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En dépit de son potentiel économique, l'Algérie semble plonger peu à peu
dans une sorte de «récession» qui risque d'affecter le développement d'un pays
qui a basé jusqu'ici sa stratégie sur la rente pétrolière.
De nombreux économistes et experts ont tiré la sonnette d'alarme depuis au moins une dizaine années sur les mauvais choix prônés par nos responsables en matière de gouvernance. La «politique de rafistolage» imposée par les responsables du gouvernement durant ces 16 dernières années, en matière de «choix économiques» notamment, rend difficile aujourd'hui toute velléité de redresser la barre du fait du recul des recettes en devises. Avec l'écroulement du prix du baril de pétrole, le réveil est brutal même si le scénario proche de la catastrophe était prévisible. Les gens qui gouvernent et leurs «supplétifs» ont beau crier qu'il n'y a pas le feu en la demeure, la réalité est pourtant là. Pour la première fois depuis un peu plus d'une dizaine d'années, la balance commerciale de l'Algérie est déficitaire de près de 15 milliards de dollars. Depuis quelque temps, plusieurs agences de notation de renommée mondiale, dont l'évaluation est basée sur l'optique financière, distribuent des mauvais points à l'Algérie. Hier, la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface) a classé l'Algérie à la catégorie B, a indiqué cet organisme dans son analyse annuelle des risques et prévisions de 160 pays. Classée depuis 2009 à la catégorie A4, l'Algérie recule d'un cran, de septembre 2015 à janvier 2016, en raison du «faible prix» des hydrocarbures qui continue à «peser sur l'activité algérienne en 2016", a indiqué la Coface dans son analyse publiée au cours du colloque «Risque pays 2016» tenu hier mardi à Paris. La note B concerne les pays dont les perspectives économiques et financières présentent des incertitudes et dont l'environnement des affaires peut présenter d'importantes lacunes. Le rapport note aussi que sur le plan de l'environnement des affaires en Algérie, la fiabilité et la disponibilité des bilans d'entreprises sont «très variables» et le recouvrement des créances «souvent difficile». Concernant les «points faibles» du pays, l'organisme français d'assurance-crédit énumère la «forte dépendance» aux hydrocarbures, taux de chômage «élevé», poids»excessif» du secteur public, lourdeurs bureaucratiques, faiblesse du secteur financier et environnement des affaires «problématique». Dans son appréciation du risque en Algérie, la Coface a aussi estimé que les difficultés rencontrées dans le secteur des hydrocarbures, en raison du «manque de compétitivité» et de «l'obsolescence» du capital productif, «laissent penser que si la conjoncture du marché pétrolier se maintenait, ce dernier continuerait d'observer des performances négatives en 2016". Le rapport indique que l'Etat algérien «devrait poursuivre son appui à l'activité, bien que ses marges de manœuvre budgétaires soient de plus en plus limitées». Une consolation tout de même. La Coface met en relief parmi les «points forts» de l'Algérie, les importantes réserves de pétrole et de gaz, le potentiel dans les domaines des énergies renouvelables et du tourisme et une situation financière extérieure»solide» avec un très faible endettement extérieur et d'importantes réserves de change. La Coface, leader mondial de l'assurance-crédit, a estimé dans son rapport que la prudence s'impose pour l'évolution des risques pays en 2016. Dans un contexte de croissance mondiale «molle», prévue à 2,7% par la Coface (après 2,5 % en 2015), les risques émergés en 2015 devraient persister cette année. Au premier rang figurent les tensions politiques qui gagnent du terrain à la fois dans les pays avancés et émergents, explique la même source. La Coface relève, par ailleurs, que si la situation sécuritaire «semble être relativement améliorée», l'activisme des groupes terroristes et l'instabilité «se sont intensifiés aux frontières tunisiennes et maliennes». A noter que la mauvaise note (B) de la Coface est également attribuée à plusieurs autres pays Africains notamment l'Afrique du Sud, qui a perdu un point en raison d'une croissance en berne et des tensions sociales croissantes, la Tunisie, qui représente un «risque modéré», et le Sénégal avec un «risque élevé» à moyen terme. Parmi les pays d'autres régions figurant dans cette même catégorie, il y a l'Italie, Bulgarie, Croatie, Roumanie, Turquie, Kazakhstan, Sri Lanka et Vietnam. La Russie, le Brésil, l'Argentine, l'Egypte, l'Angola, la Serbie et le Gabon ont été crédités, pour leur part, de la note C (inférieure) laquelle concerne les pays dont les perspectives économiques et financières sont «très incertaines». Enfin, globalement, sur le plan mondial, la Coface a estimé dans son rapport que la prudence s'imposait pour l'évolution des risques pays en 2016. |
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