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MALI, BURKINA, QUI SERA LE SUIVANT ?

par Moncef Wafi

Bis repetita placent est la première réflexion qui vient à l'esprit à la lecture des minutes de l'attaque terroriste de ce vendredi menée sur l'hôtel Splendid de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Au-delà des bilans tragiques de ces actions et de leur portance médiatique, on assiste au retour d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au-devant de la scène du jihadisme international.

L'attentat, attribué au groupe Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, la main armée régionale d'Aqmi, vient rappeler brutalement au monde que la nébuleuse d'Al-Qaïda est toujours en activité. Cette attaque, après la prise d'otages de l'hôtel Radisson Blu à Bamako, le 20 novembre dernier, fait certainement partie d'un programme d'actions violentes décidées par Belmokhtar pour asseoir sa suprématie dans la région du Sahel mais aussi pour «corriger» le Burkina présent militairement au Nord-Mali dans les rangs de la Minusma. Un pays perçu comme un ennemi par les groupes terroristes, abritant plus de 200 soldats français prêts à intervenir dans la région dans le cadre de l'opération Barkhane.

Cet attentat, qui doit en appeler d'autres selon la logique terroriste, était prévisible dans la mesure où Belmokhtar et les factions hostiles à l'Accord d'Alger ont appelé à frapper la France «croisée». L'opération renseigne aussi sur l'aptitude des jihadistes à se mouvoir en territoire conquis malgré la présence militaire française dans la région. Un contrecoup de l'opération Serval ou simplement une surenchère dans la violence avec Daech, les victimes restent les mêmes : des touristes occidentaux et des ressortissants français ciblés en priorité. Pourtant, Paris avait déclaré, en octobre dernier, toute la partie du territoire burkinabé frontalière avec le Mali zone rouge. Ouagadougou, elle, avait été classée comme zone à vigilance renforcée. C'est dire que la France supposait déjà l'imminence d'attaques terroristes contre le Burkina Faso.

La question qui s'impose maintenant concerne l'efficacité du dispositif militaire français inopérant en amont, ne disposant d'aucune information sur la préparation des attentats. Le constat est implacable et démontre l'impuissance des services de renseignements français à anticiper une frappe urbaine se contentant d'envoyer leurs troupes d'élite, une fois le carnage commencé. L'attaque de l'hôtel Splendid comme du palace bamakois était-elle prévisible ? Oui, parce que le Mali, plus justement son Nord, est une priorité des groupes armés vaincus mais non chassés et qui gardent malheureusement encore toute leur puissance de nuisance.