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Bouteflika pressé de clore le dossier révision

par Kharroubi Habib

Sur le projet de révision de la Constitution, le Conseil constitutionnel a sans surprise rendu l'avis motivé qu'attendait de lui le président de la République auquel il l'a notifié jeudi. Ce qui a permis à ce dernier de procéder à la convocation du Parlement aux fins d'adoption dudit projet et ce pour mercredi prochain.

Celle-ci passera comme une lettre à la poste au vu que l'opposition parlementaire au projet est minoritaire et dans l'impossibilité d'empêcher que se prononcent en sa faveur les trois quarts de vote parlementaire indispensables. En convoquant sans attendre le Parlement, Bouteflika a signifié qu'il a maintenant hâte de clore le dossier de la révision constitutionnelle pour pouvoir passer à la mise en place de l'ordre politique induit par les amendements apportés par cette révision à la loi fondamentale du pays. Il faut s'attendre par conséquent qu'aussitôt la formalité d'adoption par le Parlement réglée, le chef de l'Etat démissionnera le gouvernement Sellal en exercice et procédera à la nomination d'un autre en sacrifiant à la prescription de la «consultation» de la majorité parlementaire ainsi que prévu par la nouvelle Constitution.

C'est en prévision de cette consultation que le FLN et le RND se sont fait la «guéguerre» qui les a opposés au Conseil de la nation sur la question de qui d'entre eux est majoritaire. Pour le RND, il était indispensable que ce statut lui soit reconnu faute de quoi le FLN qui détient la majorité à l'APN serait en position d'être l'unique à être «consulté» pour la formation du nouveau gouvernement. Par un subterfuge qui n'aurait pu aboutir s'il n'avait pas été encouragé par un feu vert donné d'ailleurs qu'au Conseil de la nation, le FLN s'est imposé à son ennemi intime se mettant ainsi en posture de chef de file de la majorité présidentielle.

L'on peut déduire de la «guéguerre» sénatoriale qui a opposé le FLN et le RND qu'elle a procédé d'un scénario visant à priver Ahmed Ouyahia, secrétaire général de cette dernière formation, de la faible chance qu'il aurait d'être nommé à la tête du nouvel exécutif gouvernemental. Selon des sources, Bouteflika aurait en tête de former un gouvernement où le FLN qui le soutient sans état d'âme (contrairement au RND) serait prépondérant mais cohabitant avec des formations ayant répondu positivement à son initiative de création d'un front de soutien au président de la République et à son programme.

C'est que les temps à venir s'annoncent gros de tempête pour le régime qui pour les gérer a besoin de compter sur des inconditionnels en même temps qu'il cherchera à créer l'illusion qu'il est parvenu à réaliser un consensus «national» légitimant les décisions et mesures qu'il prendra. Sur le vrai consensus national dont l'Algérie a un impérieux besoin pour faire face au dangereux contexte national et régional dans lequel elle évolue, Ouyahia a pour une fois parlé vrai en disant qu'il n'est pas dans la tablette politique du pouvoir.