
Après Djelfa et
Ouargla, c'est au tour de l'institut de la formation professionnelle
d'El-Bayadh d'accueillir ce lundi la troisième rencontre
régionale sur le pastoralisme, sous l'égide du HCDS. Plus de 120 éleveurs et une
trentaine de spécialistes de l'élevage et des représentants des chambres de l'agriculture
d'El-Bayadh, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès, Naâma et Saïda y ont pris part. De
nombreux ingénieurs mettront en relief le rôle de l'éleveur, cet acteur
principal autour duquel s'articule toute l'activité pastorale : la steppe et toutes ses
spécificités, les aléas climatiques, l'aliment du bétail et, plus particulièrement,
les terres mises en défens par le HCDS, véritable source d'appoint en aliment
du bétail. En cette période de vaches maigres, l'inquiétude est grande et très
lisible sur les visages de ces 120 éleveurs présents à ce rendez-vous régional,
et pour cause ! Ils ont évoqué les effets pervers de la sécheresse qui
s'abat sur tous les Hauts-Plateaux et le reste du pays évidemment. Les parcours
rétrécissent et se réduisent comme peau de chagrin, n'offrant au cheptel que de
maigres pâturages, une végétation rabougrie, mise à mal par les longues gelées
nocturnes. Ne mâchant guère leurs mots, certains éleveurs de ces cinq wilayas
agropastorales ont brossé un tableau très sombre sur la situation et sur
l'avenir de leur activité qui ne cesse de péricliter. N'étaient les 800.000 hectares
mis en défens annuellement à El-Bayadh par la direction régionale
du HCDS, nous confie son directeur, Ahmed Moussa, de nombreux éleveurs auraient
mis les clés sous le paillasson pour venir grossir les populations citadines,
un exode inévitable qu'il faudrait d'ores et déjà prendre au sérieux.
L'on estime, pour la seule wilaya
d'El-Bayadh, à plus de 4.500 éleveurs qui détiennent pas moins de 1.700.000
têtes d'ovins, 250.000 caprins, 35.000 bovins et 6.000 camélidés, répartis sur 102.000 hectares de
terres de parcours squelettiques et arides. Des préoccupations légitimes qui
leur font passer des nuits blanches eu égard à la cherté de l'aliment du
bétail qui, par la grâce de
manipulations de spéculateurs sans scrupules, est à des tarifs inimaginables.
Les tirelires sont cassées et déjà certains éleveurs, au bord du désespoir et
de la ruine,
optent pour le mont-de-piété pour tenter de sauver ce qui reste de leur
cheptel. C'est à cette série d'interrogations qui alimentent leurs inquiétudes
et hantent leurs esprit que les éleveurs sont venus à cette rencontre, ne
serait-ce qu'à titre consultatif. Des thèmes liés au monde pastoral, aussi
intéressants et passionnants les uns que les autres, ont été longuement débattus
au cours de cette journée, ponctuée par la tenue de trois ateliers de travail s'articulant
sur les textes liés à la gestion administrative des terrains de parcours,
les activités pastorales et sur l'alimentation du bétail en cette période de
sécheresse qui affecte dangereusement la steppe. On a avancé une série de propositions
permettant une réelle prise en main de ce secteur vital qu'est l'élevage,
source de richesse nationale qu'il faut à tout prix sauvegarder, car il y va
aussi de l'avenir de dizaines de milliers d'éleveurs. A ce propos l'on ne
manquera pas de signaler qu'en dépit de cette multitude de propositions et
recommandations il est urgent de prendre des mesures salvatrices pour assurer
un tant soit peu la survie
de ce patrimoine cheptel menacé presque de disparition par
une période de sécheresse qui risque de s'installer dans la durée. Les éleveurs ont
d'ores et déjà tiré la sonnette
d'alarme, car tous les voyants sont actuellement au rouge et
une stratégie globale de sauvetage, adoptée par les pouvoirs publics, serait la bienvenue et
mériterait d'être applaudie en attendant la prochaine rencontre
régionale qui est prévue à Tébessa.