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Les protestations
en Tunisie se sont poursuivies hier matin, dans les villes de Sidi Bouzid et Regueb, pour
revendiquer l'emploi et le développement dans la région, a rapporté l'agence de
presse tunisienne TAP. Des protestataires à Regueb
ont appelé à la mise en liberté de plusieurs personnes, qui ont été arrêtées en
raison de la transgression du couvre feu, a précisé la même source. Des
affrontements ont eu lieu vendredi entre les forces de l'ordre et des
protestataires dans les villes de Sidi Bouzid, Regueb et Ben Aoun ayant abouti à l'arrestation de 16
individus, a indiqué une source sécuritaire citée par la TAP. Le membre du bureau
exécutif de l'Union régionale du travail à Sidi Bouzid,
Lazhar Gharbi, a déclaré
que "les protestations pacifiques sont légitimes et garanties par la
constitution", dénonçant "les opérations de vol et de pillage contre
des établissements publics et privés." A Tajerouine
(gouvernorat du Kef), des protestataires ont attaqué, dans la nuit de jeudi à
vendredi, le siège du district de la sûreté nationale avec des cocktails
Molotov, ont pris d'assaut des espaces commerciaux et bloqué, avec des pneus en
feu, les artères principales de la ville. La cité Ettadhamen
(gouvernorat de l'Ariana) a connu également des
affrontements entre les protestataires et les unités de la garde nationale et
des actes de vol et de pillage de locaux commerciaux.
D'autre part, différents établissements publics à Skhira (gouvernorat de Sfax) ont été fermés ce vendredi par des protestataires. Les autorités tunisiennes ont décrété vendredi un couvre-feu nocturne dans toute la Tunisie et appelé la population à la "sagesse", au moment où le pays est secoué par une vague de protestations sociales déclenchée par la mort à Kasserine (centre) d'un jeune chômeur en marge d'une manifestation. Cinq ans après les troubles ayant renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali, des manifestations contre la misère et pour la justice sociale ont débuté samedi dernier dans la région de Kasserine lorsqu'un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, est mort électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait avec d'autres contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique. Le Premier ministre Habib Essid a appelé hier à la "patience" après une semaine d'une contestation sociale inédite depuis la révolution de 2011 en Tunisie, sans annoncer des mesures concrètes pour s'attaquer aux problèmes persistants du chômage et de la corruption. Malgré un possible risque d'une nouvelle escalade, M. Essid n'a annoncé aucune mesure à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire, exhortant ses compatriotes à "comprendre qu'il y a des difficultés (...). Les solutions existent mais il faut un peu de patience et d'optimisme". Il a expliqué que le pays était "en danger malgré les choses positives que nous avons accomplies, surtout au niveau de la transition démocratique", en évoquant de nouveau les défis "sécuritaire, économique et social". Le Premier ministre, qui a dit la veille ne pas avoir de "baguette magique pour donner de l'emploi à tout le monde en même temps", a souligné que le conseil des ministres resterait mobilisé pour étudier la situation dans le pays, qui fait figure de rescapé du Printemps arabe sans parvenir à s'extirper du marasme économique. Vendredi soir, dans une allocution télévisée, le président Béji Caïd Essebsi a reconnu que la contestation était "naturelle" et appelé le gouvernement à élaborer un plan contre le chômage. La nuit précédente, dans certaines villes, des postes de police avaient été incendiés et des "saccages" s'étaient produits dans une banlieue populaire du Grand Tunis. Pour toute la journée et la nuit de vendredi, 261 personnes ont été arrêtées pour troubles et 84 pour violation du couvre-feu, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Le chef de l'Etat a mis en garde contre la récupération de la contestation par "des mains malveillantes", évoquant des partis politiques sans les nommer ainsi que Daech, qui a revendiqué les trois attentats meurtriers majeurs ayant frappé la Tunisie en 2015. |
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