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Energies renouvelables : Le solaire, alternative au tout pétrole

par Yazid Alliat

Pour Nouredine Yassa, directeur du Centre de recherches en Energies renouvelables (CDER), les énergies renouvelables sont la véritable alternative au pétrole, mais surtout aux énergies fossiles. La baisse des prix du pétrole et le stress actuel sur les marchés pétroliers et gaziers rendent, encore, cette alternative d'actualité, d' autant que l'Algérie possède d'immenses potentialités dans ce domaine, dont l'énergie solaire. «L'énergie solaire, les énergies renouvelables sont l'alternative au pétrole», a souligné, hier, lundi, à la radio nationale le directeur du CDER. «Mais, estime-t-il, il y a d'autres sources d'énergie, comme le thermique et l'éolien.»' «Nous avons un potentiel formidable en énergies renouvelables. C'est une énergie sans carbone, durable, on a un potentiel de 2.500 à 3.000 heures d'ensoleillement, par an, en Algérie», explique-t-il. Il a, cependant, relevé un «important retard, dans la mise en oeuvre des différents programmes d'énergie renouvelable», relevant qu'il s'agit «d'une crise de confiance sur le renouvelable». En fait, pour lui, «la prise de conscience pour l'énergie renouvelable dépend de la courbe des prix du pétrole, et il y a, actuellement, une conscience généralisée, même la société civile s'intéresse maintenant au renouvelable.» M. Yassa, qui a expliqué que dans le Sud l'exploitation, la production et la distribution de l'énergie solaire est possible et même rentable, a donné l'exemple d'un forage d'un puits d'eau d'un débit de 200 m³ à Reggane, à partir du renouvelable.

Sur les investissements dans le renouvelable, il a souligné qu'un décret exécutif a été promulgué, l'année dernière, permettant aux investisseurs «de miser sur l'énergie renouvelable, avec la condition que cela dépasse un Mégawatt.»

Pour autant, «les investisseurs ne se bousculent pas au portillon», a-t-il lancé, expliquant que ce décret s'applique pour «de petites centrales pour toucher les ménages et le secteur tertiaire.»

Mais, «pour développer un programme d'énergie solaire, à petite échelle, il faut un autre décret plus général, qui encourage les gros investissements dans les énergies renouvelables», préconise-t-il, selon lequel ce secteur offre beaucoup d'opportunités pour la création de micro-entreprises de jeunes, spécialisées dans le solaire, avec la fabrication de kits solaires pour les villages isolés. «Nous avons ciblé les petites réalisations à travers un programme avec le ministère de l'Agriculture pour les régions du Sud du pays», a-t-il dit. Le directeur du CDER explique que dans certaines zones du pays, en régions isolées ou dans le grand Sud, «on peut substituer le gasoil, avec les aléas de son acheminement et son stockage, avec de l'énergie solaire, qui est produite là où elle est consommée.» Par ailleurs, il a souligné que «l'Etat soutient la production et la vente d'énergie solaire, et garantit son soutien sur 20 ans. L'investissement (dans le solaire) est rentable», a t-il dit.

M. Yassa a rappelé, d'autre part, que le programme national des énergies renouvelables, à l'orée 2030, a pour objectif une consommation énergétique nationale de 37%, qui viendra des énergies renouvelables. «Il a expliqué, dans la même stratégie, que la consommation de gaz doit être mieux maîtrisée, car «l'économie de l'énergie va dans le sens de la consommation du gaz, et donc il faut le préserver pour les générations futures.» Pour les réalisations, M. Yasa a indiqué qu' «on va réceptionner l'équivalent de 400 MW, en énergie solaire et photovoltaïque, d'ici à mars prochain», avant de souligner qu'il faut «encourager les petites centrales pour la consommation du secteur des services». Il y a, également, a-t-il ajouté, « un programme de mise en place de 20 centrales mené par le ministère de l'Energie, et confiée à la filiale de Sonelgaz.» Il s'agit de centrales de l'ordre de 300 MW et ce programme «a été réalisé par des entreprises étrangères.

On doit atteindre, vers 2020, la production de 4.500 MW», rappelle-t-il, avant de souligner qu'au CDER, «on préconise l'ouverture du champ, aux ménages, pour installer des centrales de 3 à 4 kw.» Il estime que la réintroduction du crédit à la consommation est une bonne chose qui va permettre aux ménages de s'équiper en kits pour énergie solaire. «On peut avoir l'implication des banques pour des crédits à taux zéro, en direction des ménages, on peut adapter le crédit à la consommation pour ce type d'énergie», soutient M.Yassa, qui estime, optimiste, que «nous pouvons atteindre 80% de taux d'intégration, dans la production des équipements des petites centrales thermiques.» Relevant qu'une centrale de 3kw est très simple à réaliser, il a ajouté qu'il y a des PME spécialisées dans ce secteur.

«Si on ouvre ce programme, ce sera le boom pour les toits solaires. Ce sont de petites installations», a-t-il relevé, avant de rappeler que l'objectif du gouvernement est de passer de 12.000 MW à 20.000 MW», avant de suggérer la généralisation de «petites centrales au profit des ménages.» Selon le CDER, la consistance du programme en énergies renouvelables, à réaliser pour les besoins du marché national sur la période 2015-2030 est de 22.000 MW, dont plus de 4.500 MW seront réalisés d'ici 2020. Ce programme consiste en le développement du photovoltaïque, l'éolien à grande échelle, et les filières de la biomasse, de la co-génération et de la géothermie avec l'introduction du solaire thermique (CSP), à partir de 2021. Les capacités en énergie renouvelables seront installées, selon les spécificités de chaque région.