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LES VERITES DE NEZZAR

par Moncef Wafi

Le général major à la retraite et ancien ministre de la Défense pendant l'arrêt du processus électoral en 1992, Khaled Nezzar, s'est de nouveau exprimé publiquement sur les événements du 11 janvier, date anniversaire de la «démission» de Chadli Bendjedid, alors président de la République. Nezzar dans son franc-parler habituel a donné sur Chourouk une nouvelle fois sa version de l'histoire qui a précipité l'Algérie dans une décennie de feu et de sang.

L'homme coutumier des médias a distribué les bons points, égratignant au passage et apportant de nouveaux éléments sur des événements qui se sont précipités entre les deux tours législatifs de décembre 1991 qui a vu le FIS, dissous depuis, se positionner comme première force politique du pays. Nezzar le dit et le redit comme nombre d'acteurs de cette époque : «Il n'y a pas eu un putsch militaire en Algérie», affirmant, comme pour faire taire une bonne fois pour toutes les voix contraires, que «Chadli a démissionné de sa propre volonté». Il évoquera aussi la responsabilité directe des politiques incapables de gérer la situation ainsi que le rôle salvateur des généraux qui ont rédigé la lettre de démission lue, plus tard, par le chef de l'Etat à l'adresse des Algériens.

Le témoignage de Nezzar aura le mérite de tordre le cou à certaines «légendes» nées dans le feu de l'action. Ainsi, il n'a jamais proposé à Aït Ahmed la présidence de la République et il n'y a jamais eu un conclave de 300 officiers qui se seraient réunis pour demander la tête de Chadli, mettant fin ainsi au mythe du général major Mohamed Lamari qui aurait demandé, de façon tonitruante, au président de démissionner. Trois moments forts de l'intervention du général qui est revenu sur ses liens «révolutionnaires» avec le chef de l'Etat. «J'étais le seul à l'avoir rencontré quatre fois en 15 jours entre les deux tours», dira-t-il en guise de preuves sur les rapports forts qui les liaient.

Il dépeindra feu Chadli comme une personne sage et calme lui reprochant simplement sa «dépendance» de la capitale de l'ouest du pays où réside sa belle-famille. «Les ministres étaient désignés à partir d'Oran», précisera Nezzar. Pourtant ce portrait presque idéalisé du président lors de ses derniers jours à El Mouradia contraste avec la virulente réponse du général à Chadli en 2008 quand ce dernier, et à partir d'El-Tarf et à l'occasion de l'hommage rendu à Amar Laskri, l'a qualifié d'«espion de la France». En octobre dernier, Nezzar, et après avoir été vertement critiqué par l'ancien moudjahid Amar Benaouda l'accusant d'avoir poussé Chadli à la démission, avait déclaré qu'«un jour je me présenterai à la télévision et raconterai tout ce que je pense de ce champion», en référence au défunt président de la République. Chose faite !