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Il est revenu, une seconde fois, raconter sa version des événements
historiques, de la fin des années 1980 et les années 1990 : les douloureux
événements d'Octobre 1988 et les années de terrorisme. Khaled Nezzar, le général à la retraite, ex-membre du HCE, recadre
ses propos, faits récemment à ?Echourouk', sur le
site «Algérie patriotique».
Et plus précisément, sur les événements de 1988. Il dira d'abord que par rapport à son intervention, très critiquée par d'anciens officiers supérieurs, dont Mohamed Betchine, sur ?Echourouk', que «je n'ai jamais voulu exhumer le livre noir des atrocités commises par les islamistes. Je n'ai pas ôté le couvercle du puits nauséabond de la décennie noire.» D'abord, il réaffirme que «il est établi, aujourd'hui, que le président Chadli, a bel et bien, démissionné de son plein gré, à moins d'être de mauvaise foi, pour dire le contraire.» Il préconisera, dans la foulée, et par rapport à l'actualité que les services de Sécurité ne doivent pas dépendre de la présidence de la République, et «qu'il est temps, aujourd'hui et pour plus de clarté, que ces services soient cantonnés ailleurs.» Sur le rôle de Mohamed Betchine, durant les événements d'Octobre 1988, il dira qu'il a «bien été celui qui a supervisé les basses œuvres de ce qui s'était passé à la caserne de Sidi Fredj. Au reçu de l'information (sur la présence de cas de torture, ndlr), j'ai dépêché le chef de la cellule des parachutistes auprès des forces terrestres placées sous mon commandement. Actuellement, cet officier toujours sous les drapeaux, témoignera, en son âme et conscience, le moment venu et pour l'Histoire.» «Je le dirai pour l'Histoire, pour ces malheureux suppliciés qui, grâce à eux et à tous ceux qui ont perdu la vie, durant ces regrettables événements de 1988, les choses ont bougé en Algérie.» Il a laissé entendre qu'aucun rapport sur ces tortures n'aurait été établi. «Y a-t-il eu une autre enquête ? Je n'en sais rien»', ajoute't-il, rappelant qu' «à l'époque, c'était un secret de polichinelle, puisque les suppliciés avaient été montrés à la presse, à partir de l'hôpital Mustapha (plus précisément au centre Pierre et Marie Curie).» Il a fait remarquer que «maître Miloud Brahimi a déjà dit la vérité sur le nombre de victimes, qui se situe en-deçà de 200, comme j'avais eu à l'annoncer, durant les jours qui avaient suivi les événements d'Octobre 1988.» Il est revenu sur les événements des années 1990, alors que les militants de l'ex-Fis dissous occupaient les places du 1er Mai et des Martyrs, et des tirs les avaient ciblés, faisant plusieurs morts par balles pour évacuer ces ceux places. «Dans le cas Hamrouche, il est responsable de jure, dans la mesure où c'est lui qui a donné ordre de faire libérer les places du 1er Mai (par la Gendarmerie) et des Martyrs (par la Police). Il est, donc, tout à fait normal qu'il endosse, lui et son gouvernement, la responsabilité. Personne ne veut endosser la responsabilité». «Je dis et le répète : si des sévices ont eu lieu à Sidi Fredj, Betchine en est responsable. Qui plus est, il s'était trompé de cible en arrêtant, principalement, les militants du PAGS (Parti communiste, ndlr)». Il ajoute que «je n'ai jamais dit que Hamrouche ou un autre «a tiré» et je ne dirai jamais une telle absurdité, moi qui sais que l'usage des armes obéit à des règles du maintien de l'ordre.» Et Nezzar de s'interroger, après avoir affirmé que Betchine est responsable des tortures à Sidi Fredj, «d'où provenaient ces voitures banalisées qui circulaient, à vive allure, dans certains quartiers et à partir desquelles étaient tirés des coups de feu ?», durant les jours de siège sur les places des Martyrs et du 1er Mai. Selon lui, Hamrouche n'avait pas démissionné, contrairement à ce qu'il avait annoncé. «L'a-t-il fait ? Ma réponse est non. Il aurait, dans ce cas, quitté son poste. Or, il a continué à donner des ordres jusqu'au moment où le Président Chadli déclara l'état de siège», de juin 1991. Sur la polémique, à propos de feu Hocine Aït Ahmed, il a affirmé que «quitte à me répéter, je n'ai à aucun moment proposé à Aït Ahmed de présider quoi que ce soit.» Il a souligné, en outre, avoir rencontré «en aparté» Hocine Aït Ahmed. «Cela s'est passé dès que j'ai compris que le président Chadli allait partir. Alors que tous les moudjahidine avaient répondu présent à mon appel, il n'en fut pas de même de feu Aït Ahmed.» Il poursuit, se rapportant à son livre (l'Armée face à la désinformation, 2002) : «voulant avoir l'avis d'Aït Ahmed, seul historique de grande notoriété nationale, je lui ai demandé : «Que pensez-vous d'un arrêt éventuel du processus électoral ?» Il me répondit : «La démocratie est un plus», puis, il ajouta : «Après tout, il y a un Président. Il peut dissoudre la prochaine Assemblée et appeler à de nouvelles élections.» Revenant, par ailleurs, sur la démission de feu Chadli Bendjedid, il a rappelé que «j'ai, toujours, répété que nous avions préparé la lettre dès que le Président Chadli avait décidé de partir. Quel mal y a-t-il à lui préparer la lettre ? Il a toujours été procédé de la même manière pour tous les autres documents.» Il lancera, en même temps, quelques «piques» à Ahmed Ouyahia, pour qui le fait que la lettre de démission n'ait pas été rédigée par feu Chadli signifie qu'il a été victime d'un coup d'Etat. «M. Ouyahia devrait être clair sur ce sujet ; il devrait préciser et cibler les concernés». Qualifiant de «judicieuse et salutaire», Khaled Nezzar revient, enfin, sur la décision du Président Bouteflika de restructurer les Services de renseignements. «Le Président vient de prendre une décision de haute importance pour la Sécurité nationale», estime t-il, ajoutant que «non seulement il l'a mise à l'abri, mais, de surcroît, l'a renforcée en lui fixant les missions nécessaires à la coordination de l'ensemble de ces services ainsi que des institutions, en charge des affaires de sécurité.» |
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