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L'idée d'une
liaison maritime entre Oran et la corniche a un avant-goût de plaisance
touristique plus qu'elle ne répond à un besoin de transport en commun.
A court terme, en tout cas, l'objectif n'est pas de désengorger la voie routière desservant cette destination balnéaire. Pour la simple raison qu'un seul navire de 300 places sera affrété par l'ENTMV en cette phase démarrage. On peut multiplier ce chiffre par une fréquence de 10 rotations/jour (ce qui est bien au-delà du possible, bien sûr), soit 3.000 personnes, cela reste tout de même «symbolique» par rapport à l'énorme flux quotidien moyen (plusieurs dizaines de milliers) qui transite par voie terrestre. Or, à l'avenir, si cette liaison par mer venait à être renforcée en flotte, avec en amont l'entrée en jeu d'opérateurs privés, pour répondre à une éventuelle hausse de la demande, à ce moment-là, oui, on pourrait parler de mode alternatif et de moyen d'atténuation du trafic routier. On n'en est pas encore là. Pour l'heure, le défi reste la mise en service de cette liaison maritime urbaine dès la saison estivale qui pointe déjà son nez. Et, selon le point de situation donné lors du récent conseil exécutif présidé par le SG de la wilaya, il ne fait aucun doute qu'on assistera à la petite traversée inaugurale entre le port d'Oran et la plage des Dunes (Aïn El-Turck) peu après le mois de ramadan. Selon le directeur des transports de la wilaya, Khaled Talha, l'état d'avancement du projet et le planning des actions sont tels que cette liaison sera opérationnelle dès l'été prochain. Le directeur du secteur en a fait l'annonce. Le SG de la wilaya, qui présidait l'audience en l'absence du wali, empêché par un contretemps, a pris le relais pour en faire de même. A vrai dire, sans excès de prudence, il est plus correct de parler d'une «ligne expérimentale», bien que ce terme sonne tel un couac dans l'oreille des pouvoirs publics pour qui le projet doit aboutir, doit réussir. «Avec 46 milliards, on n'essaie pas, on fait. Et puis, embarquer à bord d'un petit bateau une poignée de gens et les débarquer sur l'autre bout de la baie, ce n'est pas la mer à boire», soutient-on. UN POSTE D'ACCOSTAGE POUR 46 MILLIARDS Tout a été fait donc dans cet esprit de volontarisme politique depuis la conception du projet, l'étude d'opportunité et faisabilité jusqu'à cette phase préliminaire du marché. L'Entreprise nationale maritime de transport des voyageurs (ENTMV), EPE sous l'égide de la holding des services depuis 1990, a-t-elle fait une étude économique là-dessus ? Peut importe, «le projet est rentable, à vue d'œil, et c'est le ministère de tutelle qui en a décidé et s'est occupé de la finance par le biais du portefeuille géré par la Segeports pour le compte des ports d'Oran et d'Arzew. C'est un investissement en interne ». Un bref retour sur la chronologie de l'opération fait ressortir trois dates, mais surtout une grande célérité de traitement de ce dossier. Le 7 janvier 2016 : le wali d'Oran, Abdelghani Zâalane, transmet la fiche technique de réalisation de la station maritime sise port d'Oran et celle projetée à Aïn El-Turck. Le 14 du même mois, soit une semaine après, le ministère des Transports se réunit et avalise la prise en charge financière de l'opération de réalisation d'un quais d'accostage au port d'Oran par un montant de 46 milliards, fifty-fifty entre les EP d'Oran et d'Arzew, dont le protocole de transfert au compte sera signé le 9 février (lundi après-demain). Le 21 janvier 2016, une réunion locale se déroule sous la présidence du wali et donne lieu à la décision de lancement des études par le BET d'études et d'ingénierie maritime et portuaire LEM (Laboratoire des études maritimes). L'accotement est localisé au port d'Oran au quai de Béni-Saf et à Aïn El-Turck sur la plage des Dunes à hauteur de Cap Falcon. L'EPO confie l'étude à LEM pour un délai de deux mois et demi à compter du 15 février, soit pour fin mars. UN SEUL BATEAU AU DEBUT... JUSTE POUR VOIR La prise en charge de l'étude et du suivi du poste d'accostage sur la plage des Dunes incombe à la commune d'Aïn El-Turck pour près de 1,3 milliards. La phase réalisation comprend l'aménagement d'une station d'accostage au quai de Béni-Saf confié par l'EPO à l'entreprise Astalavista. Pour le terminal des Dunes, la DTP a, le cadre d'une consultation, présenté l'esquisse de réalisation d'ouvrage à quatre entreprises qui ont l'avantage d'être déjà à l'œuvre au port d'Oran, à savoir: CHEC (chinoise), Sotramo, Cosider et Méditram. La sélection se fera par gré à gré après accord du ministère des Transports. Sur le plan juridique, pour la libération du quai de Béni-Saf, des actions en justice auprès du tribunal administratif ont été intentées par l'EGPP-Oran contre deux occupants des lieux, à savoir : le chantier naval SARL Drassana (procédure d'expulsion en cours) et le chantier naval 3S (action en référés engagée pour expulsion). Une rencontre de consultation et de coordination réunira cette semaine la direction des travaux publics (DTP) et les entreprises de réalisation concernées. Les consultations pour l'acquisition de navires (un seul bateau de 300 places dans un premier temps) de transport des estivants seront lancées dès mars prochain par l'ENTMV. A la différence de la ligne maritime Alger Béjaïa, inaugurée à la mi-octobre 2015, la ligne Oran-corniche se veut une desserte estivale. A l'évidence, le bateau commandé est dédié uniquement aux voyageurs, c'est un type de petit navire qui n'embarque pas les véhicules comme le font les ferries. Ni la vocation de ce créneau de transport maritime urbain à l'occasion de la saison estivale, ni le plan d'eau du petit poste d'accostage et les moyens logistiques, techniques et sécuritaires de la navigation ne permettent de mettre en place des ferries sur cette petite desserte mais non moins attrayante, touristiquement parlant, de quelques miles, à partir du port d'Oran jusqu'à Cap Falcon, en passant par la baie d'Oran, le port de Mers El-Kébir et la côte d'El-Ayoune allant de Saint-Rock jusqu'aux Dunes. |
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