La bidonvilisation des plages, qui a commencé à se manifester ces cinq
dernières années, tend à prendre une ampleur démesurée, et ce à la faveur d'un
flagrant laxisme des responsables locaux. De la petite localité de St Roch d'Aïn El-Turck jusqu'au site des
Andalouses, le phénomène n'a épargné aucune plage de cette côte qui autrefois
faisait pâlir de jalousie les gérants des stations balnéaires de renom du vieux
continent. La cruelle déchéance des plages n'est pas uniquement à mettre à
l'actif de la bidonvilisation mais aussi à la saleté ambiante qui agresse le
regard et l'odorat du plus imperturbable. L'éventail de détritus et de déblais
provenant de constructions et autres extensions illicites qui recouvrent
désormais de grands espaces de sable, ne semble a priori plus émouvoir
quiconque et encore moins déranger les consciences. Les riverains, dont les
habitations longent cette prestigieuse côte, ont eu souvent à retrousser leurs
manches pour nettoyer les plages mitoyennes à leurs résidences. « En été
l'odeur pestilentielle de toutes sortes de détritus embaume carrément l'air,
jusqu'à ce qu'il devienne irrespirable. Nos maisons sont envahies par une
diversité d'espèces d'insectes dont certains véhiculent des maladies et de
rongeurs. Nous avons même souvent surpris des sangliers qui glandouillent avec
des chiens errants autour des amas d'ordures. Bien que ce triste état de fait
ne soit pas ignoré de nos responsables locaux, nous avons tenu régulièrement
quand même à le leur signaler par acquit de conscience notamment », ont déploré avec dépit au Quotidien d'Oran des riverains de
St Roch. Toujours est-il qu'aucune véritable opération à même de remédier à
cette situation de déliquescence ayant accouché de ce piètre constat, n'a été
entreprise ces dernières années. Les seules actions qui se sont avérées
finalement insuffisantes en raison des moyens limités ont été menées dans le
cadre de volontariats concoctés par des riverains las de dénoncer la dégradation
de leur cadre d'environnement et ayant en toute vraisemblance perdu tout espoir
quant à une suite effective sur le terrain à leurs montagnes de doléances.
L'ironie du sort veut que ce soit la zone d'extension touristique englobant le
village de Cap Falcon, la localité de la Madrague et le lieudit Pain de Sucre, qui est la
plus touchée par la bidonvilisation et ce, avec l'installation de plusieurs
regroupements de masures hideuses qui enlaidissent le paysage. Se ne sont plus
les fameux prétendus garages à bateau qui ont fait leur temps, mais des
constructions illicites avec des terrasses et vue imprenable sur mer, dont la
grande majorité sont équipées de compteurs électriques et se négocient à partir
de 100 millions de centimes, sans aucun document administratif afférent, au vu
et au su de tout un chacun. «Cela me fait vraiment marrer quand j'entends nos
responsables, qui s'évertuent sur les chaines de
radio à propos de la promotion du tourisme dans la ZET et de certains grands
projets qui ne verront probablement jamais le jour, comme à titre d'exemple le
port de plaisance de la
Madrague où encore ces fameuses tours de Bomo-Plage
» a fait remarquer un vieux riverain de Cap Falcon. Les prestigieuses localités
de Paradis-Plage et de Claire Fontaine, qui sont considérablement
loin de refléter l'image du nom de leur baptême, les baraques érigées en
parpaing et de la tôle ondulée, constituant un immense bidonville, ont entamé
insidieusement le grignotement du sable. A Beauséjour
c'est catégoriquement un alignement d'une dizaine de masures répugnantes qui
trônent hideusement sur le sable à proximité du rivage. Ce piteux constat, qui
suscite l'ire et la consternation des riverains, s'est imposé au fil des jours
dans le paysage de cette côte à la faveur d'un cumul d'incurie et de fratrie
additionné à l'incivisme, parent proche de l'insouciance. Il importe de noter
dans cette optique que les éléments des brigades de la police de la protection
de l'urbanisme et de l'environnement, PUPE, ont opéré à maintes reprises ces dernières
années des interventions dans presque toutes les plages de la daïra pour
annihiler des tentatives de constructions ou d'extensions illicites en
interpellant les auteurs. Des procès-verbaux ont été dressés et les
responsables concernés ont été saisis à ce sujet. La dernière intervention de
la brigade PUPE remonte à la semaine écoulée et a ciblé une construction
illicite sur la plage de St Germain au cours de laquelle deux individus ont été
interpellés et des matériaux de construction saisis (information rapportée par
le Quotidien d'Oran). A ce jour aucune réaction ne s'est encore manifestée de
la part des responsables concernés au grand dam des riverains qui ont dénoncé à
la police cette transgression et des désagréments causés par les indus occupants
de la construction illicite en question. Ce déplorable constat n'est en fait
que l'arbre qui cache la forêt dans cette région côtière où la bidonvilisation,
qui impose royalement sa présence, semble a priori malheureusement avoir de
beaux jours devant elle.