Mardi dernier, le Premier ministre Sellal était
l'invité d'Angela Merkel
avec au menu l'épineux dossier des sans-papiers. Une question qui a brutalement
refait l'actualité la nuit du nouvel an à Cologne où plus de 370 plaintes liées
à des agressions ont été enregistrées dont environ 40% ont un caractère sexuel.
La police allemande a indiqué que plusieurs Marocains et Algériens ont été
interpellés pour ces faits de violences et de harcèlement sexuels et, sur 19
suspects identifiés, 14 sont des ressortissants de ces deux pays. Steffen Seibert, porte-parole de
la chancellerie à Bonn, est revenu sur cette question indiquant qu'il existe
«un accord de rapatriement» mais que «dans la pratique, il reste des cas
problématiques», rappelant les discussions bilatérales avec ces pays dont le
Maroc et l'Algérie. Si pour le premier, il est concerné par 2 896 cas,
l'Algérie, elle, doit étudier quelque 2 300 dossiers puisque Sellal, tout en condamnant les violences de Cologne, a fait
savoir qu'avant tout renvoi en Algérie, «il faut naturellement s'assurer qu'il
s'agit bien d'Algériens». Si aucune communication officielle n'a été faite à ce
sujet, gageons que des garanties ont été données par Alger pour prendre en charge
cette question et accélérer l'expulsion de ses sans-papiers. Le nombre des
Algériens candidats à l'asile a explosé en presque 18 mois, passant de 847 en
juin 2015 à 2 296, profitant de la vague de migration de Syriens et d'Irakiens
vers l'Europe et l'Allemagne en particulier. «Tous les étrangers qui, après le
processus juridique, n'auront pas de droit de résidence en Allemagne devront
quitter le pays», a encore précisé Steffen Seibert. A ce propos, la chancelière allemande avait plaidé
l'accélération du renvoi vers leur pays des ressortissants algériens déboutés
du droit d'asile en Allemagne, mais le problème qui se pose est de détecter les
Marocains ou Algériens qui, une fois arrivés en Allemagne par les filières
turques et grecques, essaient de se faire passer pour des Syriens ou des
Irakiens pour bénéficier du droit d'asile. Angela Merkel sait plus que quiconque qu'elle joue gros sur ce
dossier puisqu'elle se retrouve sous le feu nourri des critiques sur sa
politique d'accueil des réfugiés et surtout face à l'instrumentalisation
partisane des incidents de Cologne par les mouvements islamophobes
et de l'extrême droite à l'image de Pegida ou Pro-NRW. Si sa situation interne est fragilisée par cette
question des réfugiés, elle doit également faire face au reste de l'Europe,
notamment, avec les pays de l'Est qui refusent son idée de quotas de
répartition des réfugiés au sein de l'UE. Des
paramètres qui l'obligent à prendre des mesures radicales en n'offrant plus aux
Algériens, au même titre que les Marocains, le droit d'asile en Allemagne, les
deux pays étant considérés comme «sûrs» par Berlin.