à Hanovre, avait été annulé, à la dernière minute.
Par ailleurs, l'agence allemande du renseignement intérieur (Bfv) a reçu plus de cent avertissements, selon lesquels des
combattants de ?Daech' se trouveraient parmi les
réfugiés, actuellement, présents en Allemagne, rapporte le journal ?Berliner Zeitung'. Parmi ces
informations, nombreuses étaient fausses, aurait indiqué le patron du Bfv. Cette opération policière serait le prélude à une plus
vaste chasse aux Algériens, en situation irrégulière, puisque l'Allemagne a
décidé de les expulser considérant, dorénavant, l'Algérie comme pays sûr.